La Caraïbe commença dans le feu et continua dans l’eau : une conversation sur les volcans
La Caraïbe commença dans le feu et continua dans l’eau. Une conversation sur les volcans.
Avec l’intention de définir un rythme pour cette conversation, la lecture s’accompagne de quelques paroles de chansons ainsi que d’un poème autour du volcan La Soufrière, situé en Guadeloupe. Ces fragments ont été extraits de deux chansons : Soufrière de Arthur H., Denil Maximin et Nicolas Repac et La soufriè de Gérard Nerplat ; ainsi que du poème La Soufriyè, Vyé madanm la de Jean-Marc Ferdinand et K’Koustic, en écoute avec ce QR code ou ce lien : https://open.spotify.com/playlist/5TTNFVguydc07mLKtNHROd?si=TNvgm2HbQ4GegUaSm8x0SQ&pi=u-pLZv1aepRESA.
L’Échelle
Yina Jiménez Suriel : En parlant avec une amie, dont l’occupation principale est de discuter avec des personnes, je l’interrogeais : qu’est-ce que l’on recherche lorsque l’on discute ? Nous sommes arrivées à la conclusion que ce.ux.lles qui participent à une discussion recherchent dans les autres ce qui est susceptible de leur donner un sens, dans leur vie quotidienne et dans leur pratique…. À partir de cette réflexion, j’ai approché Minia pour discuter avec elle.
Que l’île éclate ou coule demain sous l’océan, moi je suis terre. Si meurt la terre, je serai feu. Si meurt le feu je serai l’air.
Soufrière
Minia Biabiany : J’ai écouté une interview réalisée par Suely Rolnik avec le danseur et chercheur Hubert Godard, concernant le travail de Lygia Clark, dans laquelle ils parlent du regard aveugle et des façons dont nous adoptons différents types de perceptions1. Le regard aveugle c’est celui que nous soutenons sans être conscient.e.s de ce que nous recevons en tant qu’information, mais que pourtant nous traitons. Rolnik et Godard prennent l’exemple suivant : s’il y a une mouche qui s’approche de ton œil, tu le fermeras sans t’en rendre compte, mais tu as vu la mouche et, par conséquent, il y a une action de ta part qui ne part pas du conscient. Ce regard tend plutôt vers l’imaginaire et vers le collectif, et moins vers le sujet objectivant. Autrement dit, il n’opère pas depuis le filtre de ce que tu as vu mais il les interprète d’une manière fermée ou personnelle. Ce champ de la vision devient plus ouvert…
YJS : Ce que tu dis sur la perception me rappelle quelque chose que j’ai écrit fin septembre, après avoir visité le Jardín Botánico Nacional avec Los Tejedores, composé de Natalia Ortega Gamez et Ricardo Ariel Toribio. Lorsque nous sommes entrés dans le bâtiment de l’herbier, Natalia m’a demandé si je connaissais la plante qu’elle me montrait. A la réaction de mon visage, elle a dit : Évidemment que tu ne la connais pas ! Cette plante 2 est endémique de l’île, de la partie que nous appelons aujourd’hui Haïti, et nous la voyons dans cet espace parce que grâce à la collaboration de biologistes dominicains et haïtiens, elle a pu se reproduire ici – en Haïti, elle est en danger d’extinction en raison de problèmes écologiques.
Voir cette plante sur le territoire qui constitue aujourd’hui la République Dominicaine témoigne de la collaboration, à la marge des intérêts, des États-nations haïtien et dominicain, ainsi que de l’échange de connaissances… Mais aussi de la façon dont le territoire lui-même peut, au moment où il en a besoin, générer les conditions pour qu’elle puisse poursuivre son rôle d’être vivant existant.
Depuis, je porte en moi l’idée que nous avons des questions dans les yeux… On a beaucoup théorisé la différence entre « regarder » et “voir », mais je préfère suivre une voie qui propose des actions motivées par l’empathie et le désir d’entrer en relation, dans lesquelles la connaissance de soi est réellement stimulée. C’est pourquoi j’aime penser aux volcans… Ah ! Parce que le programme de résidence que je développe actuellement s’appelle – ni plus ni moins – Les volcans qui dormaient. En République Dominicaine, nous sommes convaincu.e.s que l’île est dépourvue de volcans, alors qu’ils sont bien là, quoiqu’ »éteints ». Par exemple, ayant longtemps entendu parler de l’Alto Bandera, j’ai visité ses flancs et il s’avère que c’est un volcan éteint, mais je n’avais pas les outils pour le voir, tout comme je n’avais pas vu la plante.
MB : C’est incroyable, apprendre à observer, apprendre à ressentir… Je pense à l’espace d’exposition, à sa relation avec le regard et les objets, au déplacement ; ces mots remettent tout en question… les volcans qui dormaient… La relation que j’entretiens avec les volcans est très différente de la tienne, j’imagine.
YJS : Comment est ta relation ?
MB : J’ai grandi et je vis face à La Soufrière de Guadeloupe, un volcan actif. Je le vois fumer et parfois les matins il y a une odeur de soufre. Cet être est vivant, vivant, vivant. Au moment où il le décide, il peut faire trembler la Terre… La relation que j’entretiens avec ce volcan c’est qu’à n’importe quel moment il peut transformer ma vie ou celle de ma famille. C’est une relation de respect qui te fait prendre conscience de la force du magma. La force magnétique qui est bien présente… Elle nous rappelle que l’île continue de grandir. C’est à la fois une protection mais aussi un danger. L’histoire de la Guadeloupe a été marquée par une éruption de ce volcan en 1976, qui amena la population de cette partie de l’île – Basse-Terre – à se réfugier dans le nord – Grande-Terre -, parce que le volcan envoyait des signaux d’une explosion imminente qui n’a jamais eu lieu. Depuis, il y a eu une espèce de migration interne qui a joué un rôle déterminant dans la répartition de la population et dans les activités économiques actuelles sur le territoire de la Guadeloupe 4.
YJS : En effet, toi et moi avons des expériences complètement différentes concernant les volcans. Normalement on pense « avoir du contrôle » sur son énergie ; cependant, quand un volcan est actif, cette hiérarchie n’existe pas.
Arété lanmizè, lè uit juiyé vou menm déranjé-w ou voyé sann ou voyé wòch…tou lé swa latè ka tranblé épi sé vyé koud-ren a-w la.
La soufriè
YJS : Les volcans sont une ouverture pour que le centre de cette planète puisse libérer de l’énergie… Ainsi, la température globale de la planète peut se réguler et, in fine cela déclenche une série de relations nécessaires à chaque être vivant…
MB : On leur doit l’existence de territoires au-dessus des mers et la présence des gaz qui sont transformés pour créer notre atmosphère… La forme de la Caraïbe est le résultat d’une rencontre de plaques, de leurs mouvements et de l’éruption de volcans actifs.
Minia Biabiany, musa nuit (détail), 2020
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
YJS : La Caraïbe a commencé dans le feu et continue dans l’eau. C’est de là que vient l’histoire des montagnes – que je considère comme mon projet de vie-, qui est l’histoire des eaux dans l’espace géographique que nous connaissons comme la Caraïbe. Bien que les volcans des îles les plus grandes soient « en extinction », ce sont des chaines de montagnes volcaniques celles qui générèrent tout cet archipel. La Caraïbe résulte d’une succession de montagnes entre des eaux… Un double espace, où la surface héberge l’air et en-dessous l’eau, chacune avec ses propres façons de permettre la vie.
Cette histoire des montagnes est aussi l’histoire de l’émancipation des cimarrones5. Depuis le colonialisme européen, les hautes montagnes des îles de la Caraïbe sont devenues l’espace où penser et organiser les processus de résistance et de défense de la liberté des populations indigènes et africaines rendues en esclavage. C’est également dans les montagnes – et à travers elles – que les chemins d’évasion depuis les plantations ou les usines sucrières étaient tracés.
Je pense que l’histoire de l’émancipation dans la région insulaire des Caraïbes est l’un des chapitres les plus complexes, les plus constants et toujours actuels de l’histoire des montagnes caribéennes. Les idées d’émancipation conçues à partir du cimarronaje [marronnage] sont fondées sur la subversion et la création de différentes notions d’autonomie, les mêmes qui sont transmises par l’échange de connaissances et de modes d’action en relation avec l’espace géographique dans lequel on vit, c’est-à-dire à partir des connaissances propres de tous les êtres vivants avec lesquels on vit dans un lieu particulier.
Nou tout ké pati, mé ou ké rété
sèten ou ja byen ri nou, lè ou fè tout moun kouri fou
nou pa jan pansé, on jou ou té ké lévé
La Soufriyè, Vyé madanm la
MB : Wouah ! Nous avons fait le tour du monde… [rires]
YJS : Nous sommes passées par toutes les branches de la planète, avant la possibilité d’avoir ces conversations qui charrient des sédiments, qui forment des montagnes.
MB : La possibilité d’insuffler du mouvement au regard.
Le nez cassé
YJS : J’ai en mémoire une conversation au cours de laquelle tu m’avais raconté l’histoire d’un leader indépendantiste de Guadeloupe qui a trouvé la mort dans un supposé accident d’avion dans les montagnes de Guadeloupe. Je voudrais revenir sur cette histoire.
MB : En fait, ce sont deux leaders qui sont morts ce jour-là, l’un originaire de la Guadeloupe et l’autre de la Guyane : Albert Béville et Justin Catayée. Béville était administrateur et Catayée sénateur, tous deux dénonçaient avec virulence le processus d’assimilation et de départementalisation (car depuis 1946, tant la Guyane que la Guadeloupe sont désignées comme des départements français). Tous deux avaient des discours construits à travers le prisme de leurs spécificités territoriales et de leur population : l’un, issu des Antilles, et l’autre, de la masse continentale à laquelle appartient la Guyane française… Ils prirent cet avion en pensant qu’Aimé Césaire6 serait aussi à bord avec eux, mais finalement il n’y est pas monté. Le 22 juin 1962, l’avion explosa à Deshaies. L’histoire officielle dit que l’avion s’est écrasé au-dessus de la montagne à cause d’une tempête. La version locale – notamment racontée par les pêcheurs – est que l’avion avait explosé avant de tomber, une partie de l’avion dans la mer et un autre fragment dans la montagne. Alors, ce que l’on ne comprend pas c’est pourquoi l’avion a fait demi-tour – s’il avait déjà atteint Pointe-à-Pitre. La boîte noire a immédiatement été classée « secret d’État ». Il y a quelques années, parce que cinquante ans s’étaient écoulés, conformément à la loi pour conserver une archive secrète, son contenu a pu être consulté. En réalité, les raisons de sa classification en tant qu’archive secrète ne sont pas claires, car il n’y avait pas d’éléments sensibles… Les attaques de militaires assassins français contre des manifestants à Pointe-à-Pitre en 1967, qui ont représenté un moment clé de la répression française contre les mouvements d’indépendance, n’avaient pas encore eu lieu. Le gouvernement français avait déjà interdit le Front Antillo-Guyanais, mais Béville et Catayée bénéficiaient de l’attention de la population ; on projetait sur eux la foi d’une jeunesse mobilisée par le tournant capitaliste et colonial des années soixante et soixante-dix. Les pays africains ont été libérés, tandis que pour la Guadeloupe, cette page d’histoire est brûlante. Cependant, des années plus tard, un autre mouvement pour l’indépendance s’est formé, puis dans les années quatre-vingt, apparaît l’Alliance Révolutionnaire Caraïbe (ARC)7.
YJS : En faisant un exercice d’analogie avec ta production, penses-tu que ton travail a des liens avec ces histoires ? D’une manière ou d’une autre, ressens-tu une relation entre ta façon de faire et de penser par rapport à ces processus d’indépendance ?
MB : Cet événement a été le point de départ de l’installation the unity is submarine, où j’ai travaillé avec des photos des morceaux de l’avion et réalisé des objets avec des branches et du sel qui émanent de l’enregistrement photographique. Mais si on regarde l’histoire à nouveau, les mouvements de lutte pour l’indépendance se sont construits à partir d’une conscience de classe, de la visibilisation du racisme d’État et des privilèges dont bénéficiaient les Français qui arrivaient et qui continuent d’arriver aujourd’hui, plus que jamais. La mémoire des indépendantistes guadeloupéens a désormais plus d’espaces pour se faire entendre et continue de se construire. Par exemple, le Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe (GONG), l’un de ces mouvements, lors de son cinquantième anniversaire en 2017, a repris le récit de sa lutte, a libéré sa voix qui semblait avoir été enterrée, mise sous terre : pourquoi ? J’avais l’habitude de penser que c’était par désillusion, parce que ces mouvements n’avaient pas atteint leur but. Moi, je m’étais forgé l’idée qu’il était émotionnellement coûteux de parler de ce qui s’était passé, parce que nous sommes toujours sous contrôle français. Or, il y a eu des réalisations importantes dans le domaine culturel, notamment pour le carnaval, malgré les intimidations, pressions et menaces constantes du gouvernement français. Cette capacité à énoncer, à penser, à pouvoir dire a surgi : « vous ne pouvez plus m’imposer mon identité », « vous ne pouvez plus m’imposer votre identité ». Cela vient de ces moments de lutte ; c’est un immense héritage qui est en train d’être reconnu maintenant… J’apprends beaucoup sur les histoires cachées de Guadeloupe. Dans mon travail, je sens que la relation avec certains concepts et objets, ainsi que ma relation avec l’espace, est le résultat d’un processus d’intégration de multiples géographies et temporalités qui ont rendu possible une position critique envers mon environnement. J’observe que mes intérêts sont plus clairement orientés vers la remise en question d’une certaine autonomie de la perception : désapprendre à regarder à partir d’une perspective apprise et imposée. Ou du moins, je construis mes propres outils pour communiquer avec ce qui m’entoure.
Minia Biabiany, Travail préparatoire pour toli, toli, 2018 courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
YJS : Ce qui me parait intéressant, c’est la subtilité avec laquelle tu es capable de suggérer des problématiques comme dans toli toli. Cette œuvre est le résultat d’une élimination systémique des traces et des souvenirs… Je m’interroge : comment lies-tu, à partir d’une poétique qui joue avec le sensoriel – voire le doux – ces expériences personnelles et collectives, en relation avec la violence coloniale qui traverse nos corps ?
MB : Je travaille avec ce que je ne comprends pas et que j’accepte de ne pas contrôler. Je pense que cela me donne la capacité d’aborder des thèmes qui sont liés à la douleur ou à la violence, mais je les aborde à travers des résonances de sens, et j’intègre une certaine ignorance. Par exemple, lorsque j’ai réalisé toli toli, je pensais au silence qui existe sur méconnaissance de l’endroit où l’on vit. Il y a des étudiants qui ne peuvent pas donner les noms des îles du Nord et du Sud. Puis, un jour, ma mère sexagénaire m’a parlé de cette chanson qu’elle chantait lorsqu’elle était enfant et que je n’avais jamais entendue auparavant. La chanson possède un certain mouvement avec l’intention de projeter ceux et celles/ce.lles.ux qui la chantent et l’écoutent vers un autre lieu, connu ou inconnu. Je relie cela à la conception si commune de ce qui se trouve à l’extérieur comme référent normalisé en Guadeloupe. Autrement dit, l’assimilation du colonisateur a déjà fait de ce qui précède un modèle systématique : l’école aliène avec l’Europe comme référent, ce qui rend les Caraïbes éloignées de ses puissances. En même temps, il existe aujourd’hui une diversité de personnes qui s’opposent activement à ce système d’assimilation. Je suis la fille de deux professeurs qui ont donné un statut sacré à l’école ; pour e.ux.lles, les études sont vitales, car iels ont réussi à obtenir des emplois payés décemment grâce à leurs études universitaires. De la même manière, ma mère a accumulé beaucoup de livres sur l’esclavage ; elle s’achetait tout ce qui existait sur le sujet.
Pour revenir à la relation avec mon travail, l’assimilation française est violente, insidieuse, constante, mais pas toujours brutale ou frontale, et en ce sens, elle peut être perçue comme lisse ou douce. En Occident, les idées de bien-être ont été construites aveuglément sur la base de l’exploitation des autres. Quand je pense à la relation entre le politique et le colonial avec le poétique, il existe un point de rencontre dans le quotidien.
Minia Biabiany, Toli, toli, 2018
vidéo, courtoisie de l’artiste
credits photo Isabelle arthuis
YJS : À l’inverse, je pense aux processus de répression et de violence systématique des dictatures dominicaines du siècle dernier, et je les associe esthétiquement à des événements forts, à des images de sang. Jusqu’à présent, je considérais que la violence avait des codes de représentation durs, mais quand je plonge dans le récit colonial, c’est tout le contraire…
MB : Les gens pensent que les manifestations du pouvoir ont toujours été là, comme des statues. En Guadeloupe, les gens pensent que nous avons toujours été dans cette situation, mais nous sommes passés du statut de colonie à celui de département en 1946, et l’avis de la population n’a jamais été écouté concernant sa structuration en tant que citoyen français, car on a lui a promis l’illusion d’une vie meilleure, en prenant souvent le cas d’Haïti comme contre-exemple.
YJS : C’est intéressant de considérer Haïti comme un contre-exemple en raison des problèmes socio-économiques actuels de cet État-nation mais qui sont en réalité des problèmes créés précisément par la France en imposant une dette pour obtenir l’indépendance… Ces problèmes ont été aggravés par l’appareil néocolonial américain qui s’est imposé dans le pays depuis le début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui. C’est amusant parce que la construction et la cohésion de l’État-nation dominicain se fondent également sur le récit de ne pas être Haïti, mais dans d’autres perspectives : principalement à cause du racisme et de la négation de l’afro-descendance par les secteurs qui constituent le pouvoir économique et politique dans cette partie de l’île, qui ont imprégné la construction de fictions historiques sur « ce qui est dominicain », renforçant les logiques capitalistes d’être dans le monde.
Par ailleurs, je vais paraphraser une idée tweetée par Minou Tavárez Mirabal, un homme politique dominicain. Elle faisait référence aux dictatures, mais j’y pense de manière plus large, en considérant que l’autoritarisme est directement lié aux régimes coloniaux et à la mécanique du colonialisme : le plus complexe pour tout régime autoritaire est qu’il nous retire la possibilité d’imaginer. Dans plusieurs de tes œuvres, cette idée est latente.
MB : La situation de violence que connait la Guadeloupe n’est pas celle d’un régime dictatorial, mais il me semble légitime de parler des conséquences de l’assimilation perpétrée pendant quatre siècles ; de parler de la manipulation de la population et de la croyance toxique en l’universalisme colonial occidental dominant et de ses conséquences intériorisées. Ces conséquences, il faut les envisager dans le contexte d’un peuple dominé qui continue à résister, mais qui continue également à être soumis à un système de contrôle très, très fort via son éducation, son administration publique gouvernementale, et d’autres aspects. Je crois que le danger tient à toujours forcer et imposer un modèle unique de croyances, ce qui a souvent été le cas de la Guadeloupe. Nous devons reconquérir la liberté, la capacité d’inventer de nouveaux sens, et par là, je veux dire aussi convoquer le corps et la perception, qui continuent d’être délimités par les structures occidentales d’organisation de la vie. Ainsi, pour revenir à ta question concernant le modèle autoritaire et la relation que mon travail entretient avec l’imagination, la pièce vidéo pawol sé van poursuit cette liberté en reconsidérant l’air qui nous entoure comme un élément réel, actif et puissant, comme un élément qui nous appartient et qui nous permet de réévaluer et de reconstruire notre relation avec l’environnement.
Dans pawol sé van, je poursuis mon exploration de l’action de tisser. Le vent, l’air soufflé, l’ouragan et la fumée deviennent des messagers actifs, mais je suis également intéressée à les aborder à travers l’observation phénoménologique qui me permet de faire intervenir d’autres relations à partir de l’expérience. J’ai aussi choisi des objets chargés de significations, comme le coquillage lambis lambis, qui renvoie à la résistance cimarrona et qui est aussi un élément qui, lorsque l’on approche à l’oreille, permet d’entendre le son de la mer, qui pourrait aussi être le battement du cœur. C’est un outil qui permet d’être à l’écoute de soi-même. Je m’intéresse beaucoup à rendre possible la perception, en nous donnant la liberté de parler avec ce qui nous entoure, en faisant confiance à notre autonomie et force pour entrer en relation les un.e.s avec les autres en dehors du binarisme occidental humain-nature. Je considère le vent comme une source active, protectrice ou destructrice, une véritable source qui parle de la relation que nous entretenons avec le territoire et des blessures de la Guadeloupe et des Caraïbes8.
J’aimerai même pour un court instant retourner à la mer.
Soufrière
Minia Biabiany, j’ai tué le papillon dans mon oreille (détail), 2021
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
MB : On a créé une dépendance qui passe par une manipulation psychologique pour supprimer la possibilité d’imaginer, de nous penser nous-mêmes, de nous mettre en confiance. Le modèle colonial dans lequel s’insère l’histoire post-Christophe Colomb est toujours latent et repose sur l’idée de réussite, de la dichotomie entre le bien et le mal, ainsi que sur le besoin d’être reconnu, peu importe ce que tout cela signifie. Il n’y a jamais eu d’indépendance psychologique. Dans le cas de la Guadeloupe, le peuple n’a jamais eu d’espace d’agencement. Dans de nombreux endroits, retrouver cette confiance n’a pas été pleinement atteint ou n’a pu été librement possible.
YJS : Je pense que cette recherche est à relier à tes exercices et leur démarche pédagogique, car avec ces pratiques il y a une recherche de stratégies pour renforcer l’imagination, et faire prendre conscience au corps qu’il existe d’autres espaces possibles à partir desquels nous pouvons nous inventer. Si l’on veut résumer ta pratique en quelques mots, ton travail est constitué d’exercices d’autonomie.
MB : Il s’agit d’ouvrir des espaces, d’ouvrir des espaces dans le corps par la perception et l’interrelation des sens. Je ne connais pas toutes les histoires de la Guadeloupe que j’aimerais connaître. Parfois, je ressens une immense distance avec ce territoire, ses récits et ses temporalités ; et je me demande : comment faire exploser à nouveau cet espace de connexion ? Comment retrouver cette relation ?
Le corps est un espace de plusieurs savoirs. Œuvrer depuis l’autonomie est uniquement possible si nous nous autorisons à observer et à prendre un temps pour recommencer à déterminer nos rythmes. Les notions d’opacité et de relation ont été
des clés du fait qu’elles permettent de tisser les éléments entre eux à ma manière. Loin d’être achevée, la recherche dans mon travail n’est surtout pas fermée. Imaginer au-delà d’une seule histoire m’intéresse…
YJS : Une des puissances qui émergent des contextes dans lesquels toi et moi sommes nées et avons grandi c’est la possibilité constante de revenir sur les choses et de les infléchir…
Minia Biabiany, musa nuit, 2020
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
La Citerne
YJS : Hier j’ai revu le film de Werner Herzog, La Soufrière. S’il est un point qui m’a marquée c’est que l’attente est, étonnamment, le compas qui définit la relation entre l’espèce humaine et les volcans, c’est-à-dire la pause.
MB : Oui, évidemment, c’est un rythme qui n’est pas propre à l’humain, on ne sait jamais, ielles ne préviennent pas… [rires]
On gran pousyè, anvayi syèl an-nou
moun ozabwa, pasav ka i ka pasé
on gran kout nwèsè, an plen midi, mé ka sa yé ?
La Soufriyè, Vyé madanm la
MB : Je pense au bruit, au volcan et au silence. Je surnomme La Soufrière “La Gardienne”, parce qu’elle donne l’impression sur l’île qu’elle surveille tout, on peut la voir depuis de nombreux endroits ; pourtant, les gens de Guadeloupe l’appellent « La Vieille Dame ». Il me semble intéressant qu’ielles se réfèrent à elle comme s’il s’agissait d’une personne âgée, comme un être qui préserve ses forces et qui est une source de savoir.
La Guadeloupe est formée de six îles qui sont le résultat de moments géologiques très distincts. L’une d’elles – Désirade – possède un morceau de terre qui a émergé du sol des Antilles mineures, il y a des centaines de millions d’années. C’est parmi l’une des parties les plus anciennes de la planète.
YJS : Mémoires d’autres mondes !
MB : Oui. Et aussi en Grande-Terre, il y a plusieurs couches de calcium qui recouvrent l’île. Il s’agit d’une formation volcanique très ancienne, qui a pu être immergée par de nombreux milliers d’années et qui est remontée à la surface avec ces nouveaux restes minéraux9.
YJS : Ah ! Une danse ! [rires]
Que l’île éclate ou coule demain sous l’océan, moi je suis terre. Si meurt la terre, je serai feu. Si meurt le feu je serai l’air.
Soufrière
YJS : Je pense que les idées que nous construirons en lien avec le communautaire, les autonomies ou l’autogestion découleront de la relation que nous avons avec le lieu dans lequel nous vivons.
Nous avons besoin d’apprendre – à chaque fois plus – à embrasser les savoirs des générations qui nous précédent, parce que nous ne nous concevrons pas à partir des connaissances acquises dans les universités. Ce ne sera pas comme ça.
Minia Biabiany, qui vivra verra, qui mourra saura, 2019
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
MB : Comment parvenons-nous à changer les attentes ? Remettre du mouvement dans les relations émotionnelles implique de générer de nouveaux espaces de perception et d’abandonner le jugement eurocentrique qui nous impose des normes et qui invisibilise les affects.
YJS : Je suis convaincue que nous pouvons construire ces notions de communauté et contribuer à une conscience de l’espace habité à partir de la jouissance. Je pense à de nombreux.ses ami.e.s et familles qui ne conçoivent pas la notion de jouissance comme étant constitutive de nos vies, au-delà du travail.
MB : La force des visualités est la capacité de toucher le traumatisme invisible, de l’accueillir, et de changer le modèle imposé. Je ne veux pas que la notion de jouissance soit énoncée depuis le privilège européen, nous devons aussi reconsidérer comment nous l’expérimentons.
YJS : Il est important de tendre vers une revendication de la jouissance parce qu’il y a une idée très extractiviste de la vie délimitée par l’Occident. Je reviens ici à ce que tu disais sur la question psychologique et politique qui conditionne tout cela, ce que Suely Rolnik appellerait l’inconscient capitaliste colonial…
davwa sé vou sèl, mèt a ladèstiné nou ja konprann…rèspé pou vou !
La Soufriyè, Vyé madanm la
Note finale : Durant la retranscription et l’édition de ces conversations qui composent ce texte, le volcan La Soufrière de Saint-Vincent-et-les-Grenadines a commencé à émettre des éruptions explosives récurrentes le 9 avril 2021, après 42 ans en sommeil.
1 Suely Rolnik, “Regard aveugle. Entretien avec Hubert Godard,” en Lygia Clark : de l’œuvre à l’événement. Nous sommes le moule. A vous de donner le souffle, Nantes : Musée des Beaux-Arts de Nantes, 2005, 73-78. Ou consulter : Lygia Clark, Archive pour une œuvre-Projet d’activation de la mémoire culturelle d’une trajectoire artistique et son contexte, DVD, édité par Suely Rolnik, Paris : Carta Blanca Éditions – Les Presses du Réel, 2011.
2 Le nom de la plante est Clavija domingensis.
3 Note des éditeur.ice.s: les éruptions de gaz et cendres par La Soufrière n’ont pas atteint une phase magmatique. Cependant, ils provoquèrent la contamination de l’eau et de la terre en plus d’être à l’origine de plusieurs tremblements de terre qui bouleversèrent les conditions écologiques de la ville.
4 Avant cela, Basse-Terre était le centre économique le plus actif de l’île, mais il ne l’a plus jamais été car le port a été déplacé et de nombreuses personnes sont restées de l’autre côté de l’île. Guy Gabon, amie et artiste, réalise actuellement un long métrage sur les communautés touchées qui ont été déplacées à l’époque et qui vivent toujours sur place. Aujourd’hui, il existe un observatoire construit après 1976, sur la chaîne de montagnes, où l’on observe chaque souffle de ce volcan actif. Nous ne savons pas combien de temps il prendra pour se réveiller.
5 Note du traducteur : esclave noir.e en fuite qui a recouvré sa liberté.
6 NE : Aimé Césaire (1913-2008) est un poète et homme politique martiniquais qui intégra le concept de « négritude » dans les luttes pour l’autonomie, soit à la fois une stratégie de rejet vis-à-vis de l’assimilation culturelle française et un exercice de reconnaissance à l’égard du système colonial qui cherchait à effacer les identités caribéennes.
7 Voir : Ronald Selbonne, Albert Béville alias Paul Niger : une négritude géométrique, Matoury : Ibis Rouge Éditions, 2013. Concernant les mouvements indépendantistes en Guadeloupe, écouter : Séverine Cassar y Séverine Liatard, “Épisode 2 : Luc Reinette, itinéraire d’un indépendantiste guadeloupéen”, Les indépendantismes, 2016, podcast, 53 min, disponible ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/les-independantismes-24-luc-reinette-itineraire-dun.
8 Ces blessures sont visibles, par exemple, dans les rivières volontairement polluées par l’État français, comme dans le cas de l’utilisation du chlordécone dans les bananeraies. Pour plus d’informations, voir : Camille Bouko-levy, « Comprendre le scandale du chlordécone : empoisonnement, impunité et colonialisme aux Antilles françaises », M. Mondialisation, 20 mars 2021, disponible à l’adresse suivante : https://mrmondialisation.org/comprendre-le-scandale-du-chlordecone-empoisonnement-impunite-et-colonialisme-aux-antilles-francaises/.
9 L’espace géographique que nous appelons aujourd’hui les Caraïbes résulte d’un processus intense d’éruptions volcaniques, qui s’ajoute aux processus de fonte des pôles, ce qui a fait que de nombreux territoires ont eu une histoire géologique faite de hauts et de bas par rapport à l’océan.
The Caribbean Began in Fire and Lives on in Water: A Conversation on Volcanoes
La Caraïbe commença dans le feu et continua dans l’eau. Une conversation sur les volcans.
With the intention of marking a rhythm in this conversation, the reading is accompanied by song lyrics and a poem related to La Soufrière, a volcano located in Guadeloupe. These fragments have been taken from two songs, Soufrière by Arthur H., Daniel Maximin, and Nicolas Repac, and La soufriè by Gérard Nerplat, as well as the poem La Soufriyè, Vyé madanm la by Jean-Marc Ferdinand and K’Koustik. They are available for listening with this code or via this link : https://open.spotify.com/playlist/5TTNFVguydc07mLKtNHROd?si=TNvgm2HbQ4GegUaSm8x0SQ&pi=u-pLZv1aepRESA.
L’Échelle
Yina Jiménez Suriel: Once when I was speaking with a friend whose main job is to talk with people, I asked, “What are people looking for when they talk to one another?” We came to the conclusion that people enter into conversations seeking something in others that will give them meaning in their daily life and practice… With this reflection in mind, I approach the conversation with Minia.
Que l’île éclate ou coule demain sous l’océan, moi je suis terre. Si meurt la terre, je serai feu. Si meurt le feu je serai l’air.
Soufrière
Minia Biabiany: I have been listening to Suely Rolnik’s interview with the dancer and researcher Hubert Godard on the work of Lygia Clark. In it, they discuss the blind gaze and how we have different modes of perception1. We partake in the blind gaze without being conscious that we are receiving information, even as we process that information. Rolnik and Godard use the following example: A fly is coming towards your eye. You close your eye without thinking about it, but you have seen the fly and your action is a result of seeing it, albeit unconsciously. This gaze has more to do with the imaginary and the collective, and less with the objectifying subject. That is, it doesn’t operate by filtering things you have seen, rather these things are interpreted in an enclosed and personal way. That field of vision remains more open…
YJS: What you are saying about perception makes me think of something I wrote at the end of September, after visiting the National Botanical Garden with Los Tejedores, a collective composed of Natalia Ortega Gamez and Ricardo Ariel Toribio. When we entered the herbarium, Natalia asked me if I was familiar with a plant that she was pointing out to me. When she saw the look on my face, she exclaimed, Of course you aren’t! This plant2 is native to the part of the island we now call Haiti. We can see it here [in the Dominican Republic] thanks to a collaboration between Dominican and Haitian biologists who have managed to reproduce it, since in Haiti, it is at risk of extinction due to ecological deterioration.
The fact that you are now able to see this plant in the Dominican Republic speaks to a collaboration between the interests of the Haitian and Dominican nation-states, as well as to an exchange of knowledge… But it also speaks to the ways in which the land itself can generate the conditions of its continued survival in its hour of greatest need.
From that moment on, I have held onto the idea that we have questions in our eyes… Much has been theorized about “looking” and “seeing,” but I prefer to consider actions motivated by empathy and the desire to relate to others, actions that really stimulate self-knowledge. And so I like to think about volcanos… Ah! Because the residency program I’m developing is called Los volcanes que dormían [The Sleeping Volcanoes]. In the Dominican Republic, we have this idea that there aren’t any volcanoes on the island, but in reality, they do exist, they’re just said to be “extinct.” For example, I had heard a lot about Alto de la Bandera. When I finally visited its slopes, I learned that it was an extinct volcano. I didn’t have the tools to see it, just as I hadn’t seen the plant.
MB: It is incredible learning to observe, learning to feel… I think about the exhibition space and how it relates to the gaze and to objects, to displacement; these words make everything turn… the sleeping volcanoes… I imagine I have a very different relationship to volcanoes than you.
YJS: What is your relationship like?
MB: I grew up and still live in front of La Soufrière, an active volcano in Guadeloupe. I see it smoking, and sometimes in the morning it smells like sulfur. This being is alive, alive, alive. Whenever it decides, it can make the earth tremble… My relationship with that volcano is that it could change my life and that of my family at a moment’s notice. The power of lava engenders a relationship of respect. The magnetic force that lies within it… It reminds us that the island is still growing. It is a guardian at the same time that it is a threat. The history of Guadeloupe was marked by its eruption in 1976, an event that caused the population of the region where the volcano is located, Basse-Terre, to take refuge in the North, Grande-Terre, after they saw the volcano emitting the warning signs of an imminent explosion—which never came to pass. Since then, the island has witnessed a sort of internal migration that has impacted the distribution of the population and the current economic situation in Guadeloupe4.
YJS: We have had essentially opposite experiences of volcanoes. Normally, one thinks of “having control” over their energy. But when a volcano is active, this hierarchy can’t exist.
Arété lanmizè, lè uit juiyé vou menm déranjé-w ou voyé sann ou voyé wòch…tou lé swa latè ka tranblé épi sé vyé koud-ren a-w la.
La soufriè
YJS: Volcanoes are portals through which the planet’s center can let loose its energy… That is how the planet regulates its overall temperature, and thus they set off a series of relationships that impact all living beings.
MB: Thanks to them we have land above the sea and gases that form our atmosphere… The Caribbean emerged out of the collision of tectonic plates, their movement, and the eruption of active volcanoes.
Minia Biabiany, musa nuit (détail), 2020
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
YJS: The Caribbean began in fire and lives on in water. It is this idea that inspired the history of mountains—which I consider my life’s project—which is also the history of the waters in the geographic area we know as the Caribbean. Although the volcanoes on the largest islands are considered “extinct,” volcanic mountain chains are responsible for the creation of the entire archipelago. The Caribbean is a succession of mountains separated by water… A double space, whose surface hosts the air and the water, each nurturing life in its own way.
This history of mountains is also the history of Maroon emancipation. After European colonization, the high mountains of the insular Caribbean provided a place where Indigenous peoples and enslaved Africans could devise and organize their resistance and struggle for liberty. It was also in the mountains—or rather through them—that they traced the escape routes from the sugar plantations and the mills.
I think that the history of the emancipation of the Caribbean islands is one of the most complex, enduring, and ever-relevant chapters in the history of Caribbean mountains. The Maroons’ conception of emancipation grew from the subversion and creation of distinct notions of autonomy, which developed from an exchange of knowledge and modes of acting in relation to the geographic space where they lived—that is, from the wisdom of all the living beings cohabitating in a given space.
Nou tout ké pati, mé ou ké rété
sèten ou ja byen ri nou, lè ou fè tout moun kouri fou
nou pa jan pansé, on jou ou té ké lévé
La Soufriyè, Vyé madanm la
MB: Wow! We’ve gone around the world… [laughter]
YJS: We have traveled through all the stages of the planet with these conversations that gather sediment and form mountains.
MB: The possibility of imbuing the gaze with movement.
Le nez cassé
YJS: I remember a conversation in which you recounted the story of a pro-independence Guadeloupean leader who died in a supposed plane crash in Guadeloupe’s mountains. I would like us to return to that story.
MB: In reality, two leaders died that day—Albert Béville and Justin Catayée—one from Guadeloupe and the other from French Guiana. Béville was an administrator and Catayée was a senator and both of them were very critical of the processes of assimilation and departmentalization each had undergone (both French Guiana and Guadeloupe were declared French departments after 1946). Both men had developed their own discourses in accordance with the specific needs of their land and people: one from the Antilles, and the other from the continent where French Guiana is located… They took the plane thinking that Aimé Césaire would also be on board with them, but he didn’t end up taking the flight. On June 22, 1962, the plane exploded in Deshaies. The official story claims that the plane crashed into the mountain after being caught in a storm. The local version—most recounted by fishermen—holds that the plane exploded before, part of it falling into the ocean and another into the mountain. What isn’t understood is why the plane turned around if it had already arrived at Pointe-à-Pitre. The plane’s black box was immediately taken into government custody and deemed confidential. The contents were unsealed a few years ago when the 50-year legal limit on keeping documents classified was up. Ultimately, it isn’t clear why the contents were classified in the first place, since no sensitive content was found… At the time, the French military had not yet opened fire on protestors in Pointe-à-Pitre, as they would in 1967—a key moment in the French repression of the movement for independence. But the French government had already abolished the Antillean-Guyanese Front at the time of the crash. Nonetheless, Béville and Catayée had captured the attention of the people, who projected onto them the faith of a youth mobilized by the capitalist and colonial crises of the sixties and seventies. African nations had gained independence, while in Guadeloupe that page in history had gone up in smoke. However, years later a new independence movement took shape, and even later, in the eighties, the Alliance Révolutionnaire Caraïbe (ARC) emerged6.
YJS: To make an analogy with your oeuvre, do you think your work has links to these histories? In some way or another, do you feel any kind of relationship between your way of working and thinking and these processes of independence?
MB: The event that I just described was the starting point for the installation the unity is submarine. For that piece, I worked with photos of fragments from the plane crash and made objects out of branches and salt inspired by the photographic record. But going back to history, the independence movements in Guadeloupe developed out of a new class consciousness, a growing recognition and scrutiny of state racism and the privileges enjoyed by the French who came to the island, and more and more of whom continue to come today. The memory of the independence movements in Guadeloupe has a greater audience now than ever before, and this audience continues to grow. For example, on the occasion of its fiftieth anniversary in 2017, one of these groups, the Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe (GONG), revisited the story of its struggle, liberating its voice which seemed to have been buried beneath the earth. Why? Previously, I thought it was delusional because these movements had never succeeded in accomplishing their objective. I had come to believe that it was costly, emotionally speaking, to talk about what had happened because we remain under French control. However, important achievements were made in the cultural sector, particularly with regards to Carnival, despite constant intimidation, pressure, and threats at the time from the French government. There emerged a capacity to define oneself, to think about oneself, to be able to say, “You can no longer impose an identity on me,” “You can no longer impose your identity on me.” This comes from those moments in the struggle and it is an immense legacy that is beginning to be recognized now… I am learning a lot about the hidden history of Guadeloupe. In my work, I feel that the relationship with certain concepts and objects, as well as my relationship with space, is the result of my integration of multiple geographies and temporalities that have made it possible for me to assume a critical position with respect to my surroundings. I have observed that my interests are more clearly oriented towards questioning the autonomy of perception; I am unlearning how to look from a learned and imposed perspective. Or at least, I am building my own tools for communicating with what surrounds me.
Minia Biabiany, Travail préparatoire pour toli, toli, 2018 courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
YJS: Something that interests me is the subtlety with which you are capable of proposing issues, as you do in toli toli. This piece deals with the systemic elimination of features and memories… I wonder, within a soft, inclusive poetic that plays with the senses, how do you connect these personal and collective experiences to the colonial violence that marks our bodies?
MB: I work with what I don’t understand, and I accept not having control. I believe that this is what gives me the ability to approach themes connected to pain or violence, which I tackle through resonating feelings and by integrating a certain amount of the unknown. For example, when I made toli toli, I was thinking about how no one talks about how little they know about the place where they live. There are students who don’t know the names of the northern and southern islands in Guadeloupe. One day my mother, who is in her sixties, told me about a song that she sang when she was a child, one I had never heard before. The song moves in such a way that the singers and the listeners seem to be projected into another place, one that is both known and unknown. I associate this with how common it is in Guadeloupe to take what exists outside of the island as the normalized referent. The colonizer’s policy of assimilation has made a systematic model out of this tendency: school is alienating because it constantly uses Europe as a referent. This has the effect of marginalizing the Caribbean. On the other hand, today there is a diverse group of people actively resisting this system of assimilation. I am the daughter of two professors for whom school held a sacred place; for them, studying is essential, since it was thanks to their university education that they were able to get jobs that offered dignified pay. By the same token, my mother has accumulated a ton of books about slavery; she would buy anything and everything that had to do with the subject, no matter what it was.
Going back to the relationship with my work, French assimilation is violent, insidious, constant, but not always brutal or direct. And in this sense, it can also be seen as something smooth and soft. It was in the West that blind ideas of well-being based on the exploitation of others were developed. When I think about where the political and the colonial stand in relation to the poetic, I see that many points of connection can be found in everyday life.
Minia Biabiany, Toli, toli, 2018
vidéo, courtoisie de l’artiste
credits photo Isabelle arthuis
YJS: As a point of contrast, I think about the processes of repression and the systematic violence of the Dominican dictatorships of the past century, and I associate them aesthetically with violent events, images of blood. Until recently, I considered violence to have strict codes of representation, but when I think about the story of colonialism everything changes…
MB: People think that manifestations of power have always been there, like statues. In Guadeloupe, people think that we have always been in this situation, but we went from being a colony to becoming a department in 1946, and no one ever asked what people thought about becoming French citizens. It was always presented as the obviously better option, and Haiti was often used as a point of comparison to prove the point.
YJS: It is interesting that they use Haiti as a counterexample since its socioeconomic problems are a direct result of the debt the French imposed on the nascent nation as the price for independence… This predicament has only been exacerbated by the US neocolonial apparatus that has been at work in the country since the beginning of the twentieth century. It is curious because the construction and cohesion of the Dominican nation-state is also very much based in a narrative about not being Haiti, but it goes in a different direction. In large part, it has to do with the racism of the economically and politically powerful classes on this portion of the island. They deny African heritage and persist in the construction of historical fictions about “the Dominican” that have only served to reinforce capitalist logics of being in the world.
On the other hand, I will paraphrase an idea that a Dominican politician, Minou Tavárez Mirabal, tweeted recently in reference to dictatorships, but which I think about in a broader sense since authoritarianism is directly connected to colonial regimes and the mechanism of colonialism: the most complex aspect of all authoritarian regimes is their ability to rob us of the capacity to imagine. This idea is latent in several of your works.
MB: The situation of violence in Guadeloupe is not that of a dictatorial regime, but I feel it is legitimate to talk about the consequences of the assimilation perpetrated over the course of four centuries; to talk about the manipulation of a population and the toxic belief in dominant Western colonial universalism and the consequences of its internalization. It is important to think about the latter in the context of a dominated people who continue to resist, but who also live under a system of control that is very, very deeply ingrained in its education and public governmental administration, among other aspects. I believe that it is always dangerous to impose a single model of beliefs upon people, and this has very often been the case in Guadeloupe. We need to reclaim our liberty, the capacity to invent meaning—and here I am also referring to invoking the body and perception, both of which continue to be delimited according to Western structures for organizing life. So, going back to your question about the authoritarian model and the relationship my work has to imagination, the video piece pawòl sé van seeks to access that freedom by reconsidering the air that surrounds us as a real element, as an element that belongs to us and that allows us to reevaluate and reconstruct our relationship with the environment.
In pawòl sé van, I continue exploring the act of weaving. Wind, blowing air, hurricanes, and smoke are all active messengers. But I was also interested in approaching these through phenomenological observation, which allows other relationships to be mediated through experience. I also selected objects that were charged with meaning, like the concha-lambí (queen conch) that is connected to Maroon resistance and in which we can hear the sound of the ocean and the sound of our heartbeat when we put our ear to it. It is a tool that allows us to hear our own selves. I am very interested in empowering perception, in giving ourselves the freedom to speak with our surroundings, to have faith in our autonomy and strength so that we can relate to one another outside the Western binary of the human and the natural. I believe the wind to be an active source, both protective and destructive, a true source that speaks of our relationship to the land and the wounds that mark Guadeloupe and the Caribbean7.
J’aimerai même pour un court instant retourner à la mer.
Soufrière
Minia Biabiany, j’ai tué le papillon dans mon oreille (détail), 2021
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
MB: We have developed a dependency as a result of persistent psychological manipulation that suppresses our ability to imagine, to reflect, to let ourselves feel with confidence. The colonial model under which post-Columbian history has unfolded remains latent and is based on the idea of success, of the dichotomy between good and evil, and the need to be recognized, whatever that means. There has never been psychological independence. In Guadeloupe, people have never had a space of agency. In many other places, this confidence has never been fully recovered, or it hasn’t been freely accessed.
YJS: I think that this quest is also tied to your work in pedagogy, since those practices involve searching for strategies that can empower the imagination and make the body conscious of the fact that there are other possible spaces where we can invent ourselves. If we wanted to summarize your practice in a few words, we could say: your work is composed of exercises in autonomy.
MB: It has to do with opening up spaces—opening up spaces in the body through perception and the interrelation of the senses. I don’t know many of the stories from Guadeloupe that I would like to know. Sometimes I feel a huge distance between me and this place, its histories and temporalities, and I wonder: How can I reignite a space of connection? How can I find this relationship again?
The body is a space that contains many different kinds of wisdom. Operating from a position of autonomy is only possible if we allow ourselves to observe and take the time to determine our own rhythms. Ideas of opacity and relationship have been key to my practice, since they allow me to weave together those elements in my own way. More than being unfinished, the investigations in my work remain open-ended. I am interested in looking beyond just one single story…
YJS: One of the most powerful things about the kind of contexts in which you and I were born and raised is that there exists the constant possibility of going back over things and reworking them.
Minia Biabiany, musa nuit, 2020
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
La Citerne
YJS: Yesterday, I rewatched Werner Herzog’s movie La Soufrière. Something that struck me was how waiting is, curiously, the beat that defines the relationship between the human species and volcanoes—or rather, the pause.
MB: Yes, of course, the rhythm of volcanoes has nothing to do with humans. You never know, they don’t warn you… [laughs]
On gran pousyè, anvayi syèl an-nou
moun ozabwa, pasav ka i ka pasé
on gran kout nwèsè, an plen midi, mé ka sa yé ?
La Soufriyè, Vyé madanm la
MB: I think about noise, the volcano, and silence. I call La Soufrière “The Guardian” because there is a feeling on the island that she watches over everything, and you can see her from many different points. However, the people of Guadeloupe call her “The Old Lady.” It is interesting to me that they call her old, as though she were a being who preserves power and is a source of wisdom.
Guadeloupe is composed of six islands that formed at very different moments in geological time. A portion of one of the islands, La Désirade, emerged from the ocean floor of the Lesser Antilles hundreds of millions of years ago. It is one of the oldest pieces of land on the planet.
YJS: Memories of other worlds!
MB: Yes, and also in Grande-Terre there are several calcium deposits that cover the island. These are very old volcanic formations that were eventually submerged in water for many thousands of years and then rose back up to sea level with these new mineral deposits8.
YJS: Ah! A dance! [laughter]
Que l’île éclate ou coule demain sous l’océan, moi je suis terre. Si meurt la terre, je serai feu. Si meurt le feu je serai l’air.
Soufrière
YJS: I think that the ideas we construct around the communitarian, autonomies, or self-growth will come from the relationships we have with the places where we live. We need to learn more and more how to embrace the wisdom of the generations that have preceded us, because we can’t only think using the knowledge we acquired in schools. It isn’t going to happen that way.
MB: How can we change expectations? Reintroducing movement into emotional relationships implies creating new spaces of perception and abandoning the Eurocentric judgment that controls us and renders emotion invisible.
YJS: I am convinced that we can use pleasure to construct these ideas of community and contribute to new consciousness of the spaces we inhabit. Here, I am thinking about how many friends and family members I have who can’t conceive of pleasure as something constitutive of our lives, beyond work.
MB: The power of visuality is its capacity to touch trauma that has been rendered invisible, to take it in, and change the prevailing model that has been imposed on us. I don’t want the idea of pleasure to be understood in terms of European privilege, and so we also need to reconsider how we experience it.
YJS: It is important to aim for a reclamation of pleasure because there is a very extractivist idea of life that comes to us from the West. I am returning here to what you were saying about the psychological and political question that conditions this attitude, what Suely Rolnik called the unconsciously colonial capitalist…
Minia Biabiany, qui vivra verra, qui mourra saura, 2019
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
davwa sé vou sèl, mèt a ladèstiné nou ja konprann…rèspé pou vou !
La Soufriyè, Vyé madanm la
Final note: During the time that it took for the conversations that comprise this text to be transcribed and edited, the La Soufrière volcano in Saint Vincent and the Grenadines began periodic explosive eruptions on April 9, 2021, 42 years after its last eruption.
1 Suely Rolnik, “Regard aveugle. Entretien avec Hubert Godard”, in Lygia Clark : De l’oeuvre à l’événement. Nous sommes le moule. A vous de donner le souffle, Nantes: Musée des Beaux-Arts de Nantes, 2005, 73-78. Or see: Lygia Clark, Archive pour une oeuvre—Projet d’activation de la mémoire culturelle d’une trajectoire artistique et son contexte, DVD, edited by Suely Rolnik, Paris: Carta Blanca Éditions – Les Presses du Réel, 2011.
2 The name of the plant is Clavija domingensis.
3 Editors’ note: The eruption of gases and ash from La Soufrière never led to a magmatic explosion. However, it contaminated the water and land in the surrounding area and set off several earthquakes that disrupted the ecological conditions in the city.
4 Before this, Basse-Terre was the most active economic center on the island. However, it would never be so again because its port was relocated and many people remained on the other side of the island. Guy Gabon, a friend and artist, is working on a feature film about the communities that were affected by the eruption, those who were forced to move at the time and those who still live there. After 1976, an observatory was built in the mountain range, where you can watch this active volcano’s every breath. We will never know how long it will be before it wakes up again.
5 EN: Aimé Césaire (1913-2008) was a Martinican poet and politician who introduced the concept of “Négritude” into the discourse surrounding the struggle for independence. Négritude was a strategy that rejected assimilation to French culture. It promoted the affirmation of Black peoples and Black culture in the face of the colonial system which sought to repress and erase Caribbean identity.
6 See: Ronald Selbonne, Albert Béville alias Paul Niger: une négritude géométrique, Matoury : Ibis Rouge Éditions, 2013. For more information on independence movements in Guadeloupe, listen to: Séverine Cassar and Séverine Liatard, “Épisode 2 : Luc Reinette, itinéraire d’un indépendantiste guadeloupéen,” Les indépendantismes, podcast audio, September 9, 2016, available at: : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/les-independantismes-24-luc-reinette-itineraire-dun.
7These wounds are visible. For example, the French government has knowingly polluted rivers by allowing the use of the pesticide chlordecone on banana plantations. For more information, consult: Camille Bouko-levy, “Comprendre le scandale du chlordécone: empoisonnement, impunité et colonialisme aux Antilles françaises,” Mr Mondialisation, March 20, 2021, available at: https://mrmondialisation.org/comprendre-le-scandale-du-chlordecone-empoisonnement-impunite-et-colonialisme-aux-antilles-francaises/.
8 The geographic area we now call the Caribbean emerged from an intense process of volcanic eruptions, while the melting of the polar ice caps resulted in the submersion and re-submersion of many of these newly formed and growing landmasses. Together these geological phenomena contributed to the “up and down” geological history of the islands.
El Caribe empezó en el fuego y continúa en el agua. Una conversación sobre volcanes
Con la intención de marcar un ritmo para esta conversación, acompañan la lectura algunas letras de canciones y un poema relacionados con el volcán La Soufrière, ubicado en Guadalupe. Dichos fragmentos se han extraído de dos canciones: Soufrière de Arthur H., Daniel Maximin, y Nicolas Repac y La soufriè de Gérard Nerplat, además del poema: La Soufriyè, Vié madanm la de Jean-Marc Ferdinand y K’Koustic, mismas que se encuentran disponibles a la escucha en este código. https://open.spotify.com/playlist/5TTNFVguydc07mLKtNHROd?si=TNvgm2HbQ4GegUaSm8x0SQ&pi=u-pLZv1aepRESA.
L’Échelle
Yina Jiménez Suriel: Hablando con una amiga, cuyo oficio principal es conversar con personas, le preguntaba: ¿qué es lo que se busca cuando se conversa? Llegamos a la conclusión de que, quienes forman parte de una conversación, buscan en otres algo que les dé sentido dentro de su cotidianidad y dentro de su práctica… Desde aquella reflexión, me acerco a conversar con Minia.
Que l’île éclate ou coule demain sous l’océan, moi je suis terre. Si meurt la terre, je serai feu. Si meurt le feu je serai l’air.
Soufrière
Minia Biabiany: He estado escuchando una entrevista realizada por Suely Rolnik con el bailarín e investigador Hubert Godard, sobre el trabajo de Lygia Clark, donde hablan de la mirada ciega y de cómo tenemos varios tipos de percepciones1. La mirada ciega es aquella que sostenemos sin estar conscientes de lo que recibimos como información, pero que, sin embargo, procesamos. Rolnik y Godard toman este ejemplo: si hay una mosca que se dirige a tu ojo, lo cerrarás sin darte cuenta, pero has visto la mosca y, por ende, hay una acción tuya que no parte de lo consciente. Esta mirada va más hacia el imaginario y hacia lo colectivo, y menos desde el sujeto objetivante. Es decir, ésta no opera desde el filtro de las cosas que has visto, sino que se interpretan de una forma cerrada o personal. Ese campo de visión queda más abierto…
YJS: Eso que dices sobre la percepción me lleva a pensar en algo que escribí a finales de septiembre, después de visitar el Jardín Botánico Nacional con Los Tejedores, conformado por Natalia Ortega Gámez y Ricardo Ariel Toribio. Cuando entramos al edificio del herbario, Natalia me preguntó si conocía la planta 2 que me estaba señalando. Ante la reacción en mi cara, dijo: ¡claro que no la conoces! Esa planta es endémica de la isla, en la parte que hoy llamamos Haití, y estamos viéndola en este espacio porque a través de la colaboración entre biólogas dominicanas y haitianas se logró reproducir aquí —en Haití, por problemas ecológicos se encuentra en peligro de extinción.
Ver esa planta en el territorio que hoy es Dominicana habla de la colaboración, al margen, de intereses de los estados-naciones haitianos y dominicanos, así como de intercambios de saberes… Pero, también de cómo el propio territorio puede, en el momento que lo necesita, generar las condiciones para que ésta pueda continuar su cualidad de ser vivo existente.
Desde entonces, llevo conmigo la idea de que tenemos preguntas en los ojos… Se ha teorizado mucho sobre “mirar” y “ver”, pero prefiero irme por una ruta que plantee acciones movidas por la empatía y el deseo de relacionarse, en las que realmente se estimule el autoconocimiento. Por ello me gusta pensar en los volcanes… ¡Ah! Porque el programa de residencias que estoy desarrollando se llama —nada más y nada menos— Los volcanes que dormían. En Dominicana, tenemos la idea de que no existen volcanes en la isla, pero en realidad sí están ahí, sólo que se les llama “extintos”. Por ejemplo, habiendo escuchado durante mucho tiempo de Alto Bandera, visité su falda y resulta que es un volcán extinto, pero no tenía herramientas para verle, así como tampoco veía la planta.
MB: Increíble, aprender a observar, aprender a sentir… Pienso en el espacio expositivo, y cómo se relaciona con la mirada y los objetos, con el desplazamiento; estas palabras hacen girar todo… los volcanes que dormían… La relación que tengo con los volcanes es muy distinta a la tuya, me imagino.
YJS: ¿Cómo es tu relación?
MB: Crecí y vivo frente a La Soufrière de Guadalupe, un volcán activo. Lo veo sacar humo y en las mañanas a veces huele a azufre. Este ser está vivo, vivo, vivo. En el momento que lo decida, puede hacer temblar la tierra… Mi relación con ese volcán es que, en cualquier momento, puede cambiar mi vida y la de mi familia. Es una relación de respeto que te hace entender la fuerza del magma. La fuerza magnética que está ahí… Nos recuerda que la isla sigue creciendo. Es un guardián, pero al mismo tiempo es un peligro. La historia de Guadalupe está marcada por una erupción de dicho volcán, ocurrida en 1976, que llevó a la población de esa parte de la isla —Basse-Terre— a refugiarse en el norte —Grande-Terre—, porque el volcán dio señales de una explosión inminente, la cual nunca sucedió. Desde entonces, se dio una especie de migración interna que tuvo un impacto determinante en la distribución de la población y las actividades económicas actuales en el territorio de Guadalupe4.
YJS: Efectivamente, tenemos experiencias completamente distintas en torno a los volcanes. Normalmente se piensa en “tener control” sobre su energía; sin embargo, cuando un volcán está activo, no existe esa jerarquía.
Arété lanmizè, lè uit juiyé vou menm déranjé-w ou voyé sann ou voyé wòch…tou lé swa latè ka tranblé épi sé vyé koud-ren a-w la.
La soufriè
YJS: Los volcanes son una puerta para que el centro de este planeta pueda liberar energía… De esa forma, la temperatura total del planeta puede regularse y, por ende, desatan una serie de relaciones que procuran a todo ser vivo…
MB: Gracias a ellos tenemos territorios arriba del mar y gases que se transformaron para crear nuestra atmósfera… La forma del Caribe emergió de un encuentro de placas, de sus movimientos y la erupción de volcanes activos.
Minia Biabiany, musa nuit (détail), 2020
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
YJS: El Caribe empezó en el fuego y continúa en el agua. De ahí, parte la historia de las montañas —que considero como mi proyecto de vida—, que es la historia de las aguas en el espacio geográfico que conocemos como el Caribe. Aunque los volcanes de las islas más grandes se encuentran “extintos”, son cadenas de montañas volcánicas las que generaron todo este archipiélago. El Caribe resulta en una sucesión montañosa entre aguas… Un doble espacio, donde la superficie aloja el aire y debajo el agua, cada una con sus propios modos de permitir la vida.
Esa historia de las montañas es también la historia de la emancipación cimarrona. A partir del colonialismo europeo, las altas montañas del Caribe insular se convirtieron en el espacio desde el cual pensar y organizar los procesos de resistencia y defensa de la libertad de las poblaciones originarias y africanas esclavizadas. También, es en las montañas —y a través de ellas— donde se trazan las rutas de huida desde las plantaciones azucareras o ingenios. Pienso que la historia de la emancipación en la región del Caribe insular es uno de los capítulos de la historia de las montañas caribeñas más complejo, constante y siempre actual. Las ideas de emancipación que se concibieron desde el cimarronaje parten de la subversión y creación de distintas nociones de autonomía, mismas que se dan a través del intercambio de saberes y formas de hacer en relación con el espacio geográfico en el que se habita, es decir, a partir de los saberes propios de todos los seres vivos con los que se convive en un lugar determinado.
Nou tout ké pati, mé ou ké rété
sèten ou ja byen ri nou, lè ou fè tout moun kouri fou
nou pa jan pansé, on jou ou té ké lévé
La Soufriyè, Vyé madanm la
MB: ¡Wow! Le dimos la vuelta al mundo… [risas]
YJS: Fuimos por todas las ramas del planeta, ante la posibilidad de tener estas conversaciones que traen sedimentos, que forman montañas.
MB: La posibilidad de meterle movimiento a la mirada.
Le nez cassé
YJS: Tengo en mi memoria una conversación en la que me contabas la historia de un líder independentista guadalupense que falleció en un supuesto accidente aéreo en las montañas de Guadalupe. Me gustaría que volviéramos sobre esta historia.
MB: En realidad fueron dos líderes quienes fallecieron ese día, uno de Guadalupe y otro de Guayana: Albert Béville y Justin Catayée. Béville fue administrador y Catayée senador, los dos criticaron fuertemente el proceso de asimilación y departamentalización (pues desde 1946, tanto Guayana como Guadalupe, fueron designados departamentos franceses). Ambos tenían discursos pensados desde sus especificidades territoriales y poblacionales: uno, desde las Antillas, y el otro, desde la masa continental a la que pertenece Guayana Francesa… Tomaron ese avión, pensando que Aimé Césaire5 también estaría a bordo con ellos, aunque finalmente este último no subió. El 22 de junio de 1962, explota el avión en
Deshaies. La historia oficial dice que el avión se estrelló sobre la montaña por una tormenta. La versión local —particularmente contada por les pescadores— es que el avión explotó antes, una parte del avión cayó en el mar y otro fragmento terminó en la montaña. Entonces, lo que no se entiende es por qué el avión dio otra vuelta —si ya había llegado a Pointe-à-Pitre. Su caja negra estuvo inmediatamente resguardada bajo secreto estatal. Hace unos años, debido a que habían pasado cincuenta años legales para guardar un archivo secreto, se pudo consultar su contenido. En realidad no son claros los motivos de su clasificación, pues no había ningún elemento delicado… Todavía no habían sucedido los ataques por parte de asesines militares franceses a manifestantes de Pointe-à-Pitre, en 1967, mismos que marcan un momento clave en la represión francesa contra los movimientos independentistas. Ya el gobierno francés había prohibido el Front Antillo-Guyanais, pero Béville y Catayée tenían la atención de la población; se proyectaba en ellos la fe de una juventud movilizada por el giro en la fase capitalista y colonial que se dio en los años sesenta y setenta. Los países africanos se liberaron, mientras que para Guadalupe esta página de la historia se quema. Sin embargo, años después se formó otro movimiento para la independencia, y posteriormente en los años ochenta surge la Alliance Révolutionnaire Caraïbe (ARC)6.
Minia Biabiany, Travail préparatoire pour toli, toli, 2018 courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
YJS: Haciendo un ejercicio de analogía con tu producción ¿Crees que tu obra tiene vínculos con estas historias? De una forma u otra, ¿sientes alguna relación entre tu forma de hacer y pensar frente a estos procesos independentistas?
MB: Este suceso fue el punto de partida de la instalación the unity is submarine, donde trabajé con fotos de los pedazos del avión y realicé objetos con ramas y sal que se desprendieron del registro fotográfico. Pero para volver a mirar la historia, los movimientos por la lucha independentista se construyeron desde una toma de conciencia de clase, la visibilización del racismo estatal y de los privilegios que tenían les franceses que venían, y que siguen llegando hoy, más que nunca. La memoria de los grupos independentistas de Guadalupe tiene más espacios de escucha ahora y se sigue construyendo. Por ejemplo, el Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe (GONG), uno de dichos grupos, al cumplir 50 años en el 2017, retomó la narración de su lucha, liberó su voz que parecía había sido enterrada, metida bajo tierra, ¿por qué? Antes pensaba que era por una desilusión, porque estos movimientos no habían logrado su objetivo. Yo había construido la idea de que era costoso, en términos emocionales, platicar sobre lo que había sucedido, porque seguimos bajo control francés. Ahora bien, hubo logros importantes en el campo cultural, particularmente en el carnaval, a pesar de que ahí se daba una constante intimidación, presión y amenaza por parte del gobierno francés. Surgió, entonces, esta capacidad de enunciarse, de pensarse, de poder decir: “no me puedes imponer más mi identidad”, “no me puedes imponer más tu identidad”. Esto viene de aquellos momentos de lucha; es un legado inmenso que se está reconociendo ahora… Estoy aprendiendo mucho sobre las historias ocultas de Guadalupe. En mi trabajo, siento que la relación con ciertos conceptos y objetos, así como mi relación con el espacio, es resultado de un proceso de integración de múltiples geografías y temporalidades que han posibilitado una postura crítica ante mi entorno. Observo que mis intereses se orientan con más claridad hacia cuestionar una cierta autonomía de la percepción: desaprender a mirar desde una perspectiva aprendida e impuesta. O por lo menos estoy construyendo mis propias herramientas para comunicarme con lo que me rodea.
YJS: Algo que me parece interesante es la sutileza desde la cual eres capaz de sugerir problemáticas como en toli toli. Esta pieza resulta de una eliminación sistémica de rastros y memorias… Me pregunto, ¿cómo vinculas desde una poética que juega con lo sensorial —suave, inclusive— esas experiencias personales y colectivas, en relación a las violencias coloniales que cruzan nuestros cuerpos?
MB: Trabajo con lo que no entiendo y acepto no controlar. Creo que eso me da la capacidad de acercarme a temas que están vinculados con dolor o violencia, pero los abordo por resonancias de sentidos, e integro cierto desconocimiento. Por ejemplo, cuando realicé toli toli pensaba en el silencio que hay sobre el desconocimiento del lugar en donde se vive. Hay estudiantes que no pueden nombrar la isla al norte y al sur. Entonces, un día mi mamá sesentera me platicó sobre esa canción que cantaba de niña, que yo nunca había escuchado antes. La canción tiene cierto movimiento con la intención de proyectar a quienes la cantan y escuchan hacia otro lugar, conocido o desconocido. Esto lo conecto con la concepción tan común de lo que yace fuera como referente normalizado en Guadalupe. O sea, la asimilación de le colonizadore ya ha hecho de lo anterior un modelo sistemático: la escuela aliena teniendo como referente a Europa, haciendo que el Caribe se vea lejos de sus potencias. Al mismo tiempo, actualmente hay una diversidad de gente que está activamente en contra de este sistema de asimilación. Soy hija de dos profesores que dieron un estatus sagrado a la escuela; para elles, el estudio es algo vital, pues lograron tener empleos dignamente pagados gracias a sus estudios universitarios. Del mismo modo, mi mamá acumuló un montón de libros sobre la esclavitud; lo que sea que hubiera al respecto se lo compraba.
Para retomar la relación con mi trabajo, la asimilación francesa es violenta, insidiosa, constante, pero no siempre brutal o frontal, y en este sentido se puede percibir como algo liso o suave. Desde occidente se construyen ideas de bienestar ciegas basadas en la explotación de otres. Cuando pienso cómo lo político y lo colonial están en relación con lo poético, existe un punto de encuentro en el día a día.
Minia Biabiany, Toli, toli, 2018
vidéo, courtoisie de l’artiste
credits photo Isabelle arthuis
YJS: En contraposición, pienso en los procesos de represión y de violencia sistemática de las dictaduras dominicanas del siglo pasado, y las asocio estéticamente a sucesos fuertes, imágenes de sangre. Hasta ahora, consideraba que la violencia tiene unos códigos de representación duros, pero cuando me voy al relato colonial es todo lo contrario…
MB: La gente piensa que las manifestaciones de poder siempre han estado ahí como las estatuas. En Guadalupe se piensa que siempre hemos estado en esta situación, pero pasamos de ser colonia a departamento en 1946, y nunca se escuchó la opinión de la población respecto a su constitución como ciudadanía francesa, pues se proyectó el cuento de una vida mejor, tomando muchas veces el caso de Haití como contraejemplo.
YJS: Es interesante plantear a Haití como contraejemplo debido a los problemas socioeconómicos de dicho estado-nación, pero que son problemas creados precisamente por Francia al imponer una deuda para independizarse… Estas problemáticas fueron agravadas por el aparato neocolonial estadounidense en el país, desde principios del siglo XX hasta la actualidad. Es curioso, porque la construcción y cohesión del estado-nación dominicano también se basa en la narrativa de no ser Haití, pero en otras direcciones: en gran medida, por el racismo y la negación de la afrodescendencia por parte de los sectores que conforman el poder económico y político en esta parte de la isla, los cuales han permeado en la construcción de ficciones históricas sobre “lo dominicano”, reforzando las lógicas capitalistas de ser en el mundo.
Por otro lado, voy a parafrasear una idea que tuiteó una política dominicana, Minou Tavárez Mirabal. Ella hacía referencia a las dictaduras, pero yo lo pienso de forma más amplia, al considerar que el autoritarismo está directamente conectado con los regímenes coloniales y la mecánica del colonialismo: lo más complejo de todo régimen autoritario es quitarnos la posibilidad de imaginar. En varias de tus obras esta idea es latente.
MB: La situación de violencia en Guadalupe no es la de un régimen dictatorial, pero siento que es legítimo hablar de las consecuencias de asimilación perpetradas durante cuatro siglos; hablar de la manipulación de la población y de la creencia tóxica en el universalismo occidental colonial dominante y sus consecuencias interiorizadas. Estas últimas hay que pensarlas en el contexto de un pueblo dominado que sigue en resistencia, pero que también continúa bajo un sistema de control muy, muy fuerte en su educación, administración pública gubernamental, y otros aspectos. Creo que el peligro es siempre forzar e imponer un solo modelo de creencias, el cual ha sido muchas veces el caso de Guadalupe. Necesitamos retomar la libertad, la capacidad de inventar sentidos y con eso también me refiero a convocar al cuerpo y la percepción, que siguen siendo delimitados por estructuras occidentales para organizar la vida. Entonces, regresando a tu pregunta sobre el modelo autoritario y la relación que tiene mi obra con la imaginación, la pieza de video pawol sé van busca esa libertad al reconsiderar el aire que nos rodea como un elemento real, activo y poderoso, como un elemento que nos pertenece y que nos permite re-evaluar y reconstruir nuestra relación con el entorno.
En pawol sé van sigo explorando la acción de tejer. El viento, el aire soplando, el huracán y el humo se vuelven mensajeros activos, pero también me interesa abordarlos por medio de la observación fenomenológica que permite mediar otras relaciones desde la experiencia. Elegí también objetos cargados de significaciones, como la concha-lambí que está conectada con la resistencia cimarrona, además de ser un elemento que al acercar la oreja, une escucha el ruido del mar, pero también podrían ser los pálpitos del corazón. Es una herramienta que permite escucharse a sí misme. Me interesa mucho potencializar la percepción, darnos la libertad de hablar con lo que nos rodea, confiar en nuestra autonomía y fuerza para relacionarnos fuera del binarismo occidental humano-naturaleza. Considero al viento como una fuente activa, cuidadora o destructiva, una fuente real que habla sobre la relación que tenemos con el territorio y las heridas de Guadalupe y el Caribe7.
J’aimerai même pour un court instant retourner à la mer.
Soufrière
Minia Biabiany, j’ai tué le papillon dans mon oreille (détail), 2021
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
MB: Se ha generado una dependencia que pasa por la manipulación psicológica para suprimir la posibilidad de imaginar, de pensarnos, de hacernos sentir con confianza. El modelo colonial bajo el cual opera la historia post-Colón sigue latente y se basa en la idea del éxito, de la dicotomía entre bien y mal, así como de la necesidad por ser reconocide, lo que sea que eso signifique. Nunca hubo una independencia psicológica. En el caso de Guadalupe, el pueblo nunca ha tenido un espacio de agenciamiento. En muchos lugares, volver a encontrar esa confianza no se ha logrado del todo o no se ha podido buscar libremente
YJS: Pienso que esta búsqueda está vinculada con tus ejercicios desde lo pedagógico, pues en esas prácticas hay una búsqueda de estrategias para potenciar la imaginación y hacer consciente al cuerpo de que hay otros espacios
posibles desde dónde inventarnos. Si quisiéramos poner en pocas palabras tu práctica, tu trabajo se compone de ejercicios de autonomía.
MB: Se trata de abrir espacios, abrir espacios en el cuerpo por medio de la percepción y la interrelación de los sentidos. No conozco las historias de Guadalupe que me gustaría conocer. A veces siento una distancia inmensa con este territorio, sus narrativas y temporalidades; y me pregunto: ¿cómo vuelvo a detonar ese espacio de conexión? ¿Cómo vuelvo a encontrar esa relación?
El cuerpo es un espacio de varias sabidurías. Operar desde la autonomía es sólo posible si nos permitimos observar y tomar un tiempo para volver a determinar nuestros ritmos. Las nociones de opacidad y relación han sido clave, pues permiten tejer los elementos entre sí a mi manera. Más que inacabada, la investigación en mi trabajo no está cerrada. Me interesa imaginar más allá de una sola historia…
YJS: Una de las potencias que emergen de los contextos en los que tú y yo nacimos y crecimos es que hay una posibilidad constante de volver sobre las cosas y torcerlas…
Minia Biabiany, musa nuit, 2020
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
La Citerne
YJS: Ayer volví a ver la película de Werner Herzog, La Soufrière. Algo que noté es que la espera es, curiosamente, el compás que define la relación entre la especie humana y los volcanes, o sea, la pausa.
MB: Sí, claro, es un ritmo que no corresponde al humano, nunca sabes, no avisan… [risas]
On gran pousyè, anvayi syèl an-nou
moun ozabwa, pasav ka i ka pasé
on gran kout nwèsè, an plen midi, mé ka sa yé ?
La Soufriyè, Vyé madanm la
MB: Pienso en el ruido, en el volcán y en el silencio. Llamo a La Soufrière como “La guardiana”, porque hay una sensación en la isla de que vigila todo, la puedes mirar desde muchísimos puntos; sin embargo, la gente de Guadalupe la llama “La vieja dama”. Me parece interesante que se refieran a ella como una anciana, como un ser que está preservando fuerzas y que es fuente de sabiduría.
Guadalupe se conforma por seis islas que provienen de momentos geológicos muy distintos. Una de ellas —Désirade— tiene un pedazo de tierra que emergió del suelo de las Antillas menores, hace cientos de millones de años. Es de las partes más antiguas del planeta.
YJS: ¡Memorias de otros mundos!
MB: Sí, también en Grande-Terre hay varios fragmentos de calcio que recubren la isla. Ésta es una formación volcánica muy vieja, que eventualmente fue sumergida por muchos miles de años y que volvió a subir al nivel del mar con estos nuevos restos minerales8.
YJS: ¡Ah! ¡Una danza! [risas]
Que l’île éclate ou coule demain sous l’océan, moi je suis terre. Si meurt la terre, je serai feu. Si meurt le feu je serai l’air.
Soufrière
YJS: Pienso que las ideas que construyamos relacionadas con lo comunitario, las autonomías o la autogestión, vendrán de la relación que tenemos con el lugar donde vivimos. Necesitamos aprender —cada vez más— a abrazar los saberes de otras generaciones que nos anteceden, porque no nos pensaremos desde los conocimientos que adquirimos en las academias. No será así.
MB: ¿Cómo logramos cambiar las expectativas? Volver a meter movimiento en las relaciones emocionales implica generar nuevos espacios perceptivos, y abandonar el juicio eurocéntrico que nos norma e invisibiliza los afectos.
YJS: Estoy convencida que podemos construir esas nociones de comunidad y contribuir a una conciencia del espacio que se habita a partir del goce. Pienso en muches amigues y familia que no conciben la noción de goce como parte constitutiva de nuestras vidas, más allá del trabajo.
MB: La fuerza de las visualidades es la capacidad de tocar el trauma invisibilizado, acogerlo, y cambiar el modelo impuesto. No quiero que la noción de goce sea desde el privilegio europeo, también necesitamos reconsiderar cómo lo experimentamos.
YJS: Es importante apuntar a una reivindicación del goce porque hay una idea muy extractivista de la vida delineada desde occidente. Aquí regreso a lo que decías sobre la cuestión psicológica y política que condiciona esto, lo que Suely Rolnik nombraría el inconsciente colonial capitalista…
Minia Biabiany, qui vivra verra, qui mourra saura, 2019
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
davwa sé vou sèl, mèt a ladèstiné nou ja konprann…rèspé pou vou !
La Soufriyè, Vyé madanm la
Nota final: Mientras las conversaciones que forman parte de este texto fueron transcritas y editadas, el volcán La Soufrière de San Vicente y las Granadinas comenzó a hacer erupciones explosivas periódicas el 9 de abril de 2021, tras 42 años sin erupcionar.
1 Suely Rolnik, “Regard aveugle. Entretien avec Hubert Godard”, in Lygia Clark : De l’oeuvre à l’événement. Nous sommes le moule. A vous de donner le souffle, Nantes: Musée des Beaux-Arts de Nantes, 2005, 73-78. Or see: Lygia Clark, Archive pour une oeuvre—Projet d’activation de la mémoire culturelle d’une trajectoire artistique et son contexte, DVD, edited by Suely Rolnik, Paris: Carta Blanca Éditions – Les Presses du Réel, 2011.
2 El nombre de la planta es Clavija domingensis.
3 Nota de les editores: las erupciones de gases y ceniza por parte de La Soufrière no llegaron a una fase magmática. Sin embargo, provocaron la contaminación del agua y tierra, además de causar varios terremotos que trastocaron las condiciones ecológicas de la ciudad.
4 Antes de esto, Basse-Terre era el centro económico más activo de la isla, pero nunca volvió a serlo porque movieron el puerto de lugar y mucha gente se quedó en el otro lado de la isla. Guy Gabon, amiga y artista, está haciendo un largometraje sobre las comunidades afectadas que tuvieron que desplazarse en ese momento y que aún viven ahí. Actualmente, existe un observatorio construido después de 1976, en la cadena de montañas, donde se observa cada respiración de este volcán activo. No sabemos cuánto tiempo tomará en despertar.
5 NE: Aimé Césaire (1913-2008) fue un poeta y político martiniqués que insertó en las luchas por la autonomía el concepto de « negritud » como una estrategia de rechazo hacia la asimilación cultural francesa y un ejercicio de reconocimiento ante el sistema colonial que buscaba ejercer borraduras sobre las identidades caribeñas. En 1945, Césaire fue elegido como alcalde de Fort de France y diputado de Martinica, representando al Partido Comunista (del que años después se desvinculó).
6 Ver: Ronald Selbonne, Albert Béville alias Paul Niger: une négritude géométrique, Matoury: Ibis Rouge Éditions, 2013. Sobre los movimientos independentistas en Guadalupe escuchar: Séverine Cassar y Séverine Liatard, “Épisode 2 : Luc Reinette, itinéraire d’un indépendantiste guadeloupéen”, en Les indépendantismes, podcast, 9 de septiembre de 2016, 53 min, disponible en: https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/les-independantismes-24-luc-reinette-itineraire-dun.
7 Estas heridas son visibles, por ejemplo, en los ríos voluntariamente contaminados por el estado francés, como es el caso del uso de clordecona en las plantaciones de plátano. Para más información, consultar: Camille Bouko-levy, “Comprendre le scandale du chlordécone : empoisonnement, impunité et colonialisme aux Antilles françaises”, Mr Mondialisation, 20 de marzo del 2021, disponible en: https://mrmondialisation.org/comprendre-le-scandale-du-chlordecone-empoisonnement-impunite-et-colonialisme-aux-antilles-francaises/.
8 El espacio geográfico que hoy llamamos Caribe surge a partir de un proceso intenso de erupciones volcánicas, lo cual se suma a los procesos de derretimiento de los polos, los cuales provocaron que muchos territorios tengan una historia geológica de sube y baja en relación al océano.
Lakarayib koumansé adan difé é kontinyé chimen a-y an dlo. Kozé asi vòlkan.
Pou ba kozé-lasa on kadans, lèkti-la ka fèt ansanm èvè dotwa pawòl a chanté é èvè on poèm alantou a vòlkan Lasoufriyè, Gwadloup. Sé mòso-lasa sòti adan dé chanté : Soufrière a Arthur H., Daniel Maximin, é Nicolas Repac, épi La soufriè a Gérard Nerplat ; tin osi poèm La Soufriyè, Vyé madanm la, a Jean-Marc Ferdinand é K’Koustic , ou pé kouté-y èvè QR code lasa. https://open.spotify.com/playlist/5TTNFVguydc07mLKtNHROd?si=TNvgm2HbQ4GegUaSm8x0SQ&pi=u-pLZv1aepRESA.
L’Échelle
Yina Jiménez Suriel: An kouté on intèrvyou Suely Rolnik fè èvè Hubert Godard, ki sé on dansè, é i ka fè wouchach osi. Sé té alantou a travay a Lygia Clark. Adan intèrvyou-lasa, yo ka bokanté asi sa i ka fè ou ka gadé san vwè, é osi asi diféran mannyè ou pé gadé on biten. Gadé san vwè, sé lèwvwè ou pa konsyan enfòmasyon zyé a-w ka wousouwvwè, é magrésa, san ou savé, zyé-la ka wousouvwè-y é ka pran-y pou-y. Rolnik é Godard, ka sèvi èvè égzanp-lasa : si on mouch ka vin toupré zyé a-w, ou ké fèmé-y tou natirèlman, san menm ou désidé sa ; é poutan, ou vwè mouch-la, é sé sa ki fè ou aji, menmsi aksyon-la ou fè la, a pa on lidé konsyan ki di-w fè-y. Mannyè gadé lasa pli k’ay an chimen a imajinè é kolèktif, plito ki an sans a moun-la ki ka èsprimé-y la. Kivlédi, gadé-lasa pa ka rété pri asi sa ou vwè é ou ké analizé on jan fèmé é an sans a-w ki ta-w. Okontrè, i lontan pli laj…
Que l’île éclate ou coule demain sous l’océan, moi je suis terre. Si meurt la terre, je serai feu. Si meurt le feu je serai l’air.
Soufrière
Minia Biabiany: An kouté on intèrvyou Suely Rolnik fè èvè Hubert Godard, ki sé on dansè, é i ka fè wouchach osi. Sé té alantou a travay a Lygia Clark. Adan intèrvyou-lasa, yo ka bokanté asi sa i ka fè ou ka gadé san vwè, é osi asi diféran mannyè ou pé gadé on biten1. Gadé san vwè, sé lèwvwè ou pa konsyan enfòmasyon zyé a-w ka wousouwvwè, é magrésa, san ou savé, zyé-la ka wousouvwè-y é ka pran-y pou-y. Rolnik é Godard, ka sèvi èvè égzanp-lasa : si on mouch ka vin toupré zyé a-w, ou ké fèmé-y tou natirèlman, san menm ou désidé sa ; é poutan, ou vwè mouch-la, é sé sa ki fè ou aji, menmsi aksyon-la ou fè la, a pa on lidé konsyan ki di-w fè-y. Mannyè gadé lasa pli k’ay an chimen a imajinè é kolèktif, plito ki an sans a moun-la ki ka èsprimé-y la. Kivlédi, gadé-lasa pa ka rété pri asi sa ou vwè é ou ké analizé on jan fèmé é an sans a-w ki ta-w. Okontrè, i lontan pli laj…
YJS: Sa ou ka di la, asi mannyè gadé la, sa ka fè mwen sonjé sa an maké an bout a mwa-sèktanm, apré an vizité Jaden Botanik Nasyonal èvè Los Tejedores ; adan yo, tin Natalia Ortega é Ricardo Ariel Toribio. Lèwvwè nou rantré adan batiman-la la yo ka kolèktyonné sé diféran plant-la, Natalia mandé-mwen ès an té konnèt plant-la i té ka montré mwen la. Vwè i vwè figi an mwen, i di : Anp’onjan ou pé pa konnèt-li ! Plant-lasa2, sé anki asi lilèt-lasa i ka sòti, adan pati-la nou ka kriyé jòdla Ayiti ; é si nou ka vwè-y isidan koté-la nou yé la, sé davwa biyolojis dominiken é ayisyen travay ansanm, kifè plant-la rivé fè pitit isi – Ayiti, disparèt té ja près pran-y, parapòt a poblèm ékolojik.
Vwè plant-lasa asi téritwa-la ki sé Répiblik Dominiken jòdijou, sa ka montré-w lyannaj-la ki ni la, magré entérè a Éta-nasyon ayisyen é dominiken ; sa ka montré-w osi jan konnésans ka bokanté… Plis ankò, ou ka vwè mannyè téritwa-la limenm a-y pé fè sa ki fo, lè i bizwen sa, pou plant-la pé sa kontinyé jwé wòl a vivan a-y.
Sé dèpi sa, an ni lidé nou ni kèsyon andidan zyé an nou… Onlo moun palé é fè téori asi diférans ki ni ant « gadé » é « vwè ». Kantan mwen, an pismiyé suiv on dòt chimen, tala ka popozé aksyon ka fèt lèwvwè on moun ka santi-y toupré lézòt é vlé liyanné èvè-yo ; pou ni sé santiman-lasa, fò ou chèché fon adan voumenm a-w pou sav kimoun ou yé poubon. Sé pou sa, an enmé sonjé vòlkan… Aaa ! Davwa non a pogram a rézidans an ka dévoplé konyéla sé – dyèktèman – Vòlkan ki té ka dòmi. Répiblik dominiken, nou sèten pa ni vòlkan asi lilèt-la, men pouvré yo la, yo « étenn » kon moun ka di. Pou ègzanp, lontan an té ka tann palé asi Alto Bandera, kifè mwen ay vizité bò a-y. Anvré sé on vòlkan ki étenn, men an pa té ni zouti pou vwè-y, menm jan an pa té pé vwè plant-la.
MB: Sa kriyan, lè ou ka aprann òksèvé, lè ou ka aprann risanti… An ka sonjé èspas a montraj-la, é jan-la i liyanné èvè gadé a moun é èvè sé òbjé-la, épi jan moun ka déplasé. Sé pawòl-lasa ka chouboulé tout biten… Vòlkan ki té ka dòmi… Liyannaj an mwen èvè vòlkan pa menmparèy ki ta-w, an ka kwè.
YJS: Kijan ou ka liyanné èvè yo
MB: An lévé é an ka viv owa Lasoufriyè Gwadloup, on vòlkan ki pa étenn. An ka vwè-y ka voyé lafimé, é délè, lématen, tin on lòdè souf. Sé kon moun ki vivan, vivan, vivan. Lè i vlé, i pé fè latè-la tranblé… Jan-la an liyanné èvè vòlkan-lasa, sé davwa nenpòt lè i pé boulvèsé vi an mwen é ta fanmi an mwen. Sé rèspé ka liyanné-nou, pas ou ka konprann fòs a magma-la. On fòs manyétik ki byen la… I ka fè-nou sonjé lilèt-la ka kontinyé lonji. I ka pwotéjé men anmenmditan i danjéré. An 1976, vòlkan-la pété é sa lésé mak adan listwa a péyi Gwadloup : popilasyon-la i ka rété p’asi anba asi lilèt-la – Bastè – té obljié kouri séré p’asi anho – Granntè – , davwa vòlkan-la té ka fè konsi i té toupré pété. Men sa pa j’en fèt3. Dépi sa, moun a péyi-la kontinyé déplasé an sans-lasa ; sa boulvèsé jan popilasyon-la ka okipé èspas-la, é aktivité ékonomik a téritwa Gwadloup4.
YJS: Sé vré, sa vou é mwen nou viv parapòt a vòlkan pa menmparèy. Dapré-w, ou ka konprann ou ka kontwolé énèji a-w. É poutan, lè tin vòlkan ki pa étenn, a pa-w ki mèt.
Arété lanmizè, lè uit juiyé vou menm déranjé-w ou voyé sann ou voyé wòch…tou lé swa latè ka tranblé épi sé vyé koud-ren a-w la.
La soufriè
YJS: Vòlkan, sé koté ka wouvè pou anmitan Latè rivé lagé énèji. Kidonk, planèt-la pé jéré tanpérati jénéral a-y é, an bout, sa ka kréyé onséri liyannaj chak vivan asi Latè bizwen.
MB: Sé gras a yo si ni téritwa anho a lanmè-la, é si ni gaz ki mofwazé pou kréyé atmòsfè an nou… Lakarayib, jan i yé la, sé rézilta a plak ki kontré, ki déplasé, a vòlkan vivan ki pété.
Minia Biabiany, musa nuit (détail), 2020
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
YJS: Lakarayib koumansé adan difé é kontinyé an dlo. Sé la Listwa a montangn sòti – é, pou mwen, sé pwojé a vi an mwen –, é sé osi listwa a dlo ki adan èspas jéografik la nou konnèt-la, Lakarayib. Magré vòlkan a sé pli gran lilèt-la ja près « étenn », kanmenmsa yo ka fòmé chenn montangn vòlkanik, é sé sa ki ka fè bannzil-lasa. Lakarayib, sé rézilta a onséri montangn anmitan dlo… On èspas ki andélidé, anho ka pran lè é anba ka pran dlo ; é yochak an jan a-yo sé nich a lavi.
Listwa a montangn lasa, sé osi listwa a émansipasyon a Nèg-mawon. Dépi kolonyaliz éwopéyen, montangn a lilèt Lakarayib, ki ho, sé la prèmyé pèp a réjyon-la èvè Afriken ki té anbajouk kabéché é òganizé larézistans, é défann libèté a yo. Sé adan sé montangn-lasa – pou travèsé yo – chimen té ka trasé pou fannkann é chapé adan bitasyon é lizin a sik.
Pou mwen, listwa a libérasyon a pèp adan lilèt Lakarayib, sé moman ki pli konpliké, pli long adan listwa a montangn karibéyen, é sa pòkò bout. Cimarronaje, mawonnaj-la, nouri lidé a libérasyon ki vlé chouboulé pouvwa-la é kréyé dòt mannyè pou vin otonòm. É gras a bokantaj a syans é konpòtasyon an liyannaj èvè èspas jéografik la nou ka viv adan-y la, kivlédi èvè syans a tout vivan ka rété menm koté-la, sé menm lidé-lasa ka pasé, ka simé.
Nou tout ké pati, mé ou ké rété
sèten ou ja byen ri nou, lè ou fè tout moun kouri fou
nou pa jan pansé, on jou ou té ké lévé
La Soufriyè, Vyé madanm la
MB: Waaay ! Nou fè lantou a Latè… [ i ka ri]
YJS: Nou fè tout branch a planèt-la, avan nou rivé pwan kozé-lasa ki ka chayé sédiman ki ka fè montangn vwèjou.
MB: Sa posib voyé souf ba mouvman a gadé-la.
Le nez cassé
YJS: An ka sonjé on palé nou té palé, ou té rakonté-mwen listwa a on mètamannyòk endépandantis gwadloupéyen ki té mò adan swadizandi on aksidan aviyon adan montangn Gwadloup. An té ké vlé nou wouviré asi sa.
MB: Poudivré, tin dé mètamannyòk ki mò jou-lasa, on moun Gwadloup é on moun Lagiyàn : Albè Béville épi Jisten Catayée. Béville té administratè é Catayée té sénatè. Yo toulédé té ka voyé bon labou asi lasimilasyon é dépatmantalizasyon (davwa dépi 1946, ki Giyàn ki Gwadloup vin dépatman fransé). Adan palé a yo,yo toulédé té ka sèvi évè konnèsans a téritwa é pèp a yo chak : yonn ki sòti Lézanti, é lòt-la ki sé pitit a manman kontinan-la otila tin Lagiyàn fransé… Yo pran aviyon-la, yo konprann Émé Césaire5 té ké baké èvè yo osi, men anfinaldikont i pa monté. Jou 22 jen 1962, aviyon-la pété asi Déyè. Listwa ofisyèl ka di konsa sé on tanpèt ki fè si aviyon-la brizé-krazé anlè montangn-la. Moun a péyi-la – piplis sé péchè-la – ka di aviyon-la té ja pété avan i té vin krazé anlè montangn-la ; on pati tonbé an lanmè-la, é on dòt anlè montangn-la. Épi, sa nou pa ka rivé konprann, sé poukirézon aviyon-la té woufè dèmitou, si i té ja rivé Lapwent. Lamenmla, yo klasé bwèt nwè a aparèy-la « sèkré-déta ». Ja ni dotwa lanné, yo rivé gadé ka i té ni adan, davwa senkant lanné té ja pasé, kon lalwa a archiv sèkré ka di. Anvré, nou pa sav pouki yo mété-y archiv sèkré, davwa pa té ni ayen èspésyal adan… An tan-lasa, léjyonnè fransé pòtékò sasiné moun ki té manifèsté Lapwent an 1967 – sé on moman fondal adan listwa a réprésyon fransé kont mouvman endépandantis Gwadloup. Gouvèlman fransé té ja opozé Front Antillo-Guyanais ègzisté. Men pèp-la té ka kouté Béville é Catayée. Lanné swasann – swasanndis, lajennès ki té doubout kont viraj kapitalis é kolonyalis té ka fè fon si yo. Péyi Lafrik té libéré, pannansitan Gwadloup, sé té on moman-tan ki té cho toubòlman. Toutfwazékant, dotwa lanné apré, on dòt mouvman endépandantis vwèjou ; aprésa ankò, lanné katrèven, Alliance Révolutionnaire Caraïbe (ARC) ka parèt6.
Minia Biabiany, Travail préparatoire pour toli, toli, 2018 courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
YJS: Si nou ka konparé èvè sa ou ka podui, ès ou ni lidé travay a-w asosyé èvè sé listwa-lasa ? Adan on sans oben adan on dòt, ès ou ka santi sa ou ka fè liyanné èvè lidé a-w asi sé mouvman endépandans lasa ?
MB: Aksidan aviyon lasa, sé èvè-y an koumansé enstalé the unity is submarine : an travay èvè foto a mòso a aviyon-la, é an fabriké òbjé èvè branch é sèl, silon anrèjistrèman fotografik la. Men si nou ka viré gadé listwa, si konba pou lendépandans fèt, sé davwa sé moun-la vin konsyan klas sosyal a yo, yo wouvè zyé asi jan Léta rasis é asi tout pakèt privilèj Fransé ki té ka rivé é ki ka kontinyé rivé an péyi-la toulong, té ni. Tin plis koté konyéla pou endépandantis Gwadloup palé é konstwi mémwa a yo. Pou ègzanp, Gwoup Òganizasyon Nasyonal Gwadloup (GONG), sé yonn adan sé mouvman endépandantis-la ; lè yo fété 50 lanné a kréyasyon a-y an 2017, yo woupran rakontaj a konba a yo, yo lévé lavwa, on vwa ki té ja près anba latè : pouki ? An té ka konprann sé té padavwa yo té pèd lafwa, padavwa yo pa té gannyé konba-la. Pou mwen, an té ni lidé sa té two rèd rakonté sa ki té fèt, pas nou toujou anbajouk a Fransé. Kanmenmsa, tin bèl ouvraj fondal ki fèt adan larèl kiltirèl-la, èspésyalman pou kannaval-la, magré gouvèlman fransé éséyé fè moun pè, fè fòs é mènasé moun. É sé konsa nou twouvé nou kapab palé é pansé é pawòl-la di : « Ou pé pa fòsé idantité an mwen », « Ou pé pa fòsé-mwen pran idantité a-w ». Sé gras a konba, pawòl-lasa lévé ; sé on manman éritaj moun ka woukonnèt konyéla… An ka aprann onlo anlè listwa Gwadloup ki séré anbafèy. Adan travay an mwen, an ka santi jan-la an liyanné èvè désèrten lidé é òbjé, é menm èvè koté-la mwen adan-y la, sé davwa piti-a-piti an absòbé plizyè jéografi é plizyè moman-tan : é sé sa ka fè an pé kritiké lanviwonnaj an mwen. An ka byen vwè sa i k’ay an sans an mwen, sé piplis kèksyonné gadé-la : sé dézaprann gadé silon on gadé yo fòsé-mwen suiv. Oben, omwens, an pisimyé konstwi zouti an mwen ki tan mwen, pou bokanté èvè sa ki alantou an mwen.
YJS: Dapré mwen, sa ki entérésan, sé padavwa dousouman ou annéta fè moun konprann désèrten poblématik, kon adan toli toli. Ouvraj-lasa fèt pas tin on sistenm ka néyantizé mak a sonjé… An ka mandé-mwen : vou, poétik a-w ka sèvi èvè tousa ki sansasyon – é piplis tousa ki dous –, kijan ou ka asosyé sa chakmoun ka viv é sa konminoté-la ka viv, ansanm èvè vyolans kolonyal la ka travèsé kò an nou la ?
MB: An ka travay èvè sa an pa ka konprann é sa an ka asèpté pa kontwolé. Dapré mwen, sé konsa an ka rivé palé désèrten tématik ki ni doulè oben vyolans adan ; men pou sa, an ka fè diféran sans sonné, é adan an ka mèt osi sa an pa konnèt. Pou ègzanp, lè an fè toli toli, an tèt an mwen an té ni lidé a tout silans-la i ka pézé la lèwvwè ou pa konnèt koté-la ou ka rété la. Tin étidyan ki pa annéta di ki lilèt ki o nò, kilès ki o sid. Épi on jou, manman-mwen, ki ni swasant lanné, palé ban-mwen asi on chanté i té ka chanté lè i té timoun ; an pòtékò j’en tann-li. Chanté-la ni on ti balan, é i ka èché voyé sé moun-la i ka chanté-y é kouté-y la on dòt koté yo konnèt oben yo pa konnèt. Pou mwen, sé kon lè onlo moun ni lidé sa ki nòwmal, sé tousa ki andéwò Gwadloup. Kivlédi, kolonizatè-la mèt doubout on asimilasyon ki ja vin on modèl byen chouké an lèspri a moun : lékòl-la ké démouné-w, é ka di-w sé Léwòp ki référans a-w ; kifè Lakarayib two lwen sa i ka fè fòs a-y. Anmenmditan, tin diféran moun ki ka doubout kont sistenm a démounaj lasa. An sé pitit a dé pofésè ki ka voyé lékòl-la ho-ho-ho ; pou yo toulédé, fò ou té fè étid, davwa sé linivèsité ki fè si yo rivé touvé on travay péyé kon i fo. An menm balan-la, manman-mwen akimonslé onlo liv asi lèstravay ; i té ka achté tousa i té ka jwenn asi sijé-lasa.
Pou wouviré asi travay an mwen, fò di lasimilasyon fransé vyolan toubòlman, i anbafèy, i pa ka démòd ; men a pa toutlè i brital é klè é sé pou ki, on moun pé vwè-y lis é dous. Lòksidan, yo konstwi lidé a bonnè é plézi, a viv alèz a-w, asi frisi a dòt moun. Lè an ka sonjé jan politik é kolonyal liyanné èvè sa ki poétik, ou ka vwè yo ka jwenn adan lavi touléjou.
Minia Biabiany, Toli, toli, 2018
vidéo, courtoisie de l’artiste
credits photo Isabelle arthuis
YJS: Anmenmditan, an ka sonjé jan chakfwa sé diktati dominiken la brizé-krazé moun pannan syèk pasé la ; an tèt an mwen, sa k’ay èvè moman fò, èvè zimaj a san ki maké larèl èstétik la. Jis a konyéla, an té ka konprann vyolans toujou rèprézanté on mannyè rèd, men lè an ka pran tan plonjé adan rakontaj kolonyal la, an ka vwè a pa sa menm, okontrè…
MB: Moun ka konprann pouvwa-la toujou montré-y, té toujou la, akondi istati. Gwadloup, moun ka konprann nou toujou té adan sitiyasyon-lasa ; men nou té koloni, é nou vin dépatman an 1946. É yo pa j’en kouté sa pèp-la té ka pansé asi kèksyon-lasa, ès i té vlé vin sitwayen fransé, davwa yo fè-y révé on vi ki té ké pli bèl, é souvantfwa yo sèvi èvè Ayiti kon ègzanp alanvè.
YJS: Sa entérésan vwè Ayiti kon ègzanp alanvè, parapòt a poblèm ékonomik é sosyal Éta-nasyon lasa ka jwenn jòdijou ; poudivré, tout sé pwoblèm-lasa sé Lafrans jistèman ki kréyé yo lè i fòsé péyi-la péyé on dèt pou gannyé endépandans a-y… Èvè, machin néokolonyal a Mériken vin apiyé asi sé poblèm-la pli fò ankò, dépi koumansman a XXyèm syèk-la jis a konnyéla. Sa ki komik, Éta-nasyon dominiken konstwi é ka kontinyé doubout asi menm rakontaj-lasa ki ka di yo pa Ayiti. Men yo, sé piplis asi lidé rasis, davwa yo ka dérifizé afrodésandans ; é sé séla ki ni pouvwa ékonomik é politik, adan pati a lilèt lasa, ki mèt doubout fiksyon istorik ka rakonté « ka ki dominiken », é ka défann pwennviz kapitalis asi jan moun toupatou dwètèt viv.
Anplisdisa, an k’ay woupran on lidé on madanm politik dominiken, Minou Tavares Mirabal, twité. I té ka palé asi diktati, men mwen an ka laji lidé a-y, é an ka mèt adan otoritariz-la ki liyanné èvè réjim kolonyal la, èvè machin a kolonyaliz-la : sa ki pli konpliké pou tout réjim otoritè, sé jan-la i ka opozé-nou imajiné. Adan plizyè ouvraj ou fè, lidé-lasa la, séré.
MB: Vyolans-la Gwadloup adan-y la, a pa ta on diktati ; toutfwazékant, nou douwé palé asi konsékans a lasimilasyon dépi kat syèk. Nou douwé palé asi mannyè yo ka jwé èvè lèspri a pèp-la, yo ka fè-y kwè adan on lidéyoloji ki pa bon, linivèsaliz kolonyal òksidantal ; nou douwé palé asi konsékans a tousa andidan kè a moun. Fò analizé sa adan kontèks a on pèp ki anbajouk é ki ka kontinyé rézisté, men ki toujou anba on sistenm ka kontwolé-y toubòlman, èvè édikasyon a-y, administrasyon piblik a gouvèlman la, é dòt koté ankò. Dapré mwen, sa ki danjéré, sé lè ou ka fòsé moun kwè adan onsèl modèl kwayans, é souvantfwa sé sa ki fèt Gwadloup. Fò nou woupran libèté an nou, fò nou annéta envanté sans ki nèf ; é lè an ka di sa, an vlé di fò nou hélé é lévé ki kò an nou ki pwennviz an nou, davwa yo toulédé anba kontwòl a Lòksidan ki toupatou adan vi an nou. Kidonk, an ka wouviré asi kèksyon a-w, asi modèl fòsé la é jan travay an mwen liyanné èvè limajinasyon ; pyès-vidéo la pawòl sé van, k’ay an sans a libèté lasa, lè i ka vwè lè-la ka voplé-nou la kon éléman ki réyèl, ki ka aji é ki fò toubòlman, kon éléman ki sé tan-nou é ka fè-nou miziré é konstwi liyannaj an nou èvè laliwondaj on dòt jan.
Adan pawòl sé van, an ka kontinyé fouwajé adan pratik a tisé la. Van-la, lè souflé la, siklòn-la é lafimé-la, yo ka vin mésajé ka aji ; men, sa ka entérésé mwen osi, sé òksèvé-yo kon fénomenn, é konsa, adan èspéryans-la, an pé sèvi èvè dòt liyannaj. An chwazi osi òbjé ki chajé é sans, kon lanbi-la, Lambis lambis, ki senbòl a rézistans a sé Nèg-mawon la ; é osi, lè ou ka mété-y an zòrèy a-w, ou pé tann son a lanmè-la, é sa pè osi batman a kè-la. Sé on zouti ki pé rédé-w kouté voumenm a-w. Sa an ka èché, sé fè moun tann é risanti, fè moun rivé palé èvè laliwondaj a-y ; sé fè fon asi fòs an nou, asi sa nou pé fè noumenm an nou, pou bokanté ansanm-ansanm, lwen opozisyon fèmé a Lòksidan « moun-lanati ». Pou mwen, van-la ka aji, ka pwotéjé oben ka détwi ; sé on prensip ki ka di kijan nou annakò èvè téritwa-la, ki ka di blès a Lagwadloup é Lakarayib7.
J’aimerai même pour un court instant retourner à la mer.
Soufrière
Minia Biabiany, j’ai tué le papillon dans mon oreille (détail), 2021
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
MB: Yo kréyé on dépandans, afòs jwé an tèt an nou, kifè nou pé pa imajiné, vwè noumenm ka nou yé, fè fon asi nou. Modèl kolonyal la ki anplas la dépi listwa a Kristòf Kolon, i la toujou ; i doubout asi lidé a Laréyisit, a opozisyon Bon kont Mové, é osi asi on lidé a rèkonésans ou douwé ni, kèlanswa tousa sa ka kouté. Lendépandans a lèspri pa janmen èkzisté. Pou Gwadloup, yo pa j’en ba pèp-la mwayen ranjé zafè a-y. Onlo koté, moun pa rivé woupran konfyans poubon oben pa touvé libèté pou fè-y.
YJS: Dapré mwen, wouchach a-w annakò èvè lègzèsis a-w, é pédagoji a-w ; davwa adan, ou ka èché métòd pou limajinasyon vin pli fò, é pou fè kò-la konprann tin dòt èspas ki pé fè nou envanté nou. Si nou ka rézimé pratik a-w an dé mo kat pawòl, travay a-w fèt èvè lègzèsis pou vin otonòm.
MB: Sa pou fè sé wouvè èspas, wouvè èspas andidan kò-la, é ou pé fè-y lè ou ka gadé é santi, é lè ou ka mèt sans a-w annakò. Tin listwa Gwadloup an pa konnèt é an té ké vlé konnèt. Délè, an ka santi mwen lwen lwen lwen téritwa-lasa, lwen rakontaj a-y é tan a-y. É an ka mandé-mwen : « Kijan an pé fè pou liyannaj-lasa wouparèt onsèl kou ? Kijan an pé ni liyannaj-lasa ankò ? »
Adan kò-la, tin plizyè konnésans. Nou pé sèvi èvè otonomi anki si nou ka ban-noumenm dwa òksèvé é pran tan pou woukoumansé bay kadans an nou. Lidé a opasité é liyannaj té zouti fondal ki rédé-mwen koud diféran éléman ansanm é an jan an mwen. Wouchach an mwen pòkò bout, okontrè, i pòkò fèmé menm. Imajiné pli lwen ki onsèl listwa, sé sa ka entérésé mwen…
YJS: Vou é mwen nou fèt adan kontèks ka fè nou toujou pé wouviré asi sa ki ni é nou pé aji si sa : sé on fòs oséryé.
Minia Biabiany, musa nuit, 2020
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
La Citerne
YJS: Yè, an wouvwè film a Wèrnè Herzog, La Soufrière. Si ni on biten ki maké lèspri an mwen, sé tout atann pou atann la, é sa ki dwòl, sé atann-lasa, kanpo-lasa ka fè moun-Latè liyanné èvè vòlkan.
MB: Wi, sa sèten, kadans-lasa a pa ta moun asi Latè, ou pa j’en sav, yo pa ka anonsé… [I ka ri]
On gran pousyè, anvayi syèl an-nou
moun ozabwa, pasav ka i ka pasé
on gran kout nwèsè, an plen midi, mé ka sa yé ?
La Soufriyè, Vyé madanm la
MB: An ka sonjé dézòd-la, vòlkan-la é silans-la. An ka kriyé Lasoufriyè Gadyèn-la, davwa i ka ba-w lidé i ka véyé tout biten anlè lilèt-la ; ou pé vwè-y dépi diféran koté. É poutan, moun Gwadloup ka kriyé-y « Gran madanm la ». An ka touvé sa entérésan, yo ka fè konsi sé té on moun-daj, kon moun ka miziré fòs a-y é ki plen konnésans.
Gwadloup tin sis lilèt ki sé rézilta a diféran tan jéolojik. Adan yo, tin yonn – Dézirad –, ki sòti an tè a Lézanti minè ni owa santenn milyon lanné. Sé yonn adan koté ki pli ansyen asi Latè.
YJS: Mémwa a dòt linivè !
MB: Wi. Osi, Granntè, tin plizyè kouch kalsyòm ka kouvè lilèt-la. Sé on fòmasyon vòlkanik ansyen ansyen, ki pétèt rété anbadlo konmen milyé lanné, é ki sòti dèwò èvè sé nouvo rèstan minéral lasa.
YJS: Aa ! On dansé ! [I ka ri]
Que l’île éclate ou coule demain sous l’océan, moi je suis terre. Si meurt la terre, je serai feu. Si meurt le feu je serai l’air.
Soufrière
YJS: Pou mwen, sa nou k’ay konstwi ké annakò èvè lidé a travay ansanm-ansanm, é sa noumenm an nou ka menné oben ka jéré ; sé lidé-lasa ké dépann an ki mannyè nou ka woulé èvè koté-la nou ka viv adan-y la.
Nou bizwen aprann sanblé konésans a sé jénérasyon-la ki té avan nou la – piplis chakfwa –, davwa nou pé ké doubout èvè sa nou aprann linivèsité. Sa pé ké konsa.
MB: Kijan nou ka rivé chanjé sa nou ka èspéré ? Woumèt émosyon an mouvman, sa vlé di kréyé dòt èspas pou gadé é risanti, é lagé pwennviz éwosantrik la ka fòsé-nou asèpté larèl ki pa tan-nou é ki ka véglé sansasyon an nou.
YJS: An sèten nou pé konstwi lidé a viv ansanm-ansanm, nou pé rédé fè moun ni on konsyans a koté-la yo ka rété la, èvè plézi. An ni lidé onlo zanmi é fanmi pa ka konswa plézi kon mòso fondal adan vi an nou, andéwò a travay-la.
MB: Si Puisans a gadé-la fò, sé dawa i pé mannyé blèsman ki kaché, wousouvwè-y, é chanjé modèl fòsé la. An pa vlé sé privilèj éwopéyen la ka ba-w lidé a plézi la ; nou douwé wouvwè lidé-lasa èvè zyé é èkspéryans an nou.
YJS: Sa ki fondal, fò nou défann lidé a plézi davwa tin on lidéyoloji òksidantal èstraktivis a lavi. É la, an ka wouviré asi sa ou té ka di asi tousa ki anba lòspsyon a sikolojik é politik, sa Suely Rolnik ka kriyé lenkonsyan kapitalis kolonyal…
Minia Biabiany, qui vivra verra, qui mourra saura, 2019
Installation, courtoisie de l’artiste credits photo Isabelle arthuis
davwa sé vou sèl, mèt a ladèstiné nou ja konprann…rèspé pou vou !
La Soufriyè, Vyé madanm la
Nòt pou bout : Toupannan kozé-lasa té ka maké é édité, vòlkan a Senvensan-é-Légrènadin, Lasoufriyè, koumansé pété akontinyé dépi jou 9 avril 2021, apré i rété 42 lanné ka dòmi.
1 Suely Rolnik “Regard aveugle. Entretien avec Hubert Godard” adan Lygia Clark de l’œuvre à l’événement. Nous sommes le moule. A vous de donner le souffle, Nant : Musée des Beaux-Arts de Nantes, 2005, 73-78 . Oben vwè : Lygia Clark, Archive pour une œuvre-Projet d’activation de la mémoire culturelle d’une trajectoire artistique et son contexte, DVD, édité par Suely Rolnik, Pari : Carte Blanca Éditions – Les Presses du Réel, 2011.
2 Non a plant-lasa sé Clavija domingensis.
3 Nòt a sé éditè-la : Lasoufriyè voyé gaz é sann, men sa pa rivé jis an faz magmatik la. Magrésa, i sali dlo-la é tè-la, é plizyé tranblanntè fèt, ki boulvèsé kondisyon ékolojik an vil-la.
4 Avan sa, sé té Bastè ki té potomitan adan ékonomi a lilèt-la ; men i pa j’en woupran plas douvan a-y, davwa yo déplasé pò-la, é onlo moun rété lòt koté a lilèt-la. Gi Gabon, ki sé on zanmi artis, ka réyalizé on lonmétraj asi sé krèy moun-lasa ki déplasé an tan-lasa é ki ka rété la toujou. Jòdla, tin on òksèvatwa yo konstwi apré 1976, asi chenn montangn la. Yo ka gadévwè chak ti souf a vòlkan vivan lasa. Nou pa sav konmen tan i ké pran pou lévé poubon.
5 NE : Aimé Césaire (1913-2008), sé on poèt é on nonm politik matiniken, ki voyé lidé a « Négritid » douvan, adan konba pou lotonomi : sé té on èstratéji pou dérifizé lasimilasyon a kilti fransé, é anmenmditan, sé té on mannyè pou sistenm kolonyal la woukonnèt sé idantité karibéyen la.
6 Vwè : Wonal Selbonne, Albert Béville alias Paul Niger : une négritude géométrique, Matouri : Ibis Rouge Éditions, 2013. Asi mouvman endépandantis Gwadloup, kouté : Sévrin Cassar é Sévrin Liatard, “Épisode 2 : Luc Reinette, itinéraire d’un indépendantiste guadeloupéen”, Les indépendantismes, 2016, pòdkas, 53 min : ou pé kouté-y isi : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/les-independantismes-24-luc-reinette-itineraire-dun.
7 Ou pé vwè sé blès-lasa, pou èkzanp, adan rivyè léta fransé sali pannèspré, kon èvè klòrdékòn-la yo simé adan sé chan-bannann la. Pou ni plis enfòmasyon asi sa, gadé « Comprendre le scandale du chlordécone : empoisonnement, impunité et colonialisme aux Antilles françaises », M. Mondialisation, 20 mas 2021, anlè adrès-lasa : https://mrmondialisation.org/comprendre-le-scandale-du-chlordecone-empoisonnement-impunite-et-colonialisme-aux-antilles-francaises/.
8 Èspas jéografik la nou ka kriyé Lakarayib la, sé rézilta a onpakèt vòlkan ki pété, é osi a pòl ki fonn ; kifè, onlo téritwa tin on listwa jéolojik on kou anho on kou anba, parapòt a loséyan-la.
Laisser un commentaire