Faire mondes, le numéro 5
Faire Mondes, revue numérique créée en 2020, a poursuivi au cours des quatre dernières années son double objectif de proposer une large réflexion esthétique et critique sur le contexte caribéen, ses spécificités ou ses similitudes avec la production mondiale et de réfléchir sur les pratiques artistiques de tous les continents. Notre cinquième numéro traite des nouvelles pratiques critiques dans la création plastique. Dans notre appel à propositions, nous avons demandé aux contributeurs potentiels de réfléchir au rôle du critique aujourd’hui, et particulièrement à l’expansion des formes et des plateformes que les nouveaux médias ont permis d’ouvrir.
Nous avons invité Chris Cyrille à se joindre à notre équipe de rédaction en tant qu’invité spécial pour ce numéro. Poète, critique d’art et commissaire indépendant, Chris Cyrille a reçu de nombreuses distinctions pour sa pratique en tant qu’écrivain et commissaire d’exposition, notamment le prix Dauphine d’art contemporain en 2017 et le prix AICA France en 2020. Pour ce numéro, il a présenté le défi suivant :
NOUVELLES MISES-EN-SCÈNE ET TIRS CRITIQUES DEPUIS L’ARC ANTILLAIS.
« Plusieurs questions se posent à nous lorsque nous commençons à interroger la critique et ses métamorphoses face aux nouveaux outils technologiques qui privilégient le format visuel et audio (nous assistons à une oralisation de la critique), ainsi que son rôle, sa fonctionnalité et son effectivité depuis l’arc antillais. Quelle est aujourd’hui l’image de la critique ? Peut-on encore la définir comme une chose essentiellement écrite ? Comment vivons-nous la critique (et plus spécifiquement la critique en art) depuis les Antilles ? Comment l’écrivons-nous ? Nous faisons plusieurs constatations : les écritures et les formes de mises-en-scène de la « critique » sont aujourd’hui si multiples qu’il est difficile d’imposer une forme ou un format définitif à la critique. Enfin, la « critique » et, plus spécifiquement, la « critique d’art » ont toutes deux une histoire bien spécifique aux Antilles, ce qui nous oblige à redéfinir ces termes depuis un lieu singulier.
Ce que nous appelons « tirs critiques » est une formulation poétique qui nous rappelle que, parfois, la critique cherche à viser juste dans un tout qui est très souvent chaotique, inaudible et confus. »
Nous avons reçu un large éventail de propositions qui abordent le sujet sous différents angles :
Ce cinquième numéro, après les sept propositions poétiques et prospectives de Chris Cyrille pour une critique d’art caribéenne en devenir, vous propose des analyses très documentées sur la naissance d’une critique d’art antillaise, notamment à travers la figure du philosophe martiniquais René Ménil dans un second article de Chris Cyrille. Sous la plume de Gérald Alexis, vous pourrez suivre l’évolution conjuguée de la critique d’art et des principales écoles picturales haïtiennes. Deux essais évoquent ensuite la critique d’art dans les Caraïbes hispaniques insulaires. Yolanda Wood souligne le rôle déterminant des femmes dans l’évolution de la pensée critique et artistique dans les années soixante-dix et quatre- vingt alors qu’Orlando Isaac insiste plutôt sur le développement des principales voix de la critique d’art caribéenne contemporaine entre soixante-dix et quatre-vingt – dix et sur la transition de la figure du critique vers celle du commissaire d’exposition. Therèse Hadchity interroge la scène artistique barbadienne à l’aube du vingt et unième siècle au moment où commence le déclin du mécénat dans la communauté artistique locale et dans une période particulièrement creuse en matière d’attention internationale pour l’art barbadien. Enfin, Chris Cyrille et Stedy Théodore, dans des entretiens avec des professionnels d’aujourd’hui, constatent l’évolution de la critique d’art. Le premier, en conversation avec Nadine Priam, évoque la nécessité de promouvoir une critique spécifiquement caribéenne ainsi que l’évolution de la critique d’art désormais diffusée dans les canaux de diffusion populaires d’aujourd’hui. Le second se demande si enfermer systématiquement les artistes sous le label art caribéen ne finit pas par les desservir.
Pour cette cinquième édition, l’équipe éditoriale est très heureuse d’accueillir de nouveaux membres, Maica Gugolati et Daisy Lambert.
Faire Mondes demeure déterminé à présenter des essais conçus depuis la région des Caraïbes et de la diaspora afin de les rendre accessibles aux publics francophones, hispanophones et anglophones. Ce n’est pas un effort facile ou insignifiant pour une petite équipe bénévole comme la nôtre, mais nous nous tenons à rendre ces discussions le plus inclusives et accessibles possible. Nous tenons à remercier nos lecteurs pour leur appui au cours des quatre dernières années. Nous vous invitons à partager vos commentaires, y compris sur ce que vous aimeriez voir traité dans les prochains numéros.
Le comité éditorial
Faire mondes, the fifth issue
Faire Mondes, a digital review launched in 2020, has pursued the dual aim over the past four years of providing a broad range of aesthetic and critical thinking about the Caribbean context, its specific features and the similarities with production worldwide, and ideas regarding artistic practices on all continents. Our fifth issue focuses on the new forms of art criticism. We asked potential contributors to reflect on the role of the critic today, especially given the expansion of the forms and platforms opened up by new media.
We asked Chris Cyrille to join our editorial team as a special guest for this issue. A poet, art critic and independent curator, Chris has been given numerous awards for his work as a writer and exhibition curator, including the Prix Dauphine D’Art Contemporain in 2017 and the AICA France prize in 2020. For this issue, Chris presented the following challenge:
NEW STAGINGS AND CRITICAL BROADSIDES FROM THE WEST INDIES.
“A number of questions are raised when we start to look at art criticism and the changes to it linked to new technologies, where the focus is on visual and audio formats (we are seeing an « oralisation » of criticism), as well as its role, potential functions and effectiveness in the West Indies. What image does criticism have today? Can we still define it as something that is basically written? How do we experience criticism (and more specifically art criticism) from a Caribbean perspective? How do we write it? Several things are clear: writing and the ways « criticism » as it is staged today are so varied that it is hard to impose a single form or definitive format on criticism. Lastly, « criticism » and « art criticism » more specifically both have a very specific history in the West Indies, forcing us to redefine these terms from a unique vantage point.
What we call « critical broadsides » is a poetic reminder that criticism sometimes seeks to aim in an accurate way at a whole which is very often chaotic, inaudible and indistinct.”
We received a wide range of proposals looking at different aspects of our theme:
In this fifth issue, after Chris Cyrille’s seven poetic and future-oriented proposals for an emerging Caribbean art criticism, you will find carefully researched analyses of the birth of West Indian art criticism, notably through the figure of the Martinique philosopher René Ménil in a second article by Chris Cyrille. Gerald Alexis writes about the combined changes to art criticism and to the main schools of painting in Haiti. Two essays look at art criticism in the Spanish-speaking Caribbean islands. Yolanda Wood highlights the decisive role of women in the evolution of critical and artistic thinking in the 1970s and 1980s, while Orlando Isaac focuses on the development of the main voices in Caribbean contemporary art criticism between 1970 and 1990, and the transition of the figure of the critic towards the exhibition curator. Therèse Hadchity examines the Barbadian artistic scene at the dawn of the 21st century, at a time when sponsorship began to decline in the local artistic community, and when international interest in Barbadian art was at a low ebb. Lastly, Chris Cyrille and Stedy Théodore, during interviews with professionals at work today, note changes in art criticism. Chris, in conversation with Nadine Priam, evokes the need to promote a specifically Caribbean criticism, as well as the development of art criticism which is now being shared through popular distribution channels. The latter asks whether systematically confining artists to the « Caribbean art » label is not doing them a disservice.
For this fifth issue, the editorial board is very happy to welcome two new members, Maica Gugolati and Daisy Lambert.
Faire Mondes is as determined as ever to present essays written in the Caribbean region and by the diaspora in order to make them accessible to French, Spanish and English-speaking audiences. This is no easy or insignificant effort for a small team of volunteers like ours, but our aim is to make these discussions as inclusive and accessible as possible. We would like to thank our readers for their support over the past four years. We encourage you to share your comments, including suggestions for themes for future issues of the review.
The editorial board
Faire mondes, quinto número
Faire Mondes, una revista digital creada en 2020, ha perseguido durante los últimos cuatro años su doble objetivo de ofrecer una amplia reflexión estética y crítica sobre el contexto caribeño, sus especificidades y similitudes con la producción mundial, y de reflexionar sobre las prácticas artísticas de todos los continentes. Nuestro quinto número se centra en las nuevas prácticas críticas de las artes plásticas. En nuestra convocatoria de propuestas, pedimos a los potenciales colaboradores que reflexionaran sobre el papel del crítico en la actualidad, particularmente ante la expansión de formas y plataformas que ofrecen los nuevos medios de comunicación.
Para este número contamos con Chris Cyrille como invitado especial de nuestro equipo editorial. Chris, poeta, crítico de arte y curador independiente, ha recibido numerosos reconocimientos por su práctica como escritor y curador de exposiciones, entre ellos el Premio Dauphine de Arte Contemporáneo en 2017 y el Premio AICA Francia en 2020. Para este número, Chris presentó el siguiente reto:
NUEVOS PLANTEAMIENTOS Y TIROS CRÍTICOS DESDE EL ARCHIPIÉLAGO ANTILLANO.
« Nos planteamos una serie de preguntas al comenzar a examinar la crítica y sus metamorfosis frente a las nuevas herramientas tecnológicas que privilegian el formato visual y auditivo (estamos presenciando una oralización de la crítica), así como su papel, funcionalidad y eficacia desde el archipiélago antillano. ¿Cuál es hoy la imagen de la crítica? ¿Todavía podemos definirla como algo esencialmente escrito? ¿Cómo vivimos la crítica (y más concretamente la crítica de arte) desde las Antillas? ¿Cómo la escribimos? Podemos hacer algunas observaciones: hoy en día las escrituras y las formas de plantearse la “crítica” son tantas que resulta difícil imponerle una forma o un formato definido. En definitiva, tanto la “crítica” como, más concretamente, la “crítica de arte” tienen una historia muy específica en las Antillas, lo que significa que debemos redefinir estos términos desde un lugar único.
Lo que llamamos “tiro crítico” es una expresión poética que nos recuerda que, a veces, la crítica intenta apuntar dentro un todo que muy a menudo resulta caótico, inaudible y confuso.”
Recibimos un abanico muy amplio de propuestas que trataban el tema desde distintos ángulos:
En este quinto número, tras las siete propuestas poéticas y prospectivas de Chris Cyrille para una crítica de arte caribeña en formación, les presentamos análisis bien documentados sobre el nacimiento de la crítica de arte caribeña, especialmente a través de la figura del filósofo martiniqués René Ménil en el segundo artículo de Chris Cyrille. De la pluma de Gerald Alexis, podrán seguir la evolución conjunta de la crítica de arte y de las principales escuelas pictóricas haitianas. A continuación, dos ensayos analizan la crítica de arte en el Caribe insular hispano. Yolanda Wood destaca el papel decisivo de las mujeres en la evolución del pensamiento crítico y artístico en las décadas de 1970 y 1980, mientras que Orlando Isaac se centra en el desarrollo de las principales voces de la crítica de arte caribeña contemporánea entre las décadas de 1970 y 1990, y en la transición de la figura del crítico a la del curador de exposiciones. Therèse Hadchity examina el panorama artístico de Barbados a principios del siglo XXI, en un momento en que el mecenazgo de la comunidad artística local estaba en declive y la atención internacional hacia el arte barbadense se hallaba en un momento particularmente desfavorable. Finalmente, Chris Cyrille y Stedy Théodore, en entrevistas con profesionales contemporáneos, destacan la evolución de la crítica de arte. Por un lado, en una conversación con Nadine Priam, Cyrille plantea la necesidad de promover una forma de crítica específicamente caribeña, así como la evolución de la crítica de arte que se difunde mediante los canales de difusión populares en la actualidad. Por otro lado, Théodore se pregunta si confinar sistemáticamente a los artistas bajo la etiqueta « arte caribeño » podría terminar perjudicándolos.
Para esta quinta edición, el equipo editorial se complace en dar la bienvenida a los nuevos miembros Maica Gugolati y Daisy Lambert.
Faire Mondes mantiene su compromiso de presentar ensayos procedentes de la región del Caribe y de la diáspora para hacerlos accesibles a los públicos francófono, hispanófono y anglófono. No es una tarea fácil ni trivial para un pequeño equipo de voluntarios como el nuestro, pero queremos que estos debates sean lo más inclusivos y accesibles posible. Queremos agradecer a nuestros lectores su apoyo durante los últimos cuatro años. Los invitamos a compartir sus comentarios, incluidos los temas que les gustaría que se trataran en futuros números.
El comité editorial
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