Como la isla te aisla: Territorialidades de la participación dominicana en la Bienal de Venecia

Orlando Isaac

La République dominicaine… a-t-elle “tout pour elle”?

Résumé

L’objectif de ce travail de recherche est d’examiner les degrés de participation des artistes dominicains dans le circuit d’expositions de la Biennale de Venise. Cet événement artistique peut être considéré comme le plus pertinent en raison de sa continuité dans le temps et de son origine datant de 1895. Ce texte cherche à analyser les raisons pour lesquelles, malgré le fait que la République dominicaine soit pionnière dans le circuit des biennales (avec un premier événement dominicain en 1942), les artistes dominicains ne reçoivent pas de soutien à travers les politiques culturelles de l’État. Toute cette structure réduit la présence de l’art contemporain dominicain à un état marginal ; le manque de soutien institutionnel oblige les artistes à se tourner vers l’autogestion, intervenant de façon précaire dans les rouages permettant la marchandisation de l’art. L’article présente tout d’abord un aperçu historique des 20 dernières années à partir de la première participation dominicaine, ayant lieu pendant ce qui pourrait être décrit comme un moment d’inflexion dans le circuit de la Biennale. Nous nous intéresserons ensuite au financement de l’Institut Italo Latino-Américain de Rome (IILA), ainsi qu’à la gestion des activités culturelles dominicaines par le Ministère des Affaires étrangères de la République dominicaine. Nous conclurons l’article par une série de réflexions.

Contexte historique

Depuis sa création, la Biennale de Venise a constitué un lieu de célébration et de discussion de l’art ; de Klimt en passant par Picasso, elle a montré un engagement clair envers les mouvements d’avant-garde du XXe siècle, se positionnant comme témoin de la reconstruction d’après-guerre et des pandémies.

À la même époque, les dictatures et les Caraïbes culturellement colonisées prévalaient en Amérique latine, pleines d’héritages et de manifestes vantant l’idée d’un paradis devenu une partie intégrante de notre imaginaire brisé. Le réel et le merveilleux ont servi de cadre à la création des mythes de ces archipels aussi orographiquement fragmentés que leurs histoires et légendes.

En République dominicaine (R.D.), Trujillo régnait en seigneur et en maître. Afin de redorer le blason d’un (gouvernement) corrompu et internationalement discrédité, il s’engage en 1938 lors de la Conférence d’Évian à accueillir les réfugiés espagnols de l’après-guerre civile. Des artistes émergent parmi ces exilés, dont Manolo Pascual, premier directeur de l’École nationale des beaux-arts créée en 1942 et initiateur du mouvement d’art moderne dans le pays à travers ses conférences et expositions. Cette période artistique est également attribuée à Rafael Diaz Niece de par sa gestion importante de celui-ci.

À partir de 1942, la Biennale de Venise est interrompue pendant six ans durant la Seconde Guerre mondiale. Pendant ce temps, on préparait en R.D. la première Biennale des Arts Plastiques, la plus ancienne d’Amérique.

Après plus de 30 ans de dictature, le système multipartiste s’effondre en 1961 avec l’assassinat de Trujillo. S’ensuit une décennie marquée par des tentatives de coup d’État et des incursions militaires étrangères, qui transforment les artistes en activistes œuvrant pour la lutte sociale.

Dans les années 1980 et 1990, une génération d’artistes désireux de déstabiliser les récits canoniques de l’académie introduit de nouveaux discours esthétiques et perturbateurs, se fondant sur les contributions des avant-gardes pour trouver leur propre voix.

Le collectif Génération des années 80 (Collectivo generacion de los ochentas) apparaît en 1983 en réponse au « besoin de nouvelles perspectives et de nouveaux lieux d’exposition, cherchant ainsi à ouvrir les possibilités de réflexion approfondie sur le développement artistique de l’époque ».1

Ce groupe prend pour référents des artistes ayant créé une rupture dans l’art, tels que Soucy de Pellerano, Silvano Lora et Geo Ripley. Ils auront plus tard eux-mêmes un impact sur la génération suivante, influençant des artistes comme Tony Capellán, Belkis Ramirez et Jorge Pineda, qui fonderont par la suite le collectif Quintapata aux côtés de Raquel Paiewonsky et Pascal Meccariello.

Avec l’arrivée du nouveau millénaire, les récits de la modernité et de ses valeurs sont remis en question par l’émergence de nouveaux artistes du territoire comme de la diaspora. Leurs questionnements les conduisent vers une réflexion plus profonde et transformatrice, faite de nuances provocatrices, à travers laquelle ils abordent des questions diverses comme les identités, les féminismes, le concept de patrie-nation, les migrations, l’environnement et la mémoire. L’art numérique est ancré dans l’actualité, la réalité est augmentée et les Nfts bien réels.

Idylle avec L’IILA

Au début du siècle, la République dominicaine ne participait pas directement au soutien des artistes par le biais d’organisations gouvernementales et internationales, car celles-ci dépendaient des ministères de la Culture et des Affaires étrangères. Marianne Tolentino, curatrice travaillant dans ce type d’événements, déclare : « Avant 2001, il y avait une participation collective sporadique et ambiguë, ainsi qu’une représentation médiocre et désuète, détachée de ce qui se passait sur le marché de l’art. »

En 1998, Tolentino amorce un processus de coordination en collaboration avec Irma Arestizábal, curatrice argentine en charge de la sélection latino-américaine pour le pavillon de l’Institut Italo-latino-américain (IILA). En 2003 ce processus entraîne la participation de l’artiste Marcos Lora Read avec l’œuvre Submundo caribeño (Monde souterrain caribéen), une installation mettant en scène un sous-marin en forme de zeppelin en bois, couvert d’aluminium et pourvu de capteurs qui, lorsque le public s’approche, activent un morceau caribéen au rythme de bachata diffusé à travers le périscope. Cette grande œuvre contemporaine marque le début de la représentation dominicaine systématique.

En 2005, Polibio Díaz présente plusieurs polyptyques photographiques de sa série Interiors (Intérieurs). Ces images servent de documentation esthétique et sociologique de l’habitat urbain-créole dominicain et du baroque caribéen, avec une exaltation du kitsch. L’espace est hybridé en un cocktail de couleurs, de sensations et de formes. Dans cette série, il présente une photographie moderne, en opposition totale avec les œuvres d’autres photographes dépeignant une vision romantisée des coutumes dominicaines. .

En 2007, Jorge Pineda expose deux pièces. Me voy : Norte (Je m’en vais : Le Nord), une installation faite de bois et de graphite dans laquelle un enfant aux bras brûlés fait face à un mur, s’inventant des ailes pour s’envoler mais n’allant nulle part. La deuxième œuvre, Niñas locas (Petites filles folles), est composée d’une série de dessins au stylo noir sur papier blanc. Des amies prises dans un dialogue constant avec une sphère sombre que l’artiste, s’inspirant de Jung, définit comme « l’ombre », ou comme cette partie de l’inconscient que nous rejetons car nous la considérons négative. Il montre ainsi comment ces personnes entrent en contact et négocient avec cette partie d’elles-mêmes.

Otros mutantes (Autres Mutants) est une installation de sept sculptures construites à partir de matériaux divers, combinant des éléments des stéréotypes de genre, de la vie urbaine, de la nature et de la spiritualité. Elle est présentée par Raquel Paiewonsky en tant qu’invitée de l’IILA en 2009 dans le nouvel espace d’exposition de l’‘Artiglierie dell’Arsenalle. Un événement inattendu se produit deux semaines avant que Paiewonsky ne termine de monter son installation : Arestizábal meurt. Cette mort causa à l’artiste une grande douleur et une forte angoisse après des mois d’accompagnement aux côtés de la curatrice, qui ne put jamais voir le travail terminé.

En 2011, l’’Allemand Alfons Hug devient le nouveau commissaire de l’IILA. Cette année-là David Perez “Karmadavis” est chargé de représenté la R.D. avec son oeuvre Estructura Completa (Structure complète), une action filmée de 5 minutes et 40 secondes au cours de laquelle un homme aveugle porte une femme haïtienne brûlée et sans jambes. Elle le conduit à travers une métropole inexplorée, comme une métaphore du potentiel de l’être humain et de la survie.

L’installation vidéo ADN, présentée par le groupe Quintapata en 2013, se compose de quatre projections simultanées sur lesquelles les acteurs s’appuient afin de questionner les normes imposées par la société. Pour le collectif, ces codes éthiques et moraux promeuvent l’intolérance, et les acteurs, en utilisant l’action de mastiquer du chewing-gum, les ironisent au moyen de normes inventées qu’ils énoncent pour subvertir ce que l’on définit comme « correct et acceptable ». Les instructions proposent au public de prendre un chewing-gum, puis de le mâcher et de le placer sur les écrans, apportant ainsi à l’image une texture contenant l’ensemble des ADN des visiteurs, comme une forme d’empreinte identitaire.

L’édition 2015 du pavillon de l‘IILA est dédiée aux voix autochtones : Voces indigenas. La R.D. ne participe pas à l’édition en raison du manque de ressources internes du Ministère de la Culture.

La crise économique italienne de 2017 a un impact important sur le monde de l’art, et L’IILA, qui avait jusqu’alors participé de manière continue, ne participe pas à cette édition. La République Dominicaine, qui dépendait de l’institution pour sa participation, doit rester à l’écart.

En 2019, l’exposition Natura y diversidad (Nature et Diversité) présente le travail des artistes Hulda Guzmán, Julio Valdez, Miguel Ramirez, Ezequiel Taveras et Dario Oleaga sous la direction curatoriale de Marianne Tolentino, dans ce qui est annoncé comme « le premier pavillon officiel dominicain » !

L’expérience se révèle douce-amère : l’absence de fonds suffisants pour payer la participation à la Biennale conduit l’ambassade dominicaine de Rome à s’associer par l’intermédiaire du ministre de la culture à une société italienne qui accepte de financer ce coût en échange de l’inclusion de quatre artistes italiens dans le pavillon, générant ainsi une confusion, une imposition de formats et limitant le processus du montage d’exposition. Ce qui aurait dû être une grande célébration devint une situation à ne jamais reproduire.

Réflexions et conclusions

« La République dominicaine a tout pour elle », proclame le slogan de l’imposant stand de 1 080 m2 de la FITUR 2022-Madrid, réparti sur deux niveaux. En matière de tourisme, cet événement égale la Biennale de Venise. L’entrée en forme de tunnel est une expérience immersive de son et d’écrans LED, donnant la sensation d’être sous la mer : un déploiement technologique, des revêtements des murs et des sols, et des meubles design dotés de surfaces réfléchissantes. Une délégation officielle composée du chef de l’État, du premier ministre, de ministres, d’ambassadeurs, de journalistes, d’influenceurs, de blogueurs, d’influenceurs, des épouses, etc. La République Dominicaine remporte finalement le premier prix du meilleur stand Fitur 2022. Félicitations ! Nous sommes sans aucun doute une référence en matière de tourisme ; un exemple de plus nous montrant que, lorsqu’il existe un intérêt public et privé, on peut accomplir de grandes choses.

Cette idée d’un pays qui a « tout pour lui » a ses limites, qui dépendent justement de la proportion de ce « tout » destinée à promouvoir l’art et la culture.

Ce pays qui a « tout pour lui » manque de :

  • Un Ministère de la Culture fonctionnel
  • Une stratégie nationale pour le développement de la culture et des arts
  • Une politique culturelle d’État définie et indépendante des intérêts personnels
  • Une loi sur le mécénat qui soit appliquée
  • Un budget pour la mise en place de plateformes de promotion de l’art et de la culture
  • Respect pour l’artiste, son œuvre et sa conservation

Nous avons urgemment besoin d’un discours diversifié et inclusif avec les secteurs qui reconnaissent la valeur de l’art et de la culture ; sans cela, nous sommes un pays sans identité. Un pays qui ne protège pas son art et sa culture est condamné à l’oubli. En tant qu’ambassadeurs, les artistes doivent être encouragés à participer à ces belles expositions de façon digne, sans se sentir orphelins tels des réfugiés en exil.

Il est douloureux d’observer que, dans les 127 dernières années de l’histoire de la Biennale de Venise, nous n’y avons pas participé en tant que pays ; cependant, nous nous réjouissons de l’invitation faite à Firelei Baez, une artiste de notre diaspora, à participer à l’exposition principale de cet événement sous le titre La leche de los sueños (Le lait des rêves), curée par Cecilia Alemani. Sa pièce, Muzidi Calabi yau space (ou « une question de navigation »), est un diptyque grand format qui poursuit son exploration du mythe afrofuturiste Drexciya2, et réinvente les avatars féminins des femmes enceintes jetées à la mer depuis les bateaux d’esclaves pendant le Passage du milieu, révélant des récits de la mémoire culturelle afro-diasporique. Son œuvre passe de la toile au mur, donnant ainsi forme à cette mémoire, accompagnée d’un son composé par Tina Fallón et Rob Walker.

Ironiquement, bien qu’elle soit pionnière en Amérique Latine avec l’organisation, dès 1942, de la Biennale Nationale, la République dominicaine ne dispose toujours pas d’un pavillon (comme c’est le cas pour d’autres nations latino-américaines) ; et bien que nous n’ayons pas encore développé d’analyse prospective, les coûts restent prohibitifs. Il nous reste peut-être à nous accrocher à l’espoir d’être un jour l’heureux élu parmi les milliers de banques de prêt qui parsèment notre région.

Sources :

https://volare.volotea.com/es/ciudades/venecia/bienal-venecia/

https://iila.org/es/6-biennale-d-arte-di-venezia-2015-esp/

http://www.onto.pub/blog/2020/8/2/el-urgente-cambio-de-nuestro-paradigma-cultural

1 Extrait de : http://medinarte.blogspot.com/2015/02/el-colectivo-generacion-ochenta-y-su_12.html?m=1

2 Drexciya est l’un des projets électroniques les plus importants de la scène techno de Détroit au début des années 1990. Le mythe de Drexciya est issu de l’afrofuturisme : « Les enfants des esclaves africaines enceintes jetées des navires lors de la traversée de l’Atlantique ont construit une civilisation sous-marine. Dans le ventre de leur mère, les Drexciyans ont acquis la capacité de respirer sous l’eau ».

https://universes.art/es/bienal-venecia/historia

https://kavigupta.com/exhibitions/443-firelei-baez-the-milk-of-dreams-the-2022-venice-bienn ale/

https://www.youtube.com/watch?v=b7r244gjwR8&t=2962s

ENTRETIENS AVEC LES ARTISTES

Marcos Lora Read, Polibio Díaz, Jorge Pineda, Raquel Paiewonsky, David Pérez “Karmadavis” et Firelei Báez sont cinq artistes dominicains reconnus du monde de l’art. Ils nous racontent leur expérience en répondant individuellement à nos questions sur leur participation à la Biennale de Venise.

Polibio Díaz (2005)

Jorge Pineda (2007)

Marcos Lora Read (2003)

Raquel Paiewonsky (2009)

David Pérez “Karmadavis” (2011)

Firelei Báez (2022)

Orlando Isaac, curateur indépendant dominicain diplômé du Programme Curando Caribe et curateur résident à la Galerie d’art contemporain Lucy García en République dominicaine, où il développe des projets curatoriaux avec des artistes de la scène nationale et internationale ; Il est diplômé de la Faculté des Arts de l’Université Autonome de Saint-Domingue, diplômé de l’École de Design Altos de Chavón où il est actuellement professeur; A travers le Programme Curando Caribe du Centre León et du Centre Culturel d’Espagne, il a remporté un concours pour la résidence curatoriale proposée par Tropiques Atrium pour une exposition à Fort de France en Martinique. Escuela Superior of Image and Design (IDEP) Barcelone, ​​Espagne, a récemment obtenu un certificat en études afro-latino-américaines à l’Institut de recherche afro-latino-américaine du Hutchins Center de l’Université de Harvard, son travail final un court-documentaire “Con un pie aquí y otro allá” a été décerné par le comité ALARI pour la table continentale qui se tiendra en décembre 2022 à Harvard.

En tant que commissaire, son travail a impliqué des expositions pour les artistes Jorge Pineda, Raquel Piewonsky, Mónica Ferreras, Natalia Ortega, Frances Gallardo, José Morbán, Nicolas Dernes, Martha María Pérez Bravo, Fernando Varela, entre autres, ainsi que la production éditoriale, des articles et interviews pour différents médias imprimés et virtuels, dont le magazine “Arquitexto”; le magazine culturel “Comment ça ?”, entre autres médias.


Published:

  • “Entre Palmito, pelea de gallos y reguiletes”, 2021
  • Revista Arquitexto
  • “Nada de Balcones”
  • Catálogo exposición Centro León Expo, 2022
  • Exfoliar: Materia, cuerpo y memoria
  • Catálogo Museo Fernando Peña Defilló, 2022

Entrevistas para la revista “¿Cómo así?

  • Mónica Ferreras, 2021
  • José Morbán, 2021
  • Miguel Ramiréz, 2021
  • Máximo del Castillo, 2022

Como la isla te aisla: Territorialidades de la participación dominicana en la Bienal de Venecia

Orlando Isaac

República Dominicana… ¿lo tiene “todo”?

Contexto histórico

La Bienal de Venecia, desde sus inicios, ha sido una plataforma de celebración y referente del arte; desde Klimt a Picasso, hizo una apuesta decidida a las vanguardias del siglo XX, siendo testigo de la reconstrucción de posguerras y pandemias.

En Latinoamérica prevalecían las dictaduras y un Caribe culturalmente colonizado, lleno herencias y manifiestos ensalzados con la idea del paraíso que se volvió parte de nuestro imaginario quebrantado; lo real y lo maravilloso servían de marco para crear mitos de esta curva de archipiélagos orográficamente tan fragmentada como sus historias contadas.

En República Dominicana (R.D.), Trujillo era amo y señor, y para lavar la imagen de un (gobierno) nefasto y con descrédito internacional, se comprometió en la Conferencia de Evian en 1938 en aceptar refugiados españoles de la posguerra civil. De esos exiliados llegaron artistas: entre ellos, Manolo Pascual, primer director de la Escuela Nacional de Bellas Artes fundada 1942, que con sus enseñanzas y exposiciones dio inicio al Arte Moderno en el país, etapa del arte que se le atribuye a Rafael Díaz Niece como su gestor.

En el 1942 la Bienal de Venecia se interrumpe seis años por la Segunda Guerra Mundial; en R.D. se gestaba la 1ra. Bienal de Artes Plásticas, la más antigua de América.

Con el ajusticiamiento de Trujillo en 1961 se inicia la democracia dominicana, el pluripartidismo rompe con más de 30 años de dictadura: una década marcada por un golpe de Estado e invasión militar extranjera, convirtiendo este en un periodo de incertidumbre y a los artistas en activistas de la lucha social.

En los 80 y 90, una generación de artistas dispuestos a desestabilizar los relatos canónicos de la academia, incorporan nuevos discursos estéticos y disruptivos; suman los aportes de las vanguardias del arte para encontrar un discurso propio.

En 1983 surge el Colectivo generación de los ochenta con la necesidad de apertura de nuevas ideas, de nuevos espacios expositivos y, de esta manera, abrir posibilidades de profunda reflexión sobre el devenir artístico de la época 1.

Este grupo tiene como referentes artistas que hicieron la ruptura en el arte, como Soucy de Pellerano, Silvano Lora y Geo Ripley. Estos influirán luego en la nueva generación como Tony Capellán, Belkis Ramírez y Jorge Pineda, quienes años después forman el Colectivo Quintapata, junto a Raquel Paiewonsky y Pascal Meccariello.

Con el nuevo milenio, emergen nuevos artistas en el territorio y la diáspora; se cuestionan las narrativas de la modernidad y sus valores, llevándolos a una reflexión más profunda y transformadora, con matices provocadores, en donde se abordan temas periféricos, identidades, feminismos, la noción de patria-nación, migraciones, medio ambiente y la memoria. El arte digital es lo nuevo, la realidad ha sido aumentada: el NFT es un hecho.

 

El Idilio con el IILA

Al inicio del nuevo siglo, R.D. no tenía una participación directa que involucrara organismos estatales e internacionales en apoyo a los artistas, ya que estos dependían de los Ministerios de Cultura y Relaciones Exteriores. Marianne Tolentino, curadora involucrada en este tipo de eventos, dice: antes del 2001 había una participación esporádica y ambigua de manera colectiva con una representación mediocre y fuera de tiempo acorde con lo que sucedía en el mercado del arte.

En 1998, Tolentino inicia un proceso de coordinación con Irma Arestizabal, curadora argentina que tenía a su cargo la selección latinoamericana del pabellón del Instituto Italo-Latino Americano (IILA), gestión que trae como consecuencia en el 2003 la participación de Marcos Lora Read con su obra Submundo caribeño: esta es una instalación de un submarino en forma de zeppelin de madera, cubierto de aluminio, con sensores, que cuando el público se acerca, se activa una música caribeña a ritmo de bachata que sale al exterior a través del periscopio. Con esta gran obra contemporánea se inicia la primera representación dominicana sistemática.

Polibio Díaz presenta en el 2005 unos polípticos fotográficos de su serie Interiores: documento estético y sociológico sobre el hábitat urbano-criollo dominicano y lo barroco-caribeño, con exaltación a lo kitsch; hibridación del espacio: cóctel de colores, sensaciones y formas. En esta serie, mostró una fotografía contemporánea, todo lo opuesto a lo que los fotógrafos mostraban como el costumbrismo romantizado de R.D.

En el 2007 Jorge Pineda expone dos obras: Me voy: Norte, instalación de madera y grafito. Esta se trata de un niño de cara a la pared que se ha quemado los brazos y se inventa unas alas para volar y no ir a ninguna parte; la segunda obra fue Niñas locas: una serie de dibujos con bolígrafo negro sobre papel blanco; amigas en constante diálogo con una oscura esfera que el artista, apoyándose en Jung, define como la sombra, o esa parte del inconsciente que rechazamos por considerarla negativa, mostrando cómo esos individuos entran en contacto y negocian con esa parte de sí mismos.

Raquel Paiewonsky es la invitada del IILA en 2009, presentando Otros Mutantes: instalación de siete esculturas hechas en diversos materiales que fusionan elementos de estereotipos de género, la vida urbana, la naturaleza y la espiritualidad. La muestra se presentó en un nuevo espacio: Le Artiglierie dell’Arsenalle. Algo inesperado sucedió dos semanas antes de Paiewonsky montar su instalación: Arestizabal había muerto, lo cual generó mucha angustia y sentir en la artista ya que tenían meses de acompañamiento y no pudo ver la obra terminada.

En el 2011, el IILA tiene un nuevo curador: el alemán Alfons Hug. Quien representa es David Pérez “Karmadavis” con su obra Estructura completa, una acción documentada en video de 05 min 40’’ que trata sobre un hombre ciego que carga en sus brazos a una mujer haitiana quemada y sin piernas. Esta lo guía por una ciudad desconocida: un mensaje sobre la capacidad del ser humano y su supervivencia.

El colectivo Quintapata presenta en el 2013 su videoinstalación ADN, compuesta por cuatro proyecciones simultáneas en las se apoyan actores para cuestionar códigos de conducta impuestos por la sociedad. Estos códigos éticos y morales para el colectivo generan intolerancia y, a través del uso de goma de mascar, ironizan con normas inventadas que ellos enuncian para subvertir lo que conocemos como bueno y válido. El público toma una goma de mascar por instrucciones, indicando que la disposición final del chicle se podrá colocar sobre las pantallas, texturizando la imagen para de cierta forma contener el ADN de ellos como huella identitaria.

Para la edición 2015 del Pabellón del IILA, el tema fue Voces indígenas. R.D. no participa por falta de recursos internos en el Ministerio de Cultura.

La crisis económica en Italia en el 2017 ha tenido un gran impacto y el IILA, que venía participado ininterrumpidamente no participa y por consiguiente R.D., que dependía de ellos, queda fuera.

En el 2019 Hulda Guzmán, Julio Valdez, Miguel Ramírez, Ezequiel Taveras y Dario Oleaga, y la curaduría de Marianne Tolentino se presentaron con Naturaleza y diversidad, en lo que se anunció como ¡El primer pabellón oficial dominicano! resultó ser una experiencia agridulce: la falta de fondos suficientes para el pago de la participación en la Bienal hizo que la Embajada Dominicana en Roma, a través del Ministro de Cultura, se asociara con una compañía italiana que saldó la cuota nuestra en la bienal con la condición de incluir a cuatros artistas italianos dentro del pabellón, generando confusión, imponiendo formatos y limitando el montaje; lo que debió ser una gran celebración, pasó a ser un episodio que no debe repetirse jamás.

 

Conclusiones y reflexiones

República Dominicana lo tiene todo, es el slogan del imponente stand de 1,080 m2 repartidos en dos niveles en FITUR 2022-Madrid. Esta feria equivale en turismo a la Bienal de Venecia. La entrada en forma de túnel es una experiencia inmersiva de sonido y pantallas de led que daba la sensación de estar debajo del mar: despliegue tecnológico, revestimiento de paredes, pisos, muebles de diseño, con superficies reflectantes. Una delegación oficial que incluía al Primer Mandatario, ministros, embajadores, periodistas, blogueros, influercers, esposas, etc. Al final, R.D. recibió el premio al mejor stand Fitur 2022, ¡Bravo! Sin dudas de que en turismo somos un gran referente, un ejemplo de que cuando hay interés estatal y privado se logran grandes cosas.

El lo tiene todo tiene sus aristas, dependiendo de que tanto de ese (todo) va destinado a promover el arte y la cultura.

Al lo tiene todo le falta:

  • Un Ministerio de Cultura funcional
  • Un plan país para el desarrollo del arte y la cultura
  • Una política cultural de Estado definida, fuera de los intereses personales
  • Una ley de mecenazgo que entre en función
  • Presupuesto para crear plataformas para expandir el arte y la cultura
  • Respeto para el artista, su obra y conservación

Urge un diálogo plural y abierto con los sectores que entiendan la importancia del arte y la cultura; sin esto, somos un país sin identidad. Un país que no proteja su arte y cultura está condenado al olvido. Se ha de agenciar que los artistas participen en estas magníficas exhibiciones, como embajadores que son, de forma digna y que no se sientan en la orfandad, como un inmigrante desterrado.

Duele saber que en los 127 años de historia de la Bienal de Venecia, la más reciente, no hayamos participado como país; pero a la vez celebramos la invitación a Firelei Báez, artista de nuestra diáspora, a ser parte de la exposición central de este evento bajo el lema La leche de los sueños curada por Cecilia Alemani, su obra Muzidi Calabi yau space (or a matter of navegation) es un díptico en gran formato donde continúa la exploración del mito afrofuturista Drexciya,2 una reinvención de avatares femeninos de madres embarazadas que fueron arrojadas por barcos negreros en el Paso del Medio, revelando narrativas de la memoria cultural afro-diaspórica, su obra sale del canvas a la pared, de esta manera lo aborda dando forma a la memoria, esta se acompaña por un audio compuesto por Tina Tallón y Rob Walker.

Es irónico que de ser pioneros en Latinoamérica desde 1942 con la Bienal Nacional, R.D. no tenga un pabellón como otros países latinoamericanos y que aun no hemos articulado un análisis prospectivo, los costos son muy altos, tal vez nos toca aferrarnos a soñar con el número de la suerte de las miles de bancas de apuestas que se encuentran diseminadas por toda nuestra geografía.

 

1 Recuperado de: http://medinarte.blogspot.com/2015/02/el-colectivo-generacion-ochenta-y-su_12.html?m=1

2 Drexciya es uno de los proyectos electronicos más influyentes en el circuito techno de Detroit a principio de los 90 y del afrofuturismo crearon el mito de “una civilización subacuática creada por los hijos de las esclavas africanas embarazadas que fueron lanzadas por la borda de los barcos cuando cruzaban el atlántico. Los Drexciyans aprendieron a respirar bajo el agua dentro de los úteros de sus madres”.

Fuentes:

https://volare.volotea.com/es/ciudades/venecia/bienal-venecia/

https://iila.org/es/6-biennale-d-arte-di-venezia-2015-esp/

http://www.onto.pub/blog/2020/8/2/el-urgente-cambio-de-nuestro-paradigma-cultural

https://universes.art/es/bienal-venecia/historia

https://kavigupta.com/exhibitions/443-firelei-baez-the-milk-of-dreams-the-2022-venice-biennale/

https://www.youtube.com/watch?v=b7r244gjwR8&t=2962s

ENTREVISTAS A LOS ARTISTAS

Marcos Lora Read, Polibio Díaz, Jorge Pineda, Raquel Paiewonsky, David Pérez “Karmadavis” y Firelei Báez, son  cinco destacados artistas dominicanos del arte contemporáneo, ellos nos cuentan su  experiencia a través de las mismas preguntas formuladas a cada uno de ellos,  a propósito de su participación en marco de la Bienal de Venecia.

Polibio Díaz (2005)

Jorge Pineda (2007)

Marcos Lora Read (2003)

Raquel Paiewonsky (2009)

David Pérez “Karmadavis” (2011)

Firelei Báez (2022)

Orlando Isaac, curador independiente dominicano egresado del Programa Curando Caribe y curador residente de la Galería de Arte Contemporáneo Lucy García en República Dominicana en donde desarrolla proyectos curatoriales con artistas de la escena nacional e internacional; es graduado de la Universidad Autónoma de Santo Domingo de la Facultad de Artes, Egresado de la Escuela de Diseño Altos de Chavón en la cual actualmente es profesor; a través del Programa Curando Caribe del Centro León y Centro Cultural de España ganó por concurso, la residencia curatorial que ofrecía Tropiques Atrium para la realización de una exposición en en Fort de France en Martinica, tiene un master en Dirección Cine/Video de la Escuela Superior de Imagen y Diseño (IDEP) Barcelona, España, Recientemente obtuvo un Certificado en Estudios Afrolatinoamericanos en Afro-Latin American Research Institute at the Hutchins Center de la Universidad de Harvard, su trabajo final un corto-documental “Con un pie aquí y otro alla” fue premiado por el comité ALARI para la Mesa Continental a celebrarse en diciembre del 2022 en Harvard.

Como curador su trabajo se ha visto implicado exposiciones para los artistas, Jorge Pineda, Raquel Piewonsky, Mónica Ferreras, Natalia Ortega, Frances Gallardo, José Morbán, Nicolas Dernes, Martha María Pérez Bravo, Fernando Varela entre otros, así como la producción editorial, artículos y entrevistas para diferentes medios impresos y virtuales entre ellos la revista “Arquitexto”; la revista cultural “¿Cómo así?”, entre otros medios.


Publicaciones recientes:

  • “Entre Palmito, pelea de gallos y reguiletes”, 2021
  • Revista Arquitexto
  • “Nada de Balcones”
  • Catálogo exposición Centro León Expo, 2022
  • Exfoliar: Materia, cuerpo y memoria
  • Catálogo Museo Fernando Peña Defilló, 2022

Entrevistas para la revista “¿Cómo así?

  • Mónica Ferreras, 2021
  • José Morbán, 2021
  • Miguel Ramiréz, 2021
  • Máximo del Castillo, 2022