Gerald Alexis

La communauté Atis Rezistans

L’art que propose Atis Rezistans est incontestablement un art du pays d’Haïti. S’il parait être en opposition avec la société haïtienne, il n’est certainement pas en dehors d’elle. Le problème qui cause souvent la controverse, se situe au niveau du rapport avec le public spectateur qui a pour rôle de justifier cet art, de lui donner un sens, de le faire exister. Quelle est donc la situation de cette communauté d’artistes ?

Ces artistes, évoluant dans le climat de recyclage et de survie d’un quartier de la Grand-rue de Port-au-Prince, étaient vus par le public comme des bricoleurs[1]. Pouvaient-ils alors, du jour au lendemain, devenir des artistes? Pour définir ce mouvement on l’a présenté sous le label art contemporain qui veut simplement dire actuel mais qui est une expression parapluie sous laquelle se regroupent l’interdisciplinaire et aussi un refus de toute discipline. Le public alors se sent incompétent et son Ce n’est pas pour moi prend alors la forme d’un rejet.

Jean Hérard Celeur
Triptyque, 2006
fil de fer, corde, crânes humains, câbles électriques
Dimensions approximative: 129,54 × 45,72 × 88,9 cm (51 × 18 × 35 pc.)
Collection Fowler Museum at UCLA
Musée de la civilisation de Québec, photographe : Jessy Bernier – Perspective Photo

Ces artistes, pour avoir une certaine reconnaissance, se sont fédérés puis ont créé la Ghetto Biennale en 2009. André Eugène (n.1959), cofondateurs d’Atis Rezistans, précisait : « la Ghetto Biennale représente un changement positif dans mon quartier, elle nous donne une chance de montrer un autre visage de la vie dans les ghettos de Port-au-Prince. Je pense que nous avons beaucoup à offrir et beaucoup à apprendre[2]». Il définissait ainsi les productions du groupe comme étant un art communautaire reliant l’individu et son processus de création/diffusion au contexte social et à sa transformation.

La Ghetto Biennale a voulu permettre aux artistes de la Grand’rue d’atteindre un marché international avec la possibilité de vendre leur travail. L’artiste Mario Benjamin (n. 1964), l’un des instigateurs du mouvement Atis Rezistans, justifiait ainsi ce besoin légitime : « La création des pièces de ces messieurs a un coût. Et ils font aussi un travail de sculpteur dans un sens plus traditionnel du terme. Ils travaillent par exemple des bois sur lesquels ils greffent d’autres objets[3]». Mais s’il est vrai que de nombreuses participations à des expositions internationales ont donné au groupe une notoriété considérable, l’allègement financier espéré n’a pas atteint le niveau attendu. Celeur Jean Hérard (n. 1966), lui aussi fondateur d’Atis Rezistans, a dit : « Bien que je ne puisse pas vivre de mon art, je me sens heureux. Mon œuvre est admirée et à cause de cela, je supporte toutes les privations[4]».

Jean Hérard Celeur
Sans titre, avant 2009
Métal; os; tissus
Dimensions maximales: 198,12 × 71,12 × 38,1 cm (78 × 28 × 15 pc.)
Collection de l’artiste
Musée de la civilisation de Québec, photographe : Jessy Bernier – Perspective Photo

Venant de l’extérieur, les opinons sur les créations du groupe, alimentant les blogs et les pages de revues spécialisées, sont essentiellement des constatations et rarement des jugements esthétiques. Beaucoup s’attardent sur les oppositions entre les mots Ghetto et Biennale. Si l’expérience offerte par la Biennale a permis de voir des œuvres, elle a surtout fait voir tout ce qu’il y a autour, autant de détails qui ne sont pas seulement artistiques. L’étranger, on l’a vu dans le passé, étant particulièrement attirée par l’exotique, l’étrange, des commentaires insistent sur l’aspect vodou de certaines œuvres. Voilà pourquoi ces opinions n’ont pas combattu, mais ont plutôt réaffirmé, les stéréotypes contre Haïti. On comprend, dès lors, pourquoi l’Haïtien s’inquiète du fait que la Ghetto Biennale soit vue comme une forme de tourisme de pauvreté d’autant plus que l’espace de cette manifestation devait être un espace chaotique, amorphe et désinstitutionnalisé comme défini sur le site officiel de l’évènement[5].

Si le milieu ambiant, d’une extrême pauvreté matérielle, peut-être la source d’inspiration des Atis Rezistans, cela n’empêche pas que, comme l’a dit plus haut André Eugène, il ne puisse pas être à la base d’une démarche vers le changement. C’est dans ce sens que l’auteur haïtien Gary Victor a fait dire à un de ses personnages : « Les débris doivent devenir une porte d’entrée dans les quartiers pour qu’on puisse y changer les conditions de vie[6]».

Frantz Jacques dit Guyodo
Sans Titre
Matériaux Bois, métaux divers, tissus
Dimensions variables
Collection de l’artiste
Centre d’art (Maison Dufort, Port-au-Prince) Photographe Claude Bernard Serant

 

Frantz Jacques dit Guyodo
Sans Titre
Bois et métaux divers
Dimensions variables
Collection Reynald Lally
PÒTOPRENS: The Urban Artists of Port-au-Prince, Miami FL. 2019, Photographe Reynald Lally

 

Une appréciation juste des œuvres haïtiennes de la Biennale ne peut pas se faire selon les critères auxquels l’Haïtien est habitué. Si non, le visiteur n’y verrait qu’un ensemble de débris entassés, des débris transformés en assemblages auxquels il faut donner une nouvelle valeur.  Ces œuvres se présentent comme un ensemble de produits esthétiquement ou poétiquement inconvenants, un défilé de signes tragiques, tourmentés, parfois hilares, qui constituent un discours à plusieurs voix insoumises. C’est en vérité une utilisation de la réalité la plus élémentaire par des êtres qui, dans la cohue de ces quartiers, ont dans la tête une profusion de pensées, de fantasmes, d’images et de mots. Le tout prend alors une allure provocatrice, celle d’un geste ou un ensemble de gestes de protestation. Opinant devant ces sculptures, Emmelie Prophète a écrit : « Elles peuvent faire peur, elles doivent faire peur, parce qu’elles traduisent tout un mode de vie, toute une façon d’être et expriment des manques et des désespoirs que nous connaissons tous et toutes[7] .»   Il y aurait donc dans le groupe d’Atis Rezistans une volonté d’établir un lien entre l’art et la vie : la vie de tous les Haïtiens.

On trouve dans ces sculptures des corps archétypaux desquels peut dériver l’imagination. De telles images ne sort que ce que nous y mettons et donc des interprétations diverses.   Ainsi peut-on y trouver, entre autres, un jeu entre l’esthétique et le pornographique. Le phallus étant une référence à la sexualité peut provoquer, mais aussi surprendre. Pour justifier la présence marquée de membres virils en érection, Eugène a répondu : «c’est signe de vie, de puissance et de présence[8]

André Eugène
Sans titre
Tôle, métaux divers, bois
Dimensions approximatives 32 pc X 17pc X 15cp
Collection Georges Nader fils
Biennale de Venise 2012 – Photographe, Jean Marc Leger

André Eugène
Sans Titre
Métaux divers, bois, poupée
Dimensions approximatives 32 pc X 17pc X 15cp
Collection Georges Nader fils
Biennale de Venise 2012 – Photographe, Jean Marc Leger

Certains spécialistes avancent que les corps archétypaux dégagent souvent l’idée de puissance, surtout quand les choses vont mal, quand il apparaît nécessaire d’opérer un changement, quand d’être face à la réalité est épuisant, inquiétant. De telles conditions existent à n’en point douter dans le Ghetto. Mais en allant plus loin, comment peut-on ne pas lier les phallus que brandissent ces corps à l’attribut principal du loa Guédé[9]. En effet, si l’on considère que la suggestion de l’acte sexuel de la danse banda[10] est une manière de transcender la mort en créant la vie ne pourrait-on pas imaginer que l’ironie qui se dégage de ces corps archétypaux serait une manière d’exorciser une grande peur collective : la peur de la mort, la peur d’une destruction qui, au-delà de l’individu, intéresse toute la société ? Ceci apparaît d’autant plus plausible que de telles sculptures trônent au cœur de cette ville-capitale dévastée par le séisme de 2010.

Ce malaise a persisté et non sans raison puisque dix ans après, dans la nuit du 29 février 2020, un incendie a détruit 19 ateliers d’artisans, 2 ateliers d’artistes et 12 foyers laissant des acteurs importants de la communauté artistique de la Grand-rue sans domicile ni moyens de production pour assurer le maintien de leur pratique artistique, de leur activité économique et la prise en charge de leur famille.

Gérald Alexis

[1] – Selon Philosophie magazine, le bricoleur est celui qui « se livre à des travaux manuels » et par extension « installe quelque chose en amateur et avec ingéniosité ». Toutefois, dans La pensée sauvage (1962), Claude Lévi-Strauss note une différence avec l’artisan en précisant que le bricoleur travaille avec les matériaux disponibles ce qui serait le cas du groupe de la Grand-rue.

[2] – André Eugène cité dans Ghetto Biennale en Haïti :  Un salon des refusés du 21ème siècle: http://guadeloupe.coconews.com/actualite-guadeloupe/ghetto-biennale-en-haiti-un-salon-des-refuses-du-21eme-siecle.html, 9 juin 2009.

[3] –  Mario Benjamin, dans La Célébration de la Vie, Le Nouvelliste, Haïti, le 2 juillet 2008.

[4]–  cité par Lena Inurreita Rodroguez dans La Grand-rue de los artistas haitianos, Anales del Caribe, La Havane, Casa de las Americas, 2007, p. 182

[5] – Voir le site officiel http://ghettobiennale.org/

[6] – Gary Victor, Collier de débris, Montréal, Mémoire d’encrier, 2013, p. 19.

[7] –  Emmelie Prophète, Éloge de l’Underground, Le Nouvelliste, Port-au-Prince, 14 décembre 2011.

[8] –  Gaëlle Bien-Aimé, Les Ghettos récupèrent l’art. Le Nouvelliste, Port-au-Prince, 22 décembre 2011

[9] – Dans le Vodou haïtien, la famille des Guédés sont liés à la mort.

[10]– Danse érotique mimant la copulation qu’exécute le vodouisant possédé de l’esprit Guédé.

BIOGRAPHIE

Né à Port-au-Prince, Haïti, Gérald Alexis a obtenu une maîtrise en histoire de l’art de l‘Université du Texas à Austin avec une spécialité en art contemporain des Caraïbes et de l’Amérique Latine. Sa thèse portait sur l’art cubain en exil. Il est l’auteur de Peintres haïtiens et Artistes haïtiens, deux ouvrages édités par le Cercle d’Art, Paris et de plusieurs monographies. Il a contribué à de nombreux périodiques et à des catalogues d’expositions. Il a été directeur du Musée du Panthéon National Haïtien et du Musée d’Art Haïtien du Collège St. Pierre. Il a été commissaire d’expositions locales et internationales en France, en Finlande, en Belgique, aux États Unis, au Venezuela et au Brésil. Conférencier, il a été invité à de nombreuses universités, musées et institutions artistiques à travers le monde. Il vit actuellement au Québec et est membre de l’Institut Canadien du Québec, de l’ICOM et de l’AICA sc.

Gerald Alexis

The Atis Rezistans community

During the 1940’s and 50’s, in debates around Haitian art, the question of authenticity was central. Foreign critics supported the idea that only self-taught artists were authentic for they were free from foreign influences. Times have changed and the evaluation of works produced by the group of self-taught artists, known as Atis Rezistans, no longer centers on their authenticity but rather on their connection to contemporary art movements. The debate thus became more complicated and confusing for the Haitian public because, at the end of the day, they are the ones who must justify this art, give it meaning and make it subsist. So, what is today the situation of the Atis Rezistans community?

The movement emerged from an area of Port-au-Prince, south of “Grand-Rue” (Main Street), a section devoid of important businesses and boutiques and where artisans, in poorly equipped workshops, survive by tinkering, by recycling scraps to make everyday objects.

The question was then: How could these handymen[i] become artists overnight? Defining his new activity as a contemporary art movement created some concern because, on the one hand, it simply suggests “current art”, and on the other, it is an expression under which is grouped the interdisciplinary as well as a rebuttal of any discipline. The Haitian public, having to live with this art, then felt confused and, not identifying with it, simply chose to reject it.

Jean Hérard Celeur
Triptyque, 2006
fil de fer, corde, crânes humains, câbles électriques
Dimensions approximative: 129,54 × 45,72 × 88,9 cm (51 × 18 × 35 pc.)
Collection Fowler Museum at UCLA
Musée de la civilisation de Québec, photographe : Jessy Bernier – Perspective Photo

In order to get recognition, the artists of Grand-Rue (Main Street) federated under the name Atis Rezistans and then created the Ghetto Biennale. André Eugène (b.1959), co-founder of the movement, specified: “the Ghetto Biennale represents a positive change in my neighborhood, it gives us a chance to show another side of life in the ghettos of Port-au-Prince. I think we have a lot to offer and a lot to learn”[2]. In his statement, he defined the group’s productions as being the result of community efforts, thus placing the individuals and their creative processes in a social context for a possible transformation of the community.

The Ghetto Biennale’s real objective was to allow the artists of the group to reach an international market, with the possibility of selling their works. Mario Benjamin, (b. 1964) a renowned artist, and one of the instigators of the Atis Rezistans movement, came to their defense in an interview. He insisted on the fact that just like any other work of art, those created through a recycling process also have a cost. Further, some of them incorporate traditional sculptures made from wood that must be purchased[3]. But while it is true that numerous participations in international exhibitions have given the group considerable notoriety, the hope for relief has not reached the anticipated level. Celeur Jean Hérard (b. 1966), co-founder of Atis Rezistans, declared: “Although I cannot live off my art, I feel happy. My work is admired and because of that, I endure all the hardships”[4].

Jean Hérard Celeur
Sans titre, avant 2009
Métal; os; tissus
Dimensions maximales: 198,12 × 71,12 × 38,1 cm (78 × 28 × 15 pc.)
Collection de l’artiste
Musée de la civilisation de Québec, photographe : Jessy Bernier – Perspective Photo

Opinions from foreign critics and participants at the Biennale are mostly published in blogs and certain specialized magazines. These comments are essentially observations of the event and they rarely carry aesthetic judgments. Some dwell on the oppositions between the words Ghetto and Biennale. If the experience offered by the Biennale brings viewers to these artistic productions, it may also bring about a heightened awareness of the environment in Haïti with a multitude of details on everyday life that are not necessarily artistic.

As we have seen in the past, foreign visitors display a particular appreciation for the exotic, the strange, with their comments often focused on voodoo references in many of the works. That is why such opinions served to reaffirm the stereotypes associated with Haitian art instead of arguing against them. Because of that, one can understand the reaction of Haitians concerned by the fact that the Ghetto Biennale could become a form of poverty tourism, especially since the area chosen to hold the event is “a chaotic, amorphous and deinstitutionalized space” as defined on the event’s official website[4].

If the surrounding environment of extreme material poverty can indeed be considered as a source of inspiration for Atis Rezistans, the biennale could well be, as suggested previously by André Eugène, a vector of change in the community. With this idea in mind, prolific Haitian author Gary Victor had a character in one of his novels affirm that: “Debris must become a gateway to neighborhoods so that living conditions can be changed.”[5]

Frantz Jacques dit Guyodo
Sans Titre
Matériaux Bois, métaux divers, tissus
Dimensions variables
Collection de l’artiste
Centre d’art (Maison Dufort, Port-au-Prince) Photographe Claude Bernard Serant
Frantz Jacques dit Guyodo
Sans Titre
Bois et métaux divers
Dimensions variables
Collection Reynald Lally
PÒTOPRENS: The Urban Artists of Port-au-Prince, Miami FL. 2019, Photographe Reynald Lally

A fair appreciation of the Atis Rezistans works presented at the various editions of the Biennale must be based on criteria different from those the Haitian public is accustomed to. Otherwise local visitors will only see a collection of piled up debris, rubble assembled to make constructions to which they are expected to give some value. The exhibition then becomes a group of aesthetically or poetically unseemly products, a parade of tragic, tormented and sometimes hilarious elements, which constitute a discourse made up of several rebellious voices.

Indeed, they are expressions of the straightforward reality of human beings who, in the bustle of these neighborhoods, nurture a profusion of thoughts, fantasies, images and words. Everything then takes on a provocative appearance, that of a sign or a series of signs of protest. Giving of her appreciation of the sculptures exhibited, a Haitian literary figure, Emmelie Prophete wrote: “They can be frightening, they must be frightening, because they express a whole way of life, a whole way of being, and tell of the needs and despair that we all know.”[6] In a way, she suggests that the Atis Rezistans movement is an attempt to establish a link between art and life, life beyond the community itself, life of all Haitians.

These sculptures contain archetypal bodies from which our imagination can derive. They can be interpreted in many ways and so we will only perceive what ever sense we make of them. For instance, we can get the impression that there exists a play between the aesthetic and the pornographic. The phallus being a reference to sexuality can provoke, or startle. To justify the flagrant presence of erect male organs, Eugene says: “It is a sign of life, of power and of presence.”[7]

André Eugène
Sans titre
Tôle, métaux divers, bois
Dimensions approximatives 32 pc X 17pc X 15cp
Collection Georges Nader fils
Biennale de Venise 2012 – Photographe, Jean Marc Leger
André Eugène
Sans Titre
Métaux divers, bois, poupée
Dimensions approximatives 32 pc X 17pc X 15cp
Collection Georges Nader fils
Biennale de Venise 2012 – Photographe, Jean Marc Leger

Experts argue that archetypal bodies propose the idea of ​​power, especially when things are going badly, when change appears to be an obligation, when facing reality is strenuous, worrisome. Such conditions undoubtedly exist in the Ghetto. But going further, how can we not associate the phalluses that these bodies show off with the main attribute of the loa Guédé[8]. Indeed, if we consider that, as suggested in the Banda dance[9], mating is a way of transcending death by creating life, we can, by extension, imagine that the irony that emerges from these archetypal bodies could be a way of exorcising a great collective fear: the fear of death, the fear of destruction which, beyond the individual, concerns the whole of society. This seems even more plausible since such sculptures stand in the heart of this capital city devastated by the 2010 earthquake.

This malaise has persisted and not without reason. After the last ten years it remains strong. On the night of February 29, 2020, a fire destroyed 19 workshops, 2 artist studios and 12 homes, leaving important participants in the artistic community of “Grand-Rue” without home or means of production that would ensure the maintenance of their artistic practice, their economic activities, and the support of their family.

Gérald Alexis

[1] – A handyman, by definition, is someone who “engages in manual work” and by extension “installs something as an amateur and with ingenuity”. However, in La Pensée Sauvage (1962), Claude Lévi-Strauss notes a difference with the handyman and the craftsman, specifying that the handyman works with the materials available, which would be the case with the Grand-Rue group.

[2] – Eugène, André in Ghetto Biennale en Haïti :  Un salon des refusés du 21ème siècle: http://guadeloupe.coconews.com/actualite-guadeloupe/ghetto-biennale-en-haiti-un-salon-des-refuses-du-21eme-siecle.html, June 9, 2009.

[3] – Benjamin, Mario dans La Célébration de la Vie, Le Nouvelliste, Haiti, July 2, 2008.

[4] – quoted by Lena Inurreita Rodroguez in La Grand-rue de los artistas haitianos, Anales del Caribe, Havana, Casa de las Americas, 2007, p. 182

[4] – See the official website of the event http://ghettobiennale.org/

[5] – Victor, Gary in Collier de débris, Mémoire d’encrier, Montreal, 2013, p. 19.

[6] – Prophète, Emmelie, in Éloge de l’Underground, Le Nouvelliste, Port-au-Prince, December 14, 2011.

[7] – Bien-Aimé, Gaële in Les Ghettos récupèrent l’art, Le Nouvelliste, Port-au-Prince, December22, 2011

[8] – Guédé is a family of loas that reign over the world death.  Baron Samedi is the maser of cemeteries.

[9] – Banda is an erotic dance mimicking copulation performed by voodooists possessed  by Guédé.

BIOGRAPHIE

Né à Port-au-Prince, Haïti, Gérald Alexis a obtenu une maîtrise en histoire de l’art de l‘Université du Texas à Austin avec une spécialité en art contemporain des Caraïbes et de l’Amérique Latine. Sa thèse portait sur l’art cubain en exil. Il est l’auteur de Peintres haïtiens et Artistes haïtiens, deux ouvrages édités par le Cercle d’Art, Paris et de plusieurs monographies. Il a contribué à de nombreux périodiques et à des catalogues d’expositions. Il a été directeur du Musée du Panthéon National Haïtien et du Musée d’Art Haïtien du Collège St. Pierre. Il a été commissaire d’expositions locales et internationales en France, en Finlande, en Belgique, aux États Unis, au Venezuela et au Brésil. Conférencier, il a été invité à de nombreuses universités, musées et institutions artistiques à travers le monde. Il vit actuellement au Québec et est membre de l’Institut Canadien du Québec, de l’ICOM et de l’AICA sc.