Debriefing
L’appel à contributions pour le second numéro de Faire monde(s), Collectifs d’artistes Initiatives alternatives, était diffusé lorsque le comité de rédaction apprit que le commissariat général de la Documenta était confié à un collectif d’artistes, le groupe Ruangrupa. Aujourd’hui nous bouclons ce second numéro tout à fait en phase avec l’actualité artistique.
Après les considérations liminaires de Patrick Chamoiseau sur l’essence de l’art, Face aux visites de la Beauté, onze articles nous ont conduits de Cuba à Curaçao, de Barbade en Haïti, de Martinique en République dominicaine en quête de collectifs d’artistes porteurs d’initiatives innovantes inscrites dans le tissu social, aptes à métamorphoser la routine de diffusion et de formation artistiques.
Chacune des phrases du texte inédit de Patrick Chamoiseau écrit pour Faire monde(s) est une invitation à questionnements et méditation sur ce que sont l’art, l’artiste, le critique, la rencontre de l’œuvre d’art et de l’amateur.
Regardez en plein écran ( cliquez en bas à droite) et retrouvez l’article complet
https://fairemondes.com/patrick-chamoiseau-face-aux-visites-de-la-beaute/
Les stratégies innovantes des collectifs invitent à considérer d’un œil nouveau le rôle de l’artiste, les modes de collaboration et de diffusion, la fonction de l’art.
Nous accueillerons avec intérêt vos réactions, vos suggestions pour enrichir notre inventaire des collectifs d’artistes et pour affiner la distinction entre groupe d’artistes réunis au sein d’un mouvement artistique et collectifs d’artistes. En quoi, selon vous, les collectifs d’artistes ont un impact sur le milieu artistique. Vous pouvez intervenir dans la partie réservée aux commentaires en bas de page, après ce texte.
Debriefing
The call for contributions for the second issue of Faire monde(s), Artist Collectives and Alternative Initiatives, had already been sent out when the editorial board heard that the curatorship for Documenta had been entrusted to an artist collective, the Ruangrupa group. Today, we are wrapping up this second issue, which is very much in tune with current artistic events.
After Patrick Chamoiseau‘s introductory remarks on the essence of art (“Face aux visites de la Beauté”), eleven articles took us from Cuba to Curaçao, from Barbados to Haiti and from Martinique to the Dominican Republic, in search of artist collectives developing innovative initiatives that are part of the social fabric, with the capacity to transform the way art is distributed and taught.
Each sentence of Patrick Chamoiseau‘s text, specially written for Faire Monde(s), invites us to ask questions and meditate on the nature of art, the artist, the critic, the encounter of the work of art and the art lover.
Look at the full screen (click on the bottom right) and read the full essay
https://fairemondes.com/patrick-chamoiseau-face-aux-visites-de-la-beaute/#chamoiseauanglais
The collectives’ innovative strategies invite us to look in new ways at the role the artist, the forms of collaboration and distribution, the function of art.
We would be very interested to read your reactions, your suggestions for enriching our inventory of artistic collectives in order to hone the distinction between groups of artists gathered together in an artistic movement and artist collectives. In your view, what impact do artist collectives have on the artistic world? Feel free to add your own comments at the bottom of the page, after this text.
Informe
La convocatoria de contribuciones para el segundo número de Faire monde(s), Collectifs d’artistes Initiatives alternatives, se estaba difundiendo cuando el consejo de redacción se enteró de que el comisariado general de Documenta había sido confiado a un colectivo de artistas, el grupo Ruangrupa. Hoy concluimos este segundo número, muy en consonancia con la actualidad artística.
Tras las palabras de apertura de Patrick Chamoiseau sobre la esencia del arte, Face aux visites de la Beauté, once artículos nos llevaron de Cuba a Curazao, de Barbados a Haití, de Martinica a la República Dominicana, en busca de colectivos de artistas que impulsen iniciativas innovadoras incrustadas en el tejido social, capaces de transformar la rutina de la difusión y la formación artística.
Cada una de las frases del texto inédito de Patrick Chamoiseau escrito para Faire monde(s) es una invitación a cuestionarse lo que es el arte, el artista, el crítico y el encuentro entre la obra de arte y el aficionado y a reflexionar sobre ello.
Mire a pantalla completa ( haga clic en la parte inferior derecha ) y encuentre el artículo completo
https://fairemondes.com/patrick-chamoiseau-face-aux-visites-de-la-beaute/#chamoiseauespagnol
Las estrategias innovadoras de los colectivos invitan a considerar el papel del artista, los modos de colaboración y difusión y la función del arte desde un punto de vista nuevo.
Agradecemos sus comentarios y sugerencias para enriquecer nuestro inventario de colectivos de artistas y mejorar la distinción entre grupos de artistas unidos en un movimiento artístico y colectivos de artistas. ¿Cómo cree que los colectivos de artistas influyen en el mundo del arte? Puede dar su opinión en la sección de comentarios al final de la página, después de este texto.
Dans le texte de Patrick Chamoiseau, en trois dizaines de lignes, tout est dit et parait tellement évident !
L’Art, l’artiste, sa pratique, la rencontre de l’œuvre d’art et de l’émotion artistique… Quel talent dans l’écriture de ce qui fait l’essence de l’Art !!!
Merci à Monsieur Chamoiseau de nous permettre de mieux faire face aux visites de la Beauté !
La question qui demeure : en quoi la création s’apparente-t-elle à l’expression artistique ? Et selon quelle hiérarchie dans l’émotion ?
« Tout est possible ! Mais ce qui fait les fraternités les plus puissantes est donné par les structures d’imaginaire, c’est-à-dire par le rapport éthique et esthétique que l’on met en œuvre face aux multiples défis des états-du-monde actuel ! C’est à ce niveau-là que ça se passe ! …La toile relationnelle d’un artiste majeur se racornit immédiatement si on lui cherche sa famille esthétique dans sa seule terre natale, dans sa seule région d’origine.…»
Je retiens cet extrait porteur d’espoir solide et puissant pour notre agir immédiat.
Face à la domination du tout économique et aux crispations identitaires, Patrick Chamoiseau ouvre une trace en défrichant le concept de la Relation, l’idée de la Beauté, la possibilité du Collectif qui n’abolit pas le singulier.
L’art non pas en consommation passive mais en expression agissante
What I loved the most about Patrick Chamoiseau’s text is the notion of Beauty’s Visit. The creators are “built up” by their meeting with the artwork when it is made. On-going process, meeting, and fusion accompany the artists: who they are, what they do, and their mission. Collectivity is an expansion of this peculiar relation that grows in a shared condition of doing, thinking, relating, and caring together.
Dans un long entretien avec Dominique Brebion, Patrick Chamoiseau apporte ses réponses. Il nous fait part de ses interrogations concernant sa pratique d’Artiste. Il offre une analyse qui se veut lucide de son expérience esthétique et éthique.
Dans son dernier livre ” Le Conteur, la Nuit et le Panier”, il propose un large éventail de ses idées, de sa vision de l’art contemporain. Il nous initie aux raisons pour lesquelles son œuvre s’inscrit dans l’épaisseur de la chair du monde.
Ce long plaidoyer en faveur des pratiques artistiques contemporaines indique comment son œuvre met en relation le grand contexte du monde et notre petit contexte, mais aussi sa relation avec les autres petits contextes.
Il territorialise et déterritorialise sa vision. C’est avec raison qu’il joue des relations entre les diversités. Cette façon de procéder évite la fermeture de son œuvre dans une singularité excessive.
Sa création artistique est destinée à un partage de ses idées, de son expérience esthétique et éthique.
Glissant, Kundera et bien d’autres ont précédé Chamoiseau dans la pratique de l’écriture. Ils ont proposé leur théorie du Roman. Chamoiseau lui, propose une introspection de sa pratique d’écrivain artiste, il ne propose pas des principes, encore moins un système émanant de sa pensée. Il offre une” œuvre ouverte”, s’écartant d’une vision dogmatique.
Patrick Chamoiseau est un Artiste, il décloisonne les disciplines qui ont vocation à interroger le réel par la voix du sensible. Il cherche des zones de porosité entre les catégories esthétiques. Il élabore un faisceau de pratiques pour questionner le “réel”. Cette alchimie augmente sans doute la charge poétique de son œuvre.
LE REEL
Le réel est l’objet de la création artistique, il est difficile de l’appréhender de s’en approcher, de s’en distancier. Sans cesse il se dérobe et me fait même “douter” de son existence.
Faire part de mon “doute” me demande de vous proposer l’exemple de la couleur
Les couleurs sont des ondes électromagnétiques qui se mesurent en microns, millimicrons, qui irradient ce que nous observons.
Les ondes électromagnétiques au contact des matières font apparaitre les couleurs. Autant de matières différentes autant de couleurs différentes
Le monde chatoyant des couleurs n’est qu’illusion. Les couleurs naissent de la rencontre des ondes électromagnétiques et des matières
Le vivant est doté d’un appareillage perceptif qui lui permet d’interroger le monde
L’appareillage perceptif est différent selon les espèces, à noter que chez les humains (daltoniens) de petites différences existent dans l’appareillage et font que certaines couleurs sont perçues différemment.
Ce que je sais de la couleur m’autorise à penser que ce que nous voyons n’est que perception. C’est une évidence que si nous considérons ce que nous voyons comme le réel, il n’en demeure pas moins qu’il est difficile à appréhender.
L’artiste est celui qui rend compte de sa perception du réel par une expérience sensible et poétique. Il mène ses investigations et propose l’œuvre.
L’approche poétique et sensible du monde appartient aux Artistes, ils sont un intermédiaire entre le “réel” et nous.
De la pratique et des modalités d’approche personnelles du réel de l’artiste, émane l’œuvre. Ii est le fruit d’un “regard restitué”.
L’œuvre d’art n’a pas pour vocation la reproduction du “réel”, elle offre la perception de l’artiste. Il est un nouveau “réel”, qui nous invite à faire une autre expérience: Celle du regard, du poétique, du sensible, une expérience sensorielle.
L’œuvre d’art n’a pas à être soumise à explication, elle nous interroge, au même titre que nous l’interrogeons. La jouissance de l’œuvre d’art se déroule dans une négociation silencieuse entre elle et nous
L’explication empêche l’expérience sensorielle personnelle.
Le BEAU
P. Chamoiseau déroule dans cette conversation une idée du beau que je partage amplement
Le concept de beauté a constamment évolué tout au long de l’histoire des Arts. Particulièrement depuis le Romantisme, l’impressionisme, l’art moderne, l’art contemporain, jusqu’à l’art actuel.
Disparition des académies, des grands mouvements de l’art moderne, de l’art contemporain, plus d’instances pour définir le beau.
Le Néo-libéralisme a atomisé le monde, disparition des conventions du champ de l’art, disparition des communautés d’artistes, pour laisser place à des individus artistes.
Chaque artiste propose son expérience singulière ouvrant sur sa problématique, sa poétique, son esthétique.
La beauté est désormais plurielle.
Le milieu a évolué tant du coté des artistes et dans celui du monde de l’art. Un autre est resté en rade : celui du grand public peu “instruit” de l’évolution des critères d’appréciation des œuvres. Ce public éprouve des difficultés à partager les pratiques des artistes de l’art actuel et les considère souvent comme insignifiantes
Pour apprécier la beauté dans le champ de l’art, il est urgent de faire une expérience personnelle, de tisser une relation active, une relation interrogative, une interrogation multiple peut être même à engager son “corps”. C’est bien dans cette expérience presque physique que chacun peut accéder au cœur de l’œuvre, là où réside le poème.
Accéder au poème demande une disponibilité toute particulière pour accéder au corps de l’objet sensible qu’est l’œuvre d’art.
Le beau est un ressenti, il n’est pas seulement un retour de l’expérience visuelle il est un mixe de la chose vue, de la chose perçue, de la chose vécue
Le beau se perçoit sous des apparences différentes il y a plusieurs sortes beautés:
La beauté conventionnelle
La beauté baroque
La beauté tragique
La beauté repoussante
La beauté grotesque
La beauté la beauté lisse etc.…
La beauté est un événement qui se produit au moment de l’expérience sensorielle.
La CARAÏBE
Le Caraïbe, lieu d’une histoire tragique pour des raisons diverses, a des difficultés quant à l’accès au marché de l’art. P. Chamoiseau énumère certaines de ces raisons.
En approfondissant cette réalité on peut penser que d’autres raisons sont à considérer. Ne revenons pas à la période esclavagiste avec ses interdits, non plus sur l’arrivée tardive de la pratique des arts plastiques aux Antilles Françaises lors du passage d’artistes en route vers les Etats-Unis d’Amérique.
Le monde a changé, les mouvements artistiques dans les grands centres ont connu des accélérations considérables qui ont transformé les problématiques des artistes. Loin des grands centres et des mouvances internationales de l’art, un décalage s’est produit entre nos pratiques et celles des centres.
Il nous faut distinguer d’une part les Artistes de la Caraïbe et ceux vivant dans les grandes métropoles. Les artistes Caribéens travaillant dans les métropoles accèdent plus “facilement” au marché de l’art national et international. Certes pour des raisons de proximité, mais aussi par ce qu’ils se situent dans le temps des pratiques attendues. A noter une évolution de certains de nos artistes Martiniquais et Guadeloupéens se déplaçant lors de certaines manifestations internationales. Biennales, expositions collectives aux Etats Unis d’Amérique. Toute cette effervescence nouvelle crée des zones de contact qui influent sur la pratique de nos artistes.
L’autre facteur qui permet l’intégration des artistes caribéens et singulièrement ceux des Antilles Françaises dans les grandes manifestations Régionales est l’existence “REVUE ESTHETIQUE” et plus particulièrement l’existence de l’AICA CARAÏBE DU SUD. Cette mise en relation des pratiques caribéennes, fait circuler des textes critiques, des vidéos etc. Tout cela consiste à faire émerger le propos et les pratiques des Artistes Francophones.
Il n’en demeure pas moins que l’heure de la Caraïbe n’a pas encore sonné, plusieurs raisons empêchent l’accès à l’international
-Les artistes de nos régions pâtissent d’un manque flagrant d’engagement des institutions publiques dans le champ de l’art contemporain
-Trop peu d’institution privée accordant un intérêt à l’art contemporain
-L’absence d’un centre d’art
-L’absence d’une institution capable de porter les problématiques artistiques vers les grands centres de l’art internationale.
-Manque d’implication des instituions de l’état à consentir un effort particulier vis-à-vis des artistes de la zone Francophone
-Inexistence d’une politique de mise à disposition d’ateliers pour les Artistes, en particulier pour les jeunes
-La sous-utilisation des nouvelles technologies dans les pratiques artistiques
-Difficultés concernant le déplacement des œuvres vers la Métropole, et vers les territoires et les départements d’Outremers.
Voilà énumérées les principales causes des difficultés que rencontrent les artistes pour une émergence internationale
.
un