L’art pour régénérer les récifs coralliens

A l’heure du désastre écologique planétaire annoncé, comment l’art prend-il en compte cet enjeu aujourd’hui majeur ? Quelle efficacité concrète peut-il y avoir dans cette course contre la montre peut- être déjà perdue ?

En dépit de quelques tentatives annonciatrices isolées, parfois difficilement décryptables, l’action 7000 Chênes de Joseph Beuys à la Documenta de Kassel en 1982 est communément acceptée comme un jalon décisif, comme l’acte de naissance de l’art écologique. Désormais des activistes de plus en plus nombreux placent la problématique environnementale au centre de leurs créations tout en renouvelant les formes plastiques.

Ces plasticiens œuvrent dans la nature et surtout pour la nature, engagent un processus de riposte contre sa destruction et génèrent un résultat environnemental positif.

Ainsi Jérémy Gobé explore, entre art, science et industrie, différentes tentatives de sauvetage du corail marin.

Les récifs coralliens sont les écosystèmes les plus riches et les plus productifs de la planète. Ils abritent une biodiversité exceptionnelle et offrent un panorama sans pareil de la vie sous-marine car ils abritent vingt-cinq pour cent de la biodiversité marine. En outre, comme les forêts, les récifs de coraux sont de formidables capteurs de CO2.

Ils longent plus de cent cinquante mille kilomètres de côtes dans plus de cent pays et réduisent considérablement les dommages dus aux tempêtes et ouragans, de même qu’ils absorbent l’énergie dévastatrice des tsunamis. Sans cela, certains pays situés dans des atolls, comme les Maldives, Kiribati, Tuvalu et les Îles Marshall n’existeraient plus. C’est une richesse à sauvegarder.

Corail Artefact / Maille Cerveau de Neptune, installation 4
2021
Laine de récupération tricotée en jacquard et tissus provenant des rebuts du monde de la mode, béton écologique.
Jacquard knitted reclaimed wool and fashion scrap fabrics, ecological concrete.

Dimensions variables

La démarche artistique de Jeremy Gobé reste centrée, quel que soit le projet, sur ce principe de restauration de la nature : Corail artefact-Coalition, Corail artefact-régénérationCorail artefact Maille cerveau de Neptune, Saving corals. Artiste pluridisciplinaire, créateur de Corail Artefact, il développe un projet expérimental sur la préservation et la régénération des récifs coralliens.

Jeremy Gobé a en effet créé en collaboration avec les dentellières du Mobilier National, dans de nouvelles fibres propices à l’intégration dans le milieu naturel, une dentelle dont le dessin reproduit un motif proche de la structure du corail afin d’accompagner le développement de boutures de coraux qui finissent par s’approprier cet élément textile et recommencent à se développer normalement.

Bouturage de coraux sur une dentelle créée en collaboration avec les dentelières du Mobilier National, dans de nouvelles fibres propices à l’intégration dans le milieu naturel. Elle reproduit un motif proche de la structure du corail afin d’accompagner le développement de boutures de coraux qui finissent par s’approprier cet élément textile

En 2021, il a installé des échantillons de cette dentelle très spéciale dans l’aquarium extérieur de Coraïbes au Gosier, au plus proche des conditions marines réelles. Coraïbes est la première société de Guadeloupe dédiée à la restauration écologique marine, adossée à la structure de l’Aquarium. Avec un accès direct à la mer, et grâce à son équipe de plongeurs professionnels et de biologistes marins, elle est en mesure de procéder à de nombreuses études et travaux de restauration écologique.

Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Nancy et de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Jeremy Gobé positionne son travail artistique au cœur des enjeux sociaux et environnementaux de notre société contemporaine. L’œuvre de Jeremy Gobé me paraît exemplaire et émouvante, d’autant plus que son action concerne les récifs coralliens que nous savons menacés dans notre environnement immédiat de la Caraïbe.

C’est un éco- artiste qui choisit l’éthique comme moteur de sa création. Par son engagement, par son geste, il tente une riposte contre la dégradation de la nature. C’est un art responsable au service d’une cause environnementale. L’art ne se contente plus d’apporter un témoignage et de produire des formes esthétiques. Il s’allie désormais à la recherche scientifique et agit sur l’environnement. C’est que toutes les interventions artistiques au cœur de la nature n’ont ni le même degré d’engagement ni la même valeur. Tout art dans la nature n’est pas forcément un art pour la nature.

Dominique Brebion : L’idée de réparation n’était-elle pas déjà présente dans les œuvres créées entre 2009 et 2016, par exemple Prison de forces vives, L’imagination de la nature. Vous créez en effet à partir de textiles qui proviennent d’usines en passe d’être fermées et de meubles cassés, ce qui démontre, semble-t-il, une attention à un tissu économique fragilisé et à des objets de récupération.

L’imagination de la nature 5
2016
Noix de coco, tissu des Vosges, chaise de récupération.
Coconut, Vosges fabric, salvaged chair.51 * 58 * 85 cm

Jeremy Gobé : Tout à fait, c’est vraiment le moteur de mon élan créatif, donner de l’Energie à ce qui semble ne plus en avoir. L’idée aussi de synergie est très importante pour moi, comme en mathématique lorsque l’on dit que – par – fait +. Je crois qu’en associant les problématiques, on peut arriver à trouver une solution centrale qui rayonne pour chacun des éléments mis en jeu.

DB : L’intérêt pour le corail apparaît dans des dessins de 2011 et dans Corail Restauration également de 2011, qu’est-ce qui a déclenché la prise de conscience de la dégénérescence du corail ? 

Corail Restauration, dessin 6
2011
Dessin à la pierre noire
Black chalk drawing.
50 * 65 cm

JG : Après avoir trouvé ces premiers coraux à Emmaüs, je les ai tout de suite dessinés car j’avais l’intuition qu’ils ne resteraient pas dans cet état. Ils étaient encore humides quand je les ai trouvés et je savais que les maintenir hors de l’eau allait enclencher un processus que j’identifierai après comme une fossilisation.

Corail Artefact / Espoir quantique, série 1 : La Réunion (Isopora palifera), Broderie
2023
Laine brodée à l’aiguille sur tissu.
Needle-embroidered wool on fabric.
73 * 92 cm

J’ai entamé des recherches, d’abord motivées par l’esthétique de ces formes, et j’ai appris qu’il s’agissait en fait de squelettes. Ce qui m’a amené à rechercher leur forme dans le vivant et ainsi à découvrir plus d’informations sur les coraux, de leur importance à leur état dégradé.

DB : Pratiquez-vous la plongée sous- marine ? 

JG : Non, j’ai vraiment un rapport formel dans tous les sens du terme avec le corail. J’ai même une certaine peur des fonds marins mais là encore j’ai l’instinct qu’il faut protéger cet espace encore méconnu de notre planète et pourtant si important pour notre survie.

DB : Dans le même temps, deux œuvres de 2011 présentées côte à côte sur votre site, Ronde et Corail Restauration montre votre intérêt pour la structure des matières…

Corail Restauration, Variation 1
2011
Squelette de corail, porcelaine froide.
Coral skeleton, cold porcelain.
20 * 15 * 22 cm

Ronde
2011
Sangle de tapissier, clous, résine, tréteaux en bois.
Upholsterer strap, nails, resin, wooden trestles.
Diamètre : 160 cm
Collection privée / Private collection

JG : Pour moi structure, forme, matière, origine, histoire, tout cela est un tout. Je n’utilise jamais des matériaux ou des objets sans savoir pourquoi. Il n’y a pas besoin de trop y réfléchir mais juste à mon sens pour qu’une œuvre soit aboutie, elle doit porter en elle le plus de conscience possible.

Corail Restauration, Variation 2
2011
Squelette d’oursin, tricot.
Sea urchin skeleton, knitting
25 * 25 * 10 cm

DB : La place du corail dans vos œuvres évolue. D’abord présenté ou intégré tel quel dans des installations, il devient un matériau de l’art par exemple dans Corail artefact de 2018 avant de devenir un sujet de recherches scientifiques, pouvez- vous retracer ce cheminement et expliquer comment vous en êtes arrivé à cette idée de régénérer le Corail ? 

JG : Tout s’est enchaîné logiquement. Revitaliser et remettre en lumière le tissu industriel était une étape pour pouvoir augmenter et élargir cette synergie au vivant, avec l’exemple du tissu corallien. Je dirai que toutes les préoccupations qui sont l’ADN de corail artefact ont toujours été en moi et que plus je me suis connu, écouté et compris, plus les éléments sont devenus cohérents, emboîtés et pouvant ainsi commencer à développer leur plein potentiel.

Corail Artefact / Sculpture 2
2018
Cadre, squelette de corail, dentelle, peinture.
Frame, coral skeleton, lace, eco paint.
30 * 50 * 25 cm
Collection privée / Private collection

Corail Restauration, Variation 7
2016
Squelette de corail, guéridon en bois.
Coral skeleton, wooden pedestal table.
40 * 50 cm

DB : Où en sont aujourd’hui vos expériences de régénération, en Guadeloupe par exemple ou ailleurs. Quelles sont les avancées positives ?

JG : J’ai obtenu un premier brevet pour le système de bouturage par impression 3D que j’ai développé, ce qui représente une première belle victoire scientifique et industrielle pour moi, venant d’une formation purement artistique.

Je poursuis le développement de mes supports en dentelle, cela demande du temps car j’ai également développé un bio polymère inédit entièrement écologique avec lequel j’aimerais réaliser ces supports textiles.

J’ai également développé un béton écologique qui sur terre sert à la construction d’œuvres pérennes écologiques pour servir de support de la régénération des récifs.

Ces deux derniers développements sont en cours d’instruction auprès de l’INPI.

En parallèle à cela, je collabore à des projets de recherche où j’apporte mes matériaux, mes process et mes idées.

Je poursuis également le développement des autres piliers du projet avec des expositions bien sûr mais aussi des contenus pédagogiques, …

Corail Artefact / CCA1 Solides de Platon – Immersion
2019
Icosaèdre, dodécaèdre, cube, pyramide et octaèdre en béton écologique Corail Artefact CCA1 inventé et développé par l’artiste.
Icosahedron, dodecahedron, cube, pyramid and octahedron made of ecological concrete Coral Artifact CCA1 invented and developed by the artist.
Dimensions variables

DB : Le béton écologique et la solution de bouturage que vous avez mis au point sont – ils fonctionnels ?

JG : Tout à fait, et ils ont toujours été pensés pour être à la fois fonctionnels et industrialisables. Je souhaite aller au bout de mes idées et de mes démonstrations, sinon j’aurai l’impression de ne pas arriver à accomplir tout le chemin.

DB : Quelles sont les prochaines étapes ?

JG : Outre poursuivre la lancée des éléments précités, mon objectif est de développer l’activité économique autour de Corail Artefact. Tant que notre société sera régie par les capitaux, la démonstration finale de ce projet sera la production de ces derniers. En parallèle, je souhaite développer des actions « non profit » avec des structures partenaires.

DB : Pensez-vous qu’aujourd’hui, l’une des fonctions de l’art serait de réparer le monde et dans quelle mesure est-ce possible ?

JG : Mon art oui, je ne peux pas parler au nom de tous les artistes. Pour moi c’est ce qui légitime mes créations alors que chacun, pour faire face au monde qui se dessine, doit être dans l’économie, l’épure. Je pense également qu’au-delà de réparer la nature, l’art peut aider à tisser un lien entre l’Homme et la Nature. C’est une question centrale, pour moi c’est notre éloignement physique et émotionnel à la Nature et à notre part d’elle en nous qui nous amène à la situation actuelle.

Capture de l’application en réalité virtuelle de Corail Artefact / Reproduction numérique d’un squelette de corail et de dentelle au motif point-d ’esprit.

Corail Artefact, fondé par l’artiste plasticien Jérémy Gobé, allie l’art, la science, l’industrie et l’éducation pour sauver les barrières de coraux.

DB : D’une certaine manière, votre démarche redéfinit le statut de l’artiste puisque vous œuvrez entre création artistique, recherche scientifique, collaboration   industrielle et entrepreneuriale, médiation, comment coordonner toutes ces fonctions ? Comment s’organise le travail au sein de votre équipe d’assistants ?  La collaboration avec d’autres métiers tient aussi une grande place dans votre démarche, brodeuse, bijoutier, céramiste et bien d’autres …

JG : Je ne pense pas la redéfinir, mais plutôt ré apprivoiser une vision de la création plus ancienne, plus du type de celle que l’on pouvait trouver à la Renaissance, loin de la vision de la Bohème moderne.

Je n’ai pas d’assistant, je réalise l’ensemble des éléments du projet et je transmets ensuite mes indications à mes partenaires et prestataires. Je pense que la rédaction d’un brevet autant que créer un langage commun avec tous les corps de métiers que je réunis fait partie de mon œuvre et est peut-être la forme, certes immatérielle, mais la plus aboutie de mes créations.

DB : Avec des œuvres comme Conversation ex situ, on a le sentiment que ce n’est pas tant l’objet d’art lui-même qui importe mais qu’il a plutôt une fonction de passeur qui diffuse et promeut une idée, celle de l’urgence de sauver le corail….

Corail Artefact / Conversation Ex Situ
2021
Cinq livres coffrets sculptés en matériaux divers (coton, métal, nacre, etc.), coffret, dessin à la pierre noire.
Five boxed books sculpted in various materials (cotton, metal, mother-of-pearl, etc.), casket, book, black chalk drawing.
Dimensions variables
Vue d’exposition, FIAC, Grand Palais Éphémère, Paris, France, 2021.

JG : Je préfère ne pas choisir, toujours être dans l’idée de synergie et penser qu’il n’y a pas de raison de choisir, de se priver de l’esthétique, du message, des échanges, … Je ne sais pas pourquoi l’on pense que ce n’est pas compatible, en tout cas pour ma part je cherche constamment à accroître les énergies, démultiplier les possibles.

 

Entretien avec Dominique Brebion Juillet 2023

Art to regenerate the coral reefs

At a time when worldwide ecological disaster is predicted, how can art take into account an issue that is so important today? What practical effectiveness can there be in this race against time, a race which may already be lost?

Leaving aside a handful of one-off, prophetic attempts, which are sometimes hard to decipher, Joseph Beuys’ 7000 Oaks project at the Documenta in Kassel in 1982 is widely accepted as a decisive step and the birth of ecological art. Today, more and more activists are placing the environmental issue at the centre of their work, while renewing artistic forms.

These artists work in nature and most of all for nature, developing a counterattacking process against natural destruction and generating a positive environmental result.

Jérémy Gobé combines art, science and industry to explore different ways of preserving marine coral.

The coral reefs are the planet’s richest and most productive ecosystems. They are home to exceptional biodiversity and provide an unparalleled panorama of underwater life, since they contain 25% of the sea’s biodiversity. And, like the forests, coral reefs are great collectors of CO2.

They range alongside 150,000 kilometres of coastline in over 100 countries, greatly reducing the damage from storms and hurricanes, as well as absorbing the devastating energy of tsunamis. Without them, some countries situated in atolls, such as the Maldives, Kiribati, Tuvalu and the Marshall Islands, would no longer exist. They are a richness to be preserved.

Corail Artefact / Maille Cerveau de Neptune, installation 4
2021
Laine de récupération tricotée en jacquard et tissus provenant des rebuts du monde de la mode, béton écologique.
Jacquard knitted reclaimed wool and fashion scrap fabrics, ecological concrete.

Dimensions variables

In all his projects, Jeremy Gobé’s artistic approach is centred on the idea of restoring nature: Coral Artefact-Coalition, Coral Artefact-RegenerationCoral Artefact – Stitch Brain of Neptune, Saving Corals. He is a versatile artist, the creator of Coral Artefact, and has developed an experimental project to preserve and regenerate the coral reefs.

Jeremy Gobé worked with the lace-makers from the Mobilier National to create a lace using new fibres that are adapted to the natural habitat. The lace’s design reproduces a pattern similar to the structure of coral to help foster the development of coral fragments. The fragments will eventually grow on the textile element and begin to develop in a normal way once again.

Bouturage de coraux sur une dentelle créée en collaboration avec les dentelières du Mobilier National, dans de nouvelles fibres propices à l’intégration dans le milieu naturel. Elle reproduit un motif proche de la structure du corail afin d’accompagner le développement de boutures de coraux qui finissent par s’approprier cet élément textile

In 2021, he installed samples of this very special lace in the outdoor aquarium at Coraïbes in Le Gosier, in sea conditions very similar to those found in nature. Coraïbes is the Guadeloupe’s leading company dedicated to the ecological restoration of sea life and has set up the nearby aquarium. With direct access to the sea, and helped by a team of professional divers and sea biologists, the company carries out a wide range of studies and projects on ecological restoration.

Jeremy Gobé is a graduate of the École Nationale Supérieure des Beaux-Arts in Nancy and the École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs in Paris. His artistic work aims to be at the heart of the social and environmental issues of our contemporary society. Jeremy Gobé’s work seems to me exemplary and moving, especially since his initiatives focus on coral reefs, which we know are endangered in our Caribbean environment.

He is an ecological artist who has chosen ethics as the driving force of his work. Through his commitments and technique, he seeks to fight against the deterioration of nature. This is a responsible form of art in favour of an environmental cause. It is no longer enough for art to be a witness and to produce aesthetic forms. It is now allied with scientific research, and it acts on the environment. Because not all artistic projects developed in nature have the same degree of commitment or even the same value. Not all art in nature is necessarily art for nature.

Dominique Brebion : The idea of reparations was already present in his works made between 2009 and 2016, for example, Prison of Living Forces and The Imagination of Nature. You use textiles from factories that are about to close down and broken furniture in your work, what seems to show you are attentive to the fragile economic fabric and to recycling objects.

L’imagination de la nature 5
2016
Noix de coco, tissu des Vosges, chaise de récupération.
Coconut, Vosges fabric, salvaged chair.51 * 58 * 85 cm

Jeremy Gobé : That’s right, it really is the driving force of my creative impetus, to give Energy to things that seem no longer to have any. The idea of synergy is also very important to me, like in mathematics, when you say that – times – makes +. I think that by combining issues, you can find a central solution that radiates across each of the elements involved.

DB : Your interest in coral appears in drawings from 2011 and in Coral Restoration, also from 2011. What sparked your awareness of the deterioration of coral?

Corail Restauration, dessin 6
2011
Dessin à la pierre noire
Black chalk drawing.
50 * 65 cm

JG : After finding my first corals at Emmaüs, a secondhand shop, I immediately drew them since I sensed they would not stay in the same condition. They were still wet when I found them, and I knew that keeping them outside water would trigger a process that I identified later as fossilisation.

Corail Artefact / Espoir quantique, série 1 : La Réunion (Isopora palifera), Broderie
2023
Laine brodée à l’aiguille sur tissu.
Needle-embroidered wool on fabric.
73 * 92 cm

I started to do research, at first motivated by the aesthetics of the coral shapes, and I found out that they are in fact skeletons. This led me to look for coral shapes in the living environment and to do more research into corals, from their importance to their damaged condition.

DB : Do you dive underwater?

JG : No, I really have a formal relationship with coral in all the senses of the term. I am even a bit afraid of the sea depths. But here again, I know instinctively that we need to protect this still little-known part of our planet, but one which is so important for our survival.

DB : At the same time, two works from 2011, displayed side by side on your website, Round and Coral Restoration, show your interest in the structure of materials…

Corail Restauration, Variation 1
2011
Squelette de corail, porcelaine froide.
Coral skeleton, cold porcelain.
20 * 15 * 22 cm

Ronde
2011
Sangle de tapissier, clous, résine, tréteaux en bois.
Upholsterer strap, nails, resin, wooden trestles.
Diamètre : 160 cm
Collection privée / Private collection

JG : To me, structure, form, matter, origin and history all form a whole. I never use materials or objects without knowing why. There is no need to think too much about it, but in my opinion if a work is to be an artistic success, it must carry within it as much awareness as possible.

Corail Restauration, Variation 2
2011
Squelette d’oursin, tricot.
Sea urchin skeleton, knitting
25 * 25 * 10 cm

DB : The place of coral in your works has changed. It was initially presented and included as such in installations, but later turned into an artistic material, for example in Coral Artefact in 2018, before becoming a subject for scientific research. Can you retrace this process and explain how you came upon the idea of regenerating coral?

JG : It was all a logical development. Revitalising and promoting the industrial fabric was a stage in the capacity to increase and broaden the synergy to living things using the example of coral. I’d say that I have always felt all the concerns that are the DNA of Coral Artefact, and the more I knew, listened and understood myself, the more the elements became coherent, fitted together and could begin to develop their full potential.

Corail Artefact / Sculpture 2
2018
Cadre, squelette de corail, dentelle, peinture.
Frame, coral skeleton, lace, eco paint.
30 * 50 * 25 cm
Collection privée / Private collection

Corail Restauration, Variation 7
2016
Squelette de corail, guéridon en bois.
Coral skeleton, wooden pedestal table.
40 * 50 cm

DB : What is the situation today with your regeneration experiments in Guadeloupe, for example, and elsewhere? What breakthroughs have you made?

JG : I now have a first patent on the coral-fragment development system using 3D printing which I developed. This was a first big scientific and industrial achievement for me, since I come from a purely artistic background.

I am still working on my lace materials, which takes time because I have also developed a new, environmentally friendly biopolymer which I would like to use to make textile materials.

I have also developed an ecological concrete which can be used on land to build lasting, ecological works as a basis for regenerating the coral reefs.

Both these developments are currently patent-pending.

At the same time, I am taking part in research projects where I contribute my materials, my processes and my ideas.

I am also continuing to develop other project elements with exhibitions, of course, as well as educational content.

Corail Artefact / CCA1 Solides de Platon – Immersion
2019
Icosaèdre, dodécaèdre, cube, pyramide et octaèdre en béton écologique Corail Artefact CCA1 inventé et développé par l’artiste.
Icosahedron, dodecahedron, cube, pyramid and octahedron made of ecological concrete Coral Artifact CCA1 invented and developed by the artist.
Dimensions variables

DB : Is the ecological concrete and the coral-development solution you have developed already operational?

JG : Absolutely, and they have always been designed to be both practical and useful to industry. I want my ideas and project demonstrations to bear fruit, otherwise I would feel I had not have gone the whole way.

DB : What are the next steps?

JG : As well as continuing the momentum from the elements already mentioned, my aim is to develop economic activity around Coral Artefact. For as long as our society is ruled by capital, the final demonstration of the project will be the production of capital. At the same time, I want to develop non-profit initiatives with partners.

DB : Do you think that today one of the roles of art is to repair the world, and how far is it even possible?

JG : In my own art, yes, but I can’t speak for all artists. For me this is what gives legitimacy to my creations. Each project, in the context of a world in development, must be simple, pure and economic. I also believe that, above and beyond repairing nature, art can help to forge links between mankind and nature. This is a crucial question. For me it is our physical and emotional distance from nature and the part of nature within us which have led to the current situation.

Capture de l’application en réalité virtuelle de Corail Artefact / Reproduction numérique d’un squelette de corail et de dentelle au motif point-d ’esprit.

Corail Artefact, fondé par l’artiste plasticien Jérémy Gobé, allie l’art, la science, l’industrie et l’éducation pour sauver les barrières de coraux.

DB : In a way, your approach redefines the status of the artist, since your work combines artistic creation, scientific research, industrial and entrepreneurial collaboration and outreach. How do you coordinate all these elements? How is the work organised with your team of assistants? The collaboration with other professions plays a big role in your work, with embroiderers, jewellery makers, ceramicists and many others…

JG : I am not trying to redefine it but more to revive an older vision of creativity, more the kind you saw at the Renaissance, far removed from the vision of the modern bohemian artist.

I don’t have an assistant, I take care of all the elements in a project and then pass on my instructions to my partners and service-providers. I think that drawing up a patent and creating a shared language with all the trades that I bring together is part of my work and is perhaps the most fully developed – although intangible – form of my creations.

DB : With works such as Conversation ex situ, there is a feeling that it is not so much the artistic object that matters, as the role of a messenger sharing and promoting an idea, the idea of the urgent need to protect coral…

Corail Artefact / Conversation Ex Situ
2021
Cinq livres coffrets sculptés en matériaux divers (coton, métal, nacre, etc.), coffret, dessin à la pierre noire.
Five boxed books sculpted in various materials (cotton, metal, mother-of-pearl, etc.), casket, book, black chalk drawing.
Dimensions variables
Vue d’exposition, FIAC, Grand Palais Éphémère, Paris, France, 2021.

I prefer not to choose, always to stay true to the idea of synergy and to believe that there is no reason to choose, to deprive yourself of aesthetic aspects, of the message, of interactions… I don’t know why people think it is not compatible, in any case for me I am always looking to boost energies, to make more and more things possible.

Interview with Dominique Brebion, July 2023