LA BIAC MARTINIQUE 2023, UN DEFI D’ENVERGURE

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE BREBION

Johanna Auguiac, aujourd’hui Directrice Générale Adjointe Culture Art et Patrimoine de la Collectivité Territoriale de Martinique, après des études d’art à New-York University, a fondé et dirigé la JM’Arts Gallery, rue Quincampoix à Paris de 2002à 2012 avant de rentrer à la Martinique pour animer la Fondation Aimé Césaire et œuvrer sur le projet scientifique et culturel de la restauration et réhabilitation de la Maison d’Aimé Césaire. Elle a participé comme consultante ou commissaire à différentes manifestations internationales comme Kreyol Factory en 2009.  En 2013 elle a initié et dirigé la première édition de la BIAC Martinique. Elle évoque aujourd’hui la préparation de la seconde édition de la BIAC Martinique.

Dominique Brebion : Pouvez-vous nous présenter la BIAC que vous préparez et qui est programmée en fin 2023 ?

Johanna Auguiac : Ce sera la BIAC Martinique Revival 2023. Après une première édition en 2013 sur la thématique de la Résonance du cri littéraire dans les arts visuels à l’occasion du centième anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire, la BIAC est restée en sommeil pendant dix ans.

Pour cette seconde édition, la thématique retenue, c’est la plénitude du vivant, inspirée par une phrase d’Édouard Glissant Rien n’est vrai, tout est vivant. Cette thématique nous attirait déjà après la première biennale compte tenu des notions d’injustice climatique, des changements climatiques déjà perceptibles en Martinique. Dix ans plus tard, c’est toujours pleinement d’actualité… nous nous trouvons dans l’archipel de la Caraïbe, confrontés à l’érosion, au chlordécone, aux sargasses. Dans le même temps la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sont des hauts lieux de biodiversité et de richesse océanique. En ce moment à l’UNESCO, on étudie la possibilité de reconnaissance de la Montagne Pelée, des Pitons du Carbet comme patrimoine culturel immatériel. La plénitude du vivant sous toutes ses formes depuis sa vulnérabilité devant des menaces diverses : climatiques, sociales, économiques… à l’abondance de sa biodiversité et de ses talents, voilà le thème de cette biennale. Elle apportera sur tout le territoire la contribution de l’art aux questions profondes dans lesquelles se joue notre avenir.

Le commissaire déjà identifié, Tumelo Mosaka, originaire d’Afrique du Sud réside depuis une trentaine d’années aux États-Unis. Il a déjà participé à la première édition de la biennale comme commissaire artistique du pavillon international. Aujourd’hui il prend en charge toute la biennale, c’est le commissaire général et artistique de la BIAC. Tumelo a travaillé avec diverses institutions prestigieuses telles que le Witte de With de Rotterdan, le Perez Art Museum, de Miami, la Cape Town Art Fair et le Brooklyn Museum de NY. Il a entre autres produit la première grande exposition d’art caribéen, Infinite Islands, en 2007 au Brooklyn Museum démontrant ainsi l’immense diversité de la création afro-caribéenne mais aussi sa valeur marchande sur la scène internationale.

Tony Lewis. 112 • Never argue with police officers, and address them as “officer.” 2013. Poudre de graphite, clous & bandes de caoutchouc. Avec l’aimable permission de l’artiste

DB : Comment va s’organiser cette manifestation ? 

JA : Dans le cadre d’une coopération qui se met en place en amont de la BIAC programmée du 20 octobre 2023 jusqu’à fin décembre. La coopération permet d’organiser des résidences croisées : l’Atelier 89 d’Elvis Lopez à Aruba qui va accueillir certains des étudiants du Campus Caraïbéen des Arts, diplômés ces cinq dernières années. En contrepartie la Martinique va accueillir des artistes de Curaçao. Un second partenaire avec The hub collective va travailler dans le champ de la biodiversité.  Dans le cadre de la coopération la BIAC développe des actions à Sainte-Lucie, Aruba, Saint-Vincent, Les Grenadines. Surtout des résidences croisées. Nos partenaires, dans la Caraïbe, sont L’atelier 89 d’Aruba avec la résidence d’artistes Caribbean Linked, The Hub Collective de Saint Vincent et les Grenadines pour la médiation, un festival de musique, la gestion collective d’institution culturelle tournée vers la communauté, MétisGwa spécialiste des arts du cirque et arts vivants de Guadeloupe. La Collectivité Territoriale de Martinique, porteuse du projet s’appuie sur les crédits Interreg pour la coopération caribéenne.

En Martinique sont associés Le Parc Naturel Régional, le Campus Caraïbéen des Arts, le Comité du Tourisme de la Martinique, l’association Abité – patrimoine, design, architecture – et d’autres associations et satellites s’adonnant à la culture et l’art. 

Il y aura aussi du spectacle vivant. Mon adjointe, Sarita Fanfant, y réfléchit avec nos acteurs culturels locaux ainsi que Tropiques-Atrium, un de nos partenaires fort qui sera impliqué.

Outre l’exposition internationale, il y aura aussi des rencontres, des conversations dans différentes structures du territoire. L’articulation de l’art contemporain dans notre patrimoine bâti et immatériel est un des axes déployés dans cette biennale.

Remed. Cyclope, femme grenouille et astronaute. Spray on wall, Trois Ilets. BIAC 2013

DB : Vous n’avez pas retenu comme partenaires l’Edna Manley College ou la National Gallery de la Jamaïque ou Alice Yard de Trinidad, Cuba ou La République Dominicaine déjà reconnus comme des hauts lieux caribéens dédiés aux Arts Plastiques ? 

JA : Nous tenions à marquer cet anniversaire des dix ans de la première biennale et donc notre temps de préparation est très court, tout juste dix mois. Pour mieux maîtriser nous avons retenu un nombre restreint de partenaires. Mais les six années de cette mandature devraient nous permettre de déployer trois éditions et nous pourrons alors solliciter d’autres partenaires. Faire un clin d’œil à des petites îles qui ont un programme très actif, c’est aussi un choix mûrement réfléchi.

BIAC 2013

DB : Compte tenu de l’envergure du programme, disposerez – vous d’une équipe, et surtout d’une équipe technique suffisante ? 

JA: Il faut tout organiser, trouver des boîtes de production capables de gérer un tel évènement sera un de nos défis. Nous manquons dans notre région des corps de métiers indispensables au bon déroulement de tels évènements. Ainsi une co-construction innovante et une montée en compétences seront au cœur de cette manifestation. Nos délais sont courts et nous souhaitons un rendu qualitatif exigeant. Par exemple, notre partenariat avec Bequia dans les Grenadines, participe à une certaine logistique du festival. Il faut s’adapter à des nuances techniques. Je vois ça un peu comme une sorte d’orfèvrerie à mettre en place.  C’est une première pour la Collectivité Territoriale de Martinique que de gérer un tel projet. C’est une première pour nous de porter un événement de cette dimension-là en coopération Interreg en si peu de temps. C’est un vrai challenge donc il nous faut des personnalités extrêmement souples et adaptables, qui connaissent le terrain, mais aussi le réseau international parce que c’est aussi ça une biennale, une légitimation. 

Charles Campbell. Transporteur 3 2011. Sérigraphie sur carton, attaches en métal. Avec l’aimable permission de l’artiste

DB Puisque vous évoquez la biennale comme légitimation, quels sont les objectifs prioritaires de cette biennale ? 

JA : La BIAC est une étape majeure d’un prochain projet qui a été voté récemment par la Collectivité, la création du Fonds d’Art contemporain Caraïbe Amériques, le FACCA. Ce Fonds d’Art contemporain Caraïbe Amériques va prendre sans doute la forme d’un FRAC dû à ses missions et les pays membres de la Caraïbe auront une place stratégique dans cette outil dédié, la connexion avec la Caraïbe et les Amériques est fondamentale pour nous.  L’idée dans ce fonds d’Art contemporain c’est d’avoir une connexité immanquablement caribéenne.

Kemang Wa Lehulere. Quand les mots ne pouvaient plus émouvoir. 2013. Craie, peinture acrylique sur bois. Avec l’aimable permission de l’artiste

DB : Y aura-t-il dans le cadre de la BIAC des actions en direction de publics spécifiques ?

JA : Tout à fait, avec différents parcours de médiation culturelle, une mallette pédagogique avec les écoles, les collèges et les lycées.  Nous voulons aussi développer le tourisme culturel C’est un des objectifs incontournables de la BIAC

BIAC 2013

DB : Quelle stratégie avez-vous mise en place ? 

JA : Des packages pour les croisiéristes … Des circuits Grand nord, Grand Sud. La possibilité de susciter du désir à la découverte de notre île à travers le prisme de l’art et de la création pour ces croisiéristes, les sensibiliser depuis leur embarcation.  Ensuite, nous prendrons aussi en compte les différents publics, scolaires, amateurs, professionnels. Nous mettrons en place   des Master Class, des formations. Notamment en direction des étudiants du Campus Caraïbéen des Arts, un de nos partenaires. Tous ces lieux partenaires organiseront des rencontres, des débats, en résonance, en miroir avec la Guadeloupe. Ces partenaires initieront des petits formats : Ils vont accueillir des œuvres, des créations. 

 BIAC 2013

DB : Y a – t – il dans ces cas précis une délégation de la sélection ? 

JA : C’est là toute la complexité du projet. Il y a la BIAC Martinique qui se déroule d’octobre à décembre, donc là c’est le commissaire Tumelo Mosaka qui sélectionne lieux et créateurs. Et puis, autour de la BIAC Martinique s’est construite la BIAC Réseau. C’est elle qui œuvre dans l’espace de la coopération. Les intervenants de la BIAC Réseau ont aussi été choisis en fonction de la thématique de la BIAC, la biodiversité, le care et le cure, la pharmacopée… Dans le même temps la Collectivité crée un CTBIOM, un Laboratoire de Pharmacopée traditionnelle et biodiversité (CTBiom) qui pourra s’engager et explorer dans le long terme des relations avec le Hub collective par exemple. L’idée est de faire naître des nouvelles façons pérennes d’être ensemble. 

Ines Tolentino, Souffle. Saint-Pierre, BIAC 2013

DB : La BIAC et la BIAC Réseau ont-elles le même calendrier ?

JA : Pas exactement, la BIAC Réseau commence en Février, en Martinique comme dans les îles associées.  Par exemple, le festival The positive Vibes se   déroule à Bequia en mars. Metisgwa vient en Martinique en février pendant le carnaval parce que cela nous a paru le bon moment pour traiter, à travers les Arts du cirque, cette thématique de la plénitude du vivant dans nos rites, nos pratiques culturelles.  Donc, vers 16h30/17h, à la fin du vidé, quand la fatigue commence à se faire sentir nous prévoyons des interventions de Metisgwa dans la ville sous la forme d’un parcours. Pendant que l’on déambule, on découvre un petit spectacle, une performance sur un balcon, devant une fenêtre, dans une cour, dans les interstices urbains abandonnés. Ce sera une autre manière de voir l’architecture de la ville de Fort de France. 

Marc Marie Joseph, Musée de la Canne, BIAC 2013

DB : Comment permettre au public de percevoir les correspondances entre la BIAC et la BIAC Réseau ?

JA : Dans les actions que nous allons mener, ça sera identifié, et puis au-delà, ce sont les Master Class, les formations, toute la communication qui va le permettre. Nous allons former à la médiation culturelle, à la scénographie. Au Campus Caraïbéen des Arts, ils n’ont pas encore de formation à la scénographie. Nous voulons profiter de cet évènement pour que tous les métiers qui existent autour d’une biennale soient considérés, soient valorisés et soient connus et compris d’un public spécialisé comme les étudiants, mais aussi du grand public. Nous initierons des podcasts qui évoqueront le travail de l’artiste, du curateur, du scénographe afin de professionnaliser cette filière des arts visuels. Il y aura aussi des Ateliers de la pensée sur cette notion des politiques et plénitude du vivant à l’instar de ceux organisés par Felwine Sarr au Sénégal. Ainsi, les artistes participants ou non à la BIAC, pourront échanger afin qu’on ait vraiment une qualité et une harmonisation dans toute la BIAC. Alors, c’est vrai, c’est une biennale qui a vocation à légitimer notre territoire dans le champ de l’art contemporain international, à positionner la Martinique dans un tourisme géoculturel, à ouvrir le marché aux artistes de la Caraïbe. Une délégation composée de critiques de publications spécialisées, des directeurs de musée, de foires, de biennales, de commissaires et de collectionneurs entre autres sera invitée. Nous profiterons de leur passage pour rencontrer des artistes de chez nous via des visites d’ateliers et par conséquent faire la promotion de nos artistes. Ensuite bien que le timing soit court, j’aimerais pouvoir inscrire la BIAC Martinique dans le réseau des autres biennales du secteur et faire comprendre aux amateurs qu’ils peuvent commencer par la Martinique puis continuer vers Art Basel Miami ou Prospect Art à la Nouvelle-Orléans par exemple.

Je réfléchis aussi à voir comment associer la Guadeloupe. Je pense que si on arrive à pouvoir se fédérer dans ce sens-là, Guadeloupe et Martinique, on va être gagnant-gagnant. Pour la troisième édition, j’aurais adoré que ce soit une BIAC Martinique – Guadeloupe. Créer un package pour venir à la Martinique puis à la Guadeloupe, que l’expression îles sœurs ne soient plus seulement de la sémantique mais que ce soit vraiment des îles sœurs dans la réalité d’une manifestation d’envergure. Voilà, c’est un souhait pour la troisième édition.

Mary Evans. Souvenirs 2012. Papier & encre. Avec l’aimable permission de l’artiste & de la Tiwani Contemporary, Londres

DB : Les artistes invités seront-ils présents pendant la manifestation ?

JA : Oui, ils seront présents pendant la manifestation pour la plupart. L’idée c’est de développer la coopération. Je sais que la mobilité entre îles, ce n’est pas très évident, c’est un casse-tête pour aller dans les îles voisines, mais l’évènement va motiver, je l’espère, la création de lignes directes. 

DB : Effectivement, actuellement pour aller à Cuba ou à Curaçao, il faut presque vingt- quatre heures et trois escales

JA : On va voir comment on peut travailler sur ce champ-là. Voir comment les compagnies aériennes qui se mettent en place peuvent perdurer. Il y a eu plusieurs fois des tentatives, donc créons l’attractivité pour nous comme pour nos voisins, créons des liens humains, des ressources, des échanges de retours d’expérience dans la biodiversité, dans les pratiques culturelles et artistiques, à plusieurs niveaux. C’est une des façons aussi de voir comment l’Art peut être un vecteur de la relation. Évidemment, l’Art est un vecteur aussi des cris sur l’état de notre terre, mais c’est aussi en ajoutant de l’espoir que nous avons la possibilité quand même de nous transformer avec audace. Donc, notre idée à nous à la CTM, c’est de quand même pouvoir agir sur la transformation écologique et énergétique. Ce sont tous ces sujets que nous travaillons aussi dans d’autres directions au sein de la CTM.

Remy Jungerman. Gardien Havane 2009. Technique Mixte. Avec l’aimable permission de l’artiste

DB : En même temps, en termes de logistique, c’est énorme entre l’exposition, la formation, les podcasts, la coopération…c’est un sacré challenge.

JA : C’est un vrai challenge. Si nous réussissons, nous allons développer une vraie ingénierie. Quand je dis, nous, je parle de nous Martiniquaises et Martiniquais, de nous des arts visuels, de nous comme collectivité, en termes de pays vraiment, que ce soient les acteurs culturels et intervenants techniques. Nous avons des personnes qui ont des compétences. Donc, il nous faut nous mettre ensemble, arriver à une technicité des métiers impliqués dans une biennale et voir comment mettre en place une structure de production qui, demain, pourrait être appelée en Guadeloupe ou encore dans les autres îles. Nous avons dix mois pour sensibiliser à la coopération : Comment la jouer ? Comment intégrer d’autres acteurs ?  Puisqu’il n’y a pas que l’art contemporain, mais tout ce qui est visuel. On allie le carnaval, la ville, l’architecture, la lumière le soir… parce que marcher dans Fort-de-France à la tombée de la nuit c’est autre chose…, c’est l’une des rares villes qui a autant d’architecture moderniste dans la Caraïbe. C’est une jolie ville, il faut juste qu’on lui donne la place qu’elle se doit d’avoir.

Nous avons l’expérience de la première biennale. Elle avait suscité un formidable espoir, et j’ai souvent été invitée à présenter le projet dans différents colloques, par exemple à Edimbourg en 2016 dans le cadre de Momentum, et, toujours en 2016, au Perez Art Museum Miami ou encore au Museum of Modern Art de New York. Cette première biennale présente dans plusieurs communes, Morne – Rouge pour le Pavillon international, Fort – de – France, Saint- Pierre, Les Trois Ilets a accueilli cinquante artistes de plus de vingt pays et présenté près de trois cents œuvres à plus de trente mille personnes. Des fresques murales et des installations in situ ont embelli le tissu urbain alors que plusieurs expositions à la Bibliothèque Schœlcher, à Tropiques Atrium, au domaine de la Pagerie ont offert plusieurs approches de l’art contemporain. 

DB : Un mot de conclusion ? 

JA : C’est une grande aventure, c’est un challenge à plusieurs niveaux, mais je pense que c’est le moment, je pense qu’il faut toujours être audacieux. Si on a mis la barre haut, l’idée c’est de ne jamais descendre trop bas pour atteindre quelque chose dont nous serons … je n’aime pas trop le mot fier mais là je vais l’utiliser… donc nous serons fiers de cet évènement qui va nous construire, qui va nous parfaire, nous permettre de prendre en main notre futur.  Nous sommes une petite île, c’est une petite terre, si l’érosion et la montée des eaux continuent, c’est facile pour nous de disparaître… en faisant ces trois biennales-là on fera de la peine aux gens si on disparaît… (Rires)…. Donc c’est notre façon à nous de poursuivre notre émancipation et de conquérir notre place au monde.

THE BIAC MARTINIQUE 2023, A MAJOR CHALLENGE

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE BREBION

Johanna Auguiac, now the Deputy Managing Director for Culture, Art and Heritage at the Martinique Territorial Authority, first studied art at New York University, then founded and managed the JM’Arts Gallery in Rue Quincampoix, Paris, from 2002 to 2012, before returning to Martinique to head the Aimé Césaire Foundation and work on the scientific and cultural project of restoring and renovating the Aimé Césaire House. As a consultant or curator she has taken part in a range of international events, such as Kreyol Factory in 2009.  In 2013, she launched and managed the first Martinique Contemporary Art Biennial (BIAC). Today, she tells us about preparations for the second BIAC Martinique.

Dominique Brebion: Could you present the BIAC, which you are currently preparing? What is on the programme for late 2023?

Johanna Auguiac: This will be the BIAC Martinique Revival 2023. After the first event in 2013, on the theme of the resonance of the literary cry in the visual arts, for the 100th anniversary of the birth of Aimé Césaire, the BIAC went into hibernation for ten years.

For this second event, the chosen theme is the fullness of life, inspired by Édouard Glissant’s remark, Nothing is true, everything is alive. We were already attracted by this theme after the first biennial, given the notions of climate injustice, of climate changes that were already perceptible in Martinique. Ten years later, it is as relevant as ever… We are in the Caribbean archipelago, faced with erosion, with Kepone and sargassum. At the same time, Martinique, Guadeloupe and French Guiana are major centres for biodiversity and ocean life. Currently, at UNESCO, the possibility of recognising Mount Pelée and the Carbet Mountains as part of intangible world heritage is being studied. The fullness of life in all its forms, from its vulnerability in the face of threats – climatic, social, economic – to the abundance of its biodiversity and talents, this is the theme of the biennial. Throughout the region it will bring art’s contribution to deep questions involving our future.

The curator has already been selected: Tumelo Mosaka, a native of South Africa, who has been living in the United States for some 30 years. He already took part in the first biennial as artistic curator for the international pavilion. Today, he is taking charge of the biennial as a whole, as the BIAC’s general and artistic curator. Tumelo has worked with a range of prestigious institutions, such as the Witte de With in Rotterdam, the Perez Art Museum in Miami, the Cape Town Art Fair and the Brooklyn Museum in New York. Among others, he produced the first major exhibition of Caribbean art, Infinite Islands, in 2007 at the Brooklyn Museum, showing the vast range of Afro-Caribbean creation, but also its market value internationally.

Tony Lewis. 112 • Never argue with police officers, and address them as “officer.” 2013. Poudre de graphite, clous & bandes de caoutchouc. Avec l’aimable permission de l’artiste

DB: How will the event be organised? 

JA: As part of a partnership agreement set up prior to the BIAC, it is scheduled from 20 October 2023 to the end of December. The partnership agreement includes exchange residences: Elvis Lopez’s Atelier 89 in Aruba will be hosting students from the Caribbean Campus of Arts who have graduated in the past five years. In exchange Martinique will be hosting artists from Curaçao. A second partnership with The Hub Collective will be working in the area of biodiversity.  As part of the partnership agreement the BIAC is developing initiatives in Sainte-Lucie, Aruba, Saint-Vincent and Les Grenadines. Exchange residences, above all. Our partners in the Caribbean are Atelier 89 in Aruba with the Caribbean Linked artists residence, The Hub Collective in Saint Vincent and Les Grenadines for cultural mediation, a music festival and shared management of a cultural institution focusing on the community, MétisGwa, which is specialised in the arts of the circus and the performing arts in Guadeloupe. The Martinique Territorial Authority, the project promoter, is backed by Interreg funding for the Caribbean partnership agreement.

In Martinique, the Regional Nature Park, the Caribbean Campus for the Arts, the Martinique Tourism Committee, the Abité association – heritage, design, architecture – and other associations and off-shoots dedicated to culture and art, are all associated with the event. 

There will also be live performance. My assistant director, Sarita Fanfant, is looking into the question with our local cultural players, as well as with Tropiques-Atrium, one of our main partners.

Alongside the international exhibition, there will also be encounters and talks at different organisations in the region. The way that contemporary art relates to our architectural and intangible heritage will be one of the focal points of the biennial.

Remed. Cyclope, femme grenouille et astronaute. Spray on wall Trois Ilets. BIAC 2013

DB: As partners, why did you decide not to choose Edna Manley College, the National Gallery in Jamaica, Alice Yard in Trinidad, Cuba or the Dominican Republic, which are seen as major centres in the Caribbean for the arts? 

JA: We wanted to mark the ten-year anniversary of the first biennial, so the preparation time is very short, just ten months. To keep things under control we chose only a limited number of partners. But the six-year duration of the mandate should enable us to organise three events, and we will be able to call on other partners. To acknowledge smaller islands with a very active cultural programme was also a deliberate decision.

BIAC 2013

DB: Given the scale of the programme, will you have a large enough team and above all a large enough technical team? 

JA: We have to take care of everything, and finding production companies that can manage an event like this will be one of our challenges. In our region we lack the specialists and professionals who are vital if such an event is to go smoothly. So innovative co-development and an upgrading of skills will be at the core of the event. Our deadlines are short, and we want a result with high quality and high standards. For example, our partnership with Bequia in Les Grenadines will play a part in the logistics for the festival. We need to adapt to technical specifics. I see it as a bit like a form of precious metalwork to be created.  Managing a project like this is a first for the Martinique Territorial Authority. It is a first for us to organise an event of this scope with Interreg funding in such a short space of time. It is a real challenge, so we need highly flexible and adaptable personalities, who are familiar with the realities on the ground, but with the international network, too, since a biennial also provides legitimacy. 

Charles Campbell. Transporteur 3 2011. Sérigraphie sur carton, attaches en métal. Avec l’aimable permission de l’artiste

DB: Since you mention the biennial as providing legitimacy, what are the main aims for the biennial? 

JA: The BIAC is a major phase in the future project that was recently voted by the Authority, namely, the creation of the America Caribbean Foundation for Contemporary Art (FACCA). The Foundation will probably have the status of a regional art foundation because of the kind of work it does. The Caribbean member countries will have a strategic role to play in this dedicated body, since the link with the Caribbean and the Americas is fundamental for us.  The idea is for the contemporary art foundation to be unmistakably linked to the Caribbean.

Kemang Wa Lehulere. Quand les mots ne pouvaient plus émouvoir. 2013. Craie, peinture acrylique sur bois. Avec l’aimable permission de l’artiste

DB: As part of the BIAC will there be initiatives aimed at specific audiences?

JA: Absolutely, with different visits linked to cultural mediation and an educational kit for primary and secondary schools.  We also want to develop cultural tourism. This is one of the essential aims of the BIAC.

BIAC 2013

DB: What strategy you have set up? 

JA: Packages for cruise participants… Tours of the north and south of the island. It is a chance to encourage people to visit our island through the perspective of art and creation for cruise visitors, raising awareness as soon as they come ashore.  We will also take into account a range of audiences, school groups, amateurs and professionals. We will be setting up Master Classes and courses. Especially for students from the Caribbean Campus for the Arts, one of our partners. All these partner venues will be organising encounters and debates, echoing and reflecting Guadeloupe. The partners will be launching small formats, hosting works and creation. 

BIAC 2013

DB: In this particular case will a selection of works be displayed in different venues? 

JA: This shows all the complexity of the project. There is the BIAC Martinique, taking place from October to December, for which the curator Tumelo Mosaka will select the venues and artists. Alongside the BIAC Martinique, the BIAC Network has developed. It will be working within the framework of the partnership agreement. The participants in the BIAC Network have also been chosen in line with the themes of the BIAC, biodiversity, care and cure, pharmacopoeia, etc. At the same time, the Authority has set up a Laboratory of Traditional Pharmacopoeia and Biodiversity (CTBiom) which will undertake and explore relations over the long term with the Hub Collective, for example. The idea is to bring about new and lasting ways of being together. 

Ines Tolentino Souffle, Saint – Pierre BIAC 2013

DB: Do the BIAC and the BIAC Network have the same calendar?

JA: Not exactly, the BIAC Network begins in February in Martinique and on associated islands. For example, The Positive Vibes Festival will be taking place in Bequia in March. Metisgwa will be coming to Martinique in February during the carnival because that seemed to us the right time to look at the theme of the fullness of life in our rites and our cultural practices through the arts of the circus. So, at about 4.30/5 pm, at the end of the vidé (carnival parade), when people are getting tired, we are planning to organise performances by Metisgwa at different sites in the town. While people are walking around, they will see a short show, a performance on a balcony, in front of a window, in a courtyard or between abandoned buildings. This is another way to look at the architecture in the city of Fort de France.

Marc Marie Joseph, Musée de la Canne, BIAC 2013

DB: How will the public be able to notice the correspondences between the BIAC and the BIAC Network? 

JA: They will be identified in all the activities we organise, and above and beyond that, the Master Classes, the courses, all the communications materials will highlight this point. We will train people in cultural mediation, in exhibition staging. At the Caribbean Campus for the Arts, there is not yet a course on scenography. We want to make the most of this event so that all the professions involved in a biennial can be taken into consideration, highlighted, known and understood by a specific audience, such as students, but also by the general public. We will be launching podcasts looking at the work of artists, curators and scenographers, in order to foster work in this area of the visual arts. There will also be Thought Workshops about the idea of policies and the fullness of life, like the ones organised by Felwine Sarr in Senegal. So, artists, whether they are taking part in the BIAC or not, can talk together in order to provide real quality and harmonisation for the BIAC. It is true, that this is a biennial aiming to legitimise our region in the field of international contemporary art, to give Martinique a place in geocultural tourism, to open the market to artists from the Caribbean.  A delegation consisting of critics from specialised publications, directors of museums, fairs and biennials, curators and collectors will be invited, among others. We will make the most of their visits to introduce them to artists from our island during visits to studios, helping to promote our artists overseas. Then, because of the short deadline, I would like to be able to make BIAC Martinique part of the network of biennials in the sector and show art lovers that they can begin in Martinique and then continue on to Art Basel Miami or Prospect Art in New Orleans, for example.

I am also looking into how we can associate Guadeloupe. I think that if we manage to come together in this direction, with Guadeloupe and Martinique, it will be a win-win situation. For the third biennial, I would have loved to have a BIAC Martinique – Guadeloupe. We could create a package tour in Martinique and Guadeloupe, so that the expression “sister islands” is no longer just verbal but that the islands are real sisters involved in a major event. This is what we would like to see for the third event.

Mary Evans. Souvenirs 2012. Papier & encre. Avec l’aimable permission de l’artiste & de la Tiwani Contemporary, Londres

DB: Will the guest artists be present during the event?

JA: Yes, most of them will be attending the event. The idea is to develop exchanges. I know that travelling between the islands is not very easy, it is a real headache to go to the neighbouring islands, but I hope the event will lead to direct lines being set up. 

DB: That’s right, at the moment, to go to Cuba or Curaçao, it takes almost 24 hours with three changes.

JA: We will see how it can work in this area. We will see if the airlines that are set up can carry on in a lasting way. This has been tried several times – ways to make ourselves and our neighbours more attractive, create human links, resources, discuss feedback on biodiversity, on cultural and artistic practices, on several different levels. This is one of the ways to see how Art can help foster relations. Of course, Art also conveys anguished cries about the state of our earth, but it is also by adding in hope that we can have the courage to transform ourselves. So, our idea at the CTM, is to be able to be active in ecological and energy transformation. These are all themes we are also working on with other departments of the CTM.

Remy Jungerman. Gardien Havane 2009. Technique Mixte. Avec l’aimable permission de l’artiste

DB: At the same time, in terms of logistics, with the exhibition, training, podcasts, partnerships, it’s massive… It’s an incredible challenge.

JA: It’s a real challenge. If we succeed, we will develop a real tool for development. When I say, we, I mean us the men and women of Martinique, we in the visual arts, we as a community, really in terms of the country, whether as cultural players or as technical participants. We have people who have skills. So, we will have to work together, achieve a technical level in the professions involved in a biennial and see how we can develop a production structure which, tomorrow, could be applied in Guadeloupe or in the other islands. We have ten months to raise awareness about cooperation: how should we go about it? How can we involve other players? Since this is not only about contemporary art, but all visual aspects, too. We are combining the carnival, the city, the architecture, the evening light… because walking in Fort-de-France at dusk is something else… It is one of the few Caribbean cities with a large amount of modernist architecture. It’s an attractive city, and we just need to give it the place it deserves.

We already have the experience of the first biennial. It gave rise to a great sense of hope, and I was often invited to talk about the project in different symposia, for example, in Edinburgh in 2016 as part of Momentum, and again in 2016, at the Perez Art Museum Miami or the Museum of Modern Art in New York. The first biennial took place in several different towns, Le Morne-Rouge for the International Pavilion, Fort-de-France, Saint-Pierre and Les Trois-Ilets hosted some 50 artists from over 20 countries and displayed almost 300 works to other 30,000 people. Wall paintings and installations on site have enhanced the urban fabric, while a number of exhibitions at the Schœlcher Library, at Tropiques Atrium, on La Pagerie estate provide a range of approaches to contemporary art. 

DB: Any concluding thoughts? 

JA: This is a great adventure, a challenge from many points of view, but I think that it is the right time, I think you always need to be daring. We have set the bar high, with the idea is that we will never stoop too low to achieve something that we will be – I don’t like the word “proud”, but I am going to use it here – that we will be proud of the event we are creating, which we will fine-tune in order to take control of our future.  We are a small island, a small territory, if the erosion and rise in the sea level continue, we could easily disappear… By organising these three biennales, people will be sorry to see us disappear… (Laughs). So it’s our way of continuing our emancipation and of conquering our place in the world.